La Mort c'est l'arrêt du coeur, l'Amour c'est la raie du cul ! - Ft Ivy

Danser. Encore et encore. Tournoyer, voleter, sauter, improviser, onduler des hanches dans un mouvement aussi sexy que possible, vivre, se sentir vivre, être vivante, rien ne pouvait mieux l’aider pour exorciser ses démons. Les cheveux volant dans tous les sens en accompagnant chacun de ses mouvements, retombant avec fore dans son dos, gracieuse et pourtant quelque chose dans son allure imposait le respect que l’on doit à des danseuses qui font d’abord passer leurs émotions dans leur danse pour pouvoir mieux interpréter la musique qui résonne dans leurs oreilles. Ivy fait partie de ce genre de personne, elle interprète la musique, elle donne ce qu’elle peut donner. La danseuse prouve alors qu’elle se sent en vie, fière de ce qu’elle devenue et pourquoi elle l’est devenue. Un million e choses lui traverse la tête alors qu’elle effectue les derniers pas d’une danse endiablée dont la sueur sur son front prouve l’intensité. La musique se fait plus basse, elle s’efface, Ivy tourne encore une fois, puis une deuxième, la chorégraphie s’achève et enfin elle rouvre les yeux pour observer la petite troupe autour d’elle. Un fin sourire étire ses lèvres tandis que deux de ses amies l’observent encore avec de grands yeux ronds face à l’interprétation dont elle venait de faire part. « J’ai encore dépasser les bornes, c’est ça ? » Dit-elle en reprenant doucement son souffle, la respiration saccadée de la rousse s’entendant largement dans le peu de parole qu’elle venait de prononcer. Une petite blonde s’avança vers elle en lui prenant les mains en secouant vivement la tête pour lui signifier que non. « C’était … Waou ! » Ivy se mit à rire, se dirigeant vers le côté de la salle pour récupérer une serviette et s’éponger le visage. « Dit, Ivy, tu n’as jamais pensé à devenir prof de danse au lieu de venir ici ? » La question la fait sourire, si, elle y avait pensé de nombreuses fois. Mais comment ouvrir une école de danse alors qu’elle n’a même pas les moyens de payer toutes les factures à la maison et que sa mère continue de dépenser les maigres économies qu’elle tente de lui cacher chaque mois ?

Elle hausse les épaules, donne un sourire compatissant, son regard trainant sur la fine musculature de cette petite blonde avec qui elle s’entend bien. « J’ai pas les moyens, c’est toujours une histoire de fric. » Qu’elle rétorque en se voulant douce mais le timbre de sa voix claqua comme un fouet. Elle marquait encore une fois les problèmes qui l’entourent, le fric, l’argent, la monnaie commune du monde … Si seulement les gens pouvaient être reconnu par leur talent et non par la somme d’argent qu’ils trainent derrière eux. « Et puis, tu voix quelqu’un venir toquer à la porte d’une ancienne escorte pour apprendre à danser ? » Qu’elle ajoute froidement, frottant la serviette dans la nuque et la racine de ses cheveux humide par la transpiration. Ses yeux se portèrent sur la blonde pour lui sourire malgré tout. « Je suis désolée, je ne voulais pas te blesser … » Ivy lui fit un signe de la main pour lui montrer que c’était déjà oublier. « T’es pas la première ni la dernière à me le demander, je suis jamais préparée à la réponse, c’est tout. » Qu’elle avoue avant de faire signe aux filles de se mettre en place, si elles veulent danser sur les barres de pole dance telles des déesses il y avait encore du boulot et elle adorait les entrainer.

La motarde avait pris une douche rapidement, enfiler une tenue digne d’une soirée entre fille, une blouse ample et blanche, très fluide, un pantalon de cuir qui lui fait un cul mortel et son blouson de cuir favoris lorsqu’elle enfile son casque de moto pour prendre la route du bar où elle doit retrouver Anne. Elle avait terriblement besoin de cette échappatoire, elle avait besoin de retrouver une amie, besoin de s’échapper encore un moment des histoires de frics perdus de sa mère et des factures à payer en plus des dettes à rembourser sous menace de mort de sa famille. Puis, encore cette histoire de danse, cette histoire d’école de danse plus particulièrement. Elle en rêve encore quelques fois mais la réalité se charge bien souvent de venir la frapper comme un bon poing dans le ventre et elle efface l’idée aussitôt qu’elle émerge.
En entrant dans le bar, elle sent encore une fois le poids des regards masculins se poser sur sa silhouette mais elle les ignore tous, un seul la fait briller en ce moment et ce n’est pas l’allure des badauds du coin qui allait pouvoir la charmer. Non. L’Italien est encore trop présent dans sa tête. Il était temps de faire étouffer toutes ses pensées, par chance, elle put observer que Anne semblait dans la même optique ave une première pinte de bière devant elle. « Tiens, tiens, tu oses commencer la soirée sans moi ?! » Qu’elle râle en prenant son amie dans ses bras. Elle se dirigea rapidement vers le bar pour demander à ce que son casque de moto soit garder derrière et commander une bière à son tour. « Bon, t’as bu combien de bière avant que je ne débarque ? On dirait qu’une putain de fée t’as saupoudré de poussière pour te coller un sourire hypocrite sur le visage ! » Qu’elle met aussitôt les pieds dans le plat, connaissant son amie. Sa bière arriva et elle fit signe à Anne de prendre place sur une petite table libre avant que la foule n’en prenne possession. « Pas que je n’ai pas envie de faire la fête mais … j’aime bien savoir ce qu’on doit oublier avant ! » Qu’elle plaisante en prenant une gorgée du liquide ambré. « C’est une histoire de mec ? » Qu’elle demande sans aucune gêne, si c’était une histoire de mec ce serait facile à régler. Quelques bières, quelques danses, quelques photos pour rendre jaloux sur les réseaux et le tour était joué.

Elle avait juste envie d’oublier cette dernière entrevue avec les filles du groupe, elle voulait effacer de sa mémoire le fait qu’elle rembourse des dettes, encore et encore, créés pour des raisons débiles, à cause d’une débile, qu’elle payait les études d’une petite sœur pour qui elle ferait n’importe quoi au monde pour qu’elle tienne encore un peu plus longtemps dans le monde des universités. La motarde se jurait encore et encore que sa sœur aurait un avenir brillant, elle a toujours su qu’elle était intelligente, qu’elle devait faire des études, qu’elle percerait dans un milieu qu’elle aime par dessus tout et qui la passionne. Un monde que leur mère n’aurait jamais pu lui offrir, un truc qu’elle ne se serait jamais pardonné si sa petite sœur, si Maddy avait dû faire le même genre de chose qu’elle aujourd’hui. Non, elle n’aurait jamais à faire ce que leur mère aurait dû faire pour ses filles. Nul doute sur le sujet. Alors c’est en voyant son amie dans ce bar, déjà un verre dans la main qu’elle se dit qu’elle allait oublier, qu’elle allait oublier parce qu’il y a bien un souci chez son amie, qu’elle est aussi tracassée qu’elle par une autre histoire et qu’une fois réunies dans la folie embuée de l’alcool elles seront capables d’éclater la bulle pour se sentir un peu mieux, quelques secondes, quelques minutes, quelques heures avant que la gueule de bois ne les prenne de court. Au moins, elles auront envoyé balader leurs problèmes de l’autre côté de la planète, être intouchable le temps d’une soirée. Elle ne relève pas les commentaires d’Anne, se contentant de rire à ses remarques, elle ne la croit pas un seul instant lorsqu’elle dit avoir été sage, mais peu importe, était-elle sage elle-même ? Non. Ivy était bien mal placé pour faire la morale à qui que ce soit. « J’adore ton placard, d’ailleurs j’ai placé un plaid sur le sol pour pas y avoir trop froid quand je t’espionne la nuit ! » Qu’elle continue à plaisanter, sentant que cette histoire de mec n’est pas si simple finalement, que quelque chose de plus profond se cache dessous.

Et la danseuse avait vu juste, Anne, tourmentée par le passé d’un homme parti comme si de rien n’était après une relation sérieuse, avait une belle peine de cœur à réparer ce soir. « Justement, peut-être qu’il a voulu rattraper un peu son image avec la photo d’une gonzesse un peu mieux habillée, t’as la photo ici ? » Qu’elle demande innocemment, sachant parfaitement que la dernière chose à faire serait de mettre en valeur cette pouf mais bien plus simple de la descendre en flèche en la critiquant de tous les côtés et en lui trouvant tous les défauts du monde. On est toujours plus inspiré quand une photo se trouve sous notre nez. « C’est peut-être parce qu’il a beaucoup compté pour toi que tu réagis de cette manière. Et nous sommes ici pour oublié que nous sommes deux nanas bourrés de charme dans un monde de merde, incapable de comprendre à quel point nous sommes merveilleuses ! » Anne termina son verre d’un trait, sous le regard amusé d’Ivy qui se mit à rire. « Ma fille, à cette vitesse tu vas finir à 4 pattes plus rapidement que prévu ! » Sous entendu compris, Ivy fit un signe à Anne de jeter un coup d’œil à la clientèle masculine dans le bar, pas trop mal, plutôt sympa et beau à regarder. Le truc parfait dont on se sert uniquement pour la soirée. Les bières en main, trinquant à cette soirée de folie s’annonçant pour oublier, Ivy savoura la première gorgée du liquide ambré avant de faire la grimace, non elle n’avait pas envie de parler de ses problèmes mais … Mais cette blonde lui faisant face était son amie, et ça changeait tout. « J’ai encore eu droit à des demandes sur le pourquoi du comment je ne suis pas prof de danse. » Elle prit une longue gorgée de bière avant de plonger ses yeux dans ceux d’Anne. « Sérieux, j’ai pas un CV terrible, et si je commence par dire que je danse pour arrondir mes mois dans une sorte de maison close, ça va pas le faire ! Et c’est pas mon ancien alcoolique de patron qui me fera ça … » La motarde pousse un soupir, boit encore une gorgée, un peu trop vite d’ailleurs, repose la pinte devant elle et continue. « J’en ai plein le cul de cette histoire de fric. Et si on faisait en sorte d’oublier nos histoires ce soir ? Du genre, t’oublie que ce connard se comporte comme un abruti et j’oublie l’école de danse ! » Ivy releva son verre de bière pour trinquer encore une fois, comme pour recommencer la soirée de zéro. « A l’oubli ! » Qu’elle rigole, tentant de reprendre la note légère qui l’avait accompagnée en voyant Anne en entrant dans le bar.