Le souvenir est l’un des alliés les plus indispensables de la volupté. ❅ Harlan&Ellana

« Monsieur Sterling, pardonnez-moi de vous déranger. Je voulais vous prévenir de votre invitation de ce soir chez Monsieur et Madame McGregor pour l’anniversaire de Mademoiselle McGregor.. » Quand sa secrétaire lui remis cette invitation, Harlan lui jeta un regard désabusé, se demandant si c’était son nouveau passe-temps que de l’informer des événements, le jour-même. « Vous l’avez reçu, aujourd’hui ?! » Sa voix, laissait entrevoir les sombres orages qui s’amoncelaient autour d’elle, signe que le plus grand n’était, absolument pas, satisfait de la façon dont les choses se déroulaient. S’il y avait bien une chose qu’Harlan détestait, c’est qu’on le prévienne au dernier moment. « N-Non, ça fait déjà une semaine. Vous m’avez dit que vous iriez… Je … » Sa secrétaire s’empourpra de plus belle, la gêne l’empêchant de parler plus. « Vraiment ? » Il était peu convaincu, ce n’était pas la première fois que sa secrétaire oubliait de le prévenir. Et là, ça aurait dû lui faire tilt. Bon sang, il n’avait pu oublier l’anniversaire de son amie la plus chère : June. Il était débordé c’est vrai, pas amnésique. « J’aurais oublié l’anniversaire de June !? » Le second avertissement fut lancé et probablement, la pauvre malheureuse défaillait complément. Cependant, ce ne fut pas le cas. Elle rétorqua. « Ce n’est pas June. C’est écrit Ellana et je… » Il comprit assez vite pourquoi il ne s’en rappelait plus. « C’est bon ! Vous pouvez y aller. » Coupa-t-il d’une voix impatiente, plus agacé qu’autre chose. Certainement l’avait-il mis de côté, en espérant décliner, mais hélas, il avait oublié de décommander. Et la fin de journée était là, il ne pouvait plus se désister sans que ses hôtes soient outrés. Puis ce n’était pas n’importe qui. C’était la petite sœur de June, et ça restait quand même une personne proche de son amie. Bien sûr, il ne comprenait une telle invitation de la part de ses ex-beaux parents. Après tout, il avait été fiancé à June, fut-un temps, et ils avaient œuvré, tous deux, dans la destruction de ces noces futures. Ils avaient gagné mais il n’avait pas souvenir d’être en bon terme avec les parents de June. Au contraire, son père s’entendait bien avec le sien. Mais de là, à l’inviter lui…
Il était… perplexe.

Il appela Oliver afin de vérifier si lui aussi avait reçu une invitation pour cet anniversaire. Mais non, l’invitation le concernait lui, et lui seul. Ce qui rendait la chose encore plus curieuse. Pourquoi était-il invité par les parents de June pour l’anniversaire de la cadette ?
De toute façon, il ne pouvait plus reculer, il devait se rendre à cette réception et voir par lui-même.

Il continua à travailler pendant un bon moment et puis, vers les 18h30 passées, il passa chez lui, afin de prendre une douche rapide et se changer. Ainsi, apprêté, il se rendit au manoir des McGregor ou bon nombre de voitures étaient déjà garées. La soirée allait commencer. Et il entra dans le lieu de réception, assez fier et hautain, si éloigné de tout et arrogant au possible. Il régnait cette vieille rivalité à celui qui aurait le plus gros compte en banque et la meilleure situation. Ce qui n’était pas au goût de tout le monde, mais Harlan lui, s’y plaisait. Il alla saluer les McGregor et si Madame lui adressa un accueil chaleureux. Ce ne fut rien de tel avec le père. Son sourire était un peu crispé, et la poignée de main se révéla être très serrée. « J’ai souvent demandé de vos nouvelles à June. Nous sommes restés très proches. »
Mais pas comme tu le voulais, hein p’tit papi ? Qu’il pensa intérieurement tout en adressant un sourire éclatant au patriarche. C’est qu’il savait manier ses charmes à sa guise, et si la mère en parut flattée, son hôte masculin eut un grand mal à réfréner tout mécontentement. « Nous sommes ravis que vous vous entendiez bien. » Répondit Madame McGregor de façon élégante. Il avait touché un point sensible sur ces fameuses noces avortées. Effectivement, ça avait été un mariage si attendu, tellement planifié en tout genre que leurs parents avaient mal vécu cette annulation. D’autant plus que les faire parts avaient été envoyés. La déconvenue n’avait pas été aussi cuisante qu’avec leur fils héritier mais voila, il était monnaie courante que rien ne se passe comme ils le voulaient.
Il prit congé d’eux, et alla saluer, un directeur d’une banque qu’il connaissait de nom. La conversation fut brève et polie, et voilà qu’Harlan s’ennuyait, éprouvant déjà le besoin de fuir. Mais il ne pouvait encore le faire, se contentant de parler peu, jusqu’à ce qu’il repéra Ellana. Il alla aussitôt dans sa direction, lui souriant quand elle prit la parole. Tout de suite, l’invitation fut plus claire. Non pas que ça venait d’Ellana mais bien de pourquoi ses parents l’avait invité. Étrange après tout. « Je n’ai pas échappé au mariage avec une McGregor pour en épouser une autre, aussi jolie fut-elle. » Il lui adressa un sourire éclatant et baissant d’un ton, l’entraînant dans le murmure de la confidence. « Et ton père n’a rien dit. Je crois qu’il devra même aller voir un dentiste tant il a gardé les dents serrées. » Pouffant légèrement de rire, il secoua la tête, quoi qu’un peu dépité. « Je pense qu’il m’a invité à contrecœur. Mais bon anniversaire en tout cas, Ellana. Ça fait plaisir de te voir si rayonnante. » elle avait perdu son mari, ce fameux époux qu’elle avait épousé contre l’avis de la famille, ce en quoi June et Harlan avaient œuvre pour ne pas céder à la pression. « As-tu trouvé ton prétendant digne de leur intérêt ? »

Il n'avait jamais eu de réels contacts avec Ellana. Il y avait toujours eu June au milieu sans que ce soit une contrainte. A vrai dire, il ne s'était pas posée de questions. Harlan avait évolué au sein des McGregor par la volonté de son père et du père de June, mais à l'époque, il avait donné son énergie pour empêcher cette union et finalement, si cette noce n'avait pas vu le jour, une amitié solide s'était ainsi soldée. Aussi, si June était à ce jour une amie proche, Ellana l'était tout autant.
Et dans chacun de ses mots, Harlan s'y retrouvait, en dehors du fait qu'elle portait encore le deuil. " C'est à toi d'en décider d'ailleurs... C'est un tel manque de respect de sa part. " Ses sourcils se froncèrent quelque peu, bien qu'il n'était guère étonné de ce qu'il apprenait. 
June lui avait toujours conté les histoires de cette famille anglaise et des efforts avortés du père à faire en sorte que ses enfants rentrent dans le rang. Si June et Harlan avaient ouvert le bal, Ellana avait aussitôt suivi en épousant un roturier. 
Mais quelle honte ! Pensa ironiquement Harlan qui avait bien apprécié la nouvelle, il y a des années, heureux pour son ex belle soeur, qu'elle ait pu suivre sa propre voix, même si aujourd'hui, le destin se rappelait à eux d'une bien triste manière.
Néanmoins, il reconnaissait bien le cran des filles McGregor et la rebellion déguisée d'Ellana le faisait sourire, pousser le vice à encourager cela. Rien était plus beau que de suivre la voie choisie.
Les paroles d'Ellana le fit sourire et doucement, il posa sa main sur l'avant bras de la jeune femme, signe silencieux qu'il comprenait et était touché par ses mots.
" Tu n'as pas à t'excuser ni même à trouver tes mots déplacés. Déjà, je ne m'en offusquerai pas, et d'autre part, j'aime quand on décide de ses propres choix, même si ce n'est pas évident, même si ça équivaut à des sacrifices. Il y a toujours un moment où on l'on perd quelqu'un, de toute façon. Tu sais, quand il a fallu épouser ta soeur, ce choix - qui n'était pourtant pas le mien - m'a sérieusement mis des bâtons dans les roues. " Et il avait perdu Swan bien qu'en dehors de June, cette histoire avait été tenue à un tel secret afin que jamais il ne s'ébruite. 
Il n'était pas prêt à expliquer qu'il avait retrouvé sa danseuse, sa chimère, qu'à ce jour, il se surprenait à réentendre le bruit d'un coeur battant pour l'amour, il était méfiant et ne savait jamais à qui le dire, en dehors de June. Il appréciait Ellana mais ne lui faisait pas assez confiance pour se trahir. Il n'en avait même pas touché deux mots à son frère ou sa soeur, si ce n'était pour dire !
Est-ce que ses mots motivèrent Ellana à affronter un peu plus son père mais Harlan fut tout à coup embarqué dans la folie de sa comparse, qui tout à coup, saisit un plateau et l'invita à la rejoindre.
Cette réaction soudaine déclencha les rires du banquier qui ne se fit pas prier pour déambuler à la suite d'Ellana, sous les yeux ébahis des convives. 
Et puis, ils se retrouvèrent dans le jardin des McGregor, toujours aussi splendide et bien arrangé.
Il prit place à côté de la blonde, qui s'empressa de lui faire part de ses intentions, voulant en apprendre plus sur lui. " Mais je pensais être un véritable livre ouvert avec June. Je suis vexé, je me rends compte qu'en réalité, elle ne t'a rien dit de moi !" Protestant faussement, Harlan se mit à rire doucement. " Ce serait une folie que d'en apprendre sur moi... " Souffla-t-il en s'emparant d'une flûte se trouvant sur le plateau. " Puis, je ne suis pas un très bon élève. Après tout, je me suis opposé à mon père, avec mes frères et soeurs, nous lui avons tourné le dos avant que n'éclate tous ces scandales sur notre famille. " La politique était un si gros domaine et les enfants Sterling s'estimaient heureux d'avoir coupé les ponts. 
Quand Oliver avait fait part de sa volonté de diriger son propre parti politique, Harlan avait suivi. De toute façon il était déjà si haut placé dans le milieu bancaire. " Et puis, je travaille beaucoup. Nous avons un empire bancaire si grand que malgré le fait de déléguer, je suis constamment sollicité. Mon téléphone sonne sans arrêt, mes rendez-vous s'enchaînent jusqu'à tard... Il soupira et ajouta sur un ton espiègle. Ta soeur a failli épouser une ombre. "
Il se tut et observa le visage d’Ellana durant quelques instants « Et toi, comment gères-tu tout ça ? » Cette mascarade, ces choix. A sa place, il aurait pété un plomb, songea-t-il intérieurement avant de se rappeler qu’il ne faisait rien pour son propre cas. Il vivait sa vie tel un prisonnier.