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 "La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂

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Cassiopée Desnuits
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Cassiopée Desnuits
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"La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂ Empty
MessageSujet: "La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂   "La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂ EmptyVen 12 Juil 2019, 14:53

Encore un...

Les Obscures flottaient dans l'air épais, suspendues à l'absolu d'un silence mortuaire. Elles s'avançaient vers elle : c'était la Fin.

Lui, dormait sur le côté, aveugle et sourd, innocent de l'échéance.

-Attendez...s'il vous plaît...Laissez-moi lui dire au-revoir, supplia-t-elle.

Mais elles étaient incapables d'une quelconque sensiblerie. L'heure était venue, il n'y avait rien à empêcher, rien à retarder.

-Je vous en supplie...

Le besoin viscéral d'une ultime tendresse... Exhaler en un dernier enlacement toute l'intensité de son sentiment.

Les Ombres s'approchèrent, tout près.

Le cœur en charpie à le quitter, la terrifique angoisse la fit se révolter :

-Nooonnn !

Elle hurla et son cri la réveilla violemment.

Depuis quelques temps, Cassiopée ne rêvait plus. Le Prince Charmant s'en était allé, laissant la place à Alastar qui régnait au centre de ses cauchemars.

***

-Et merde !

Elle farfouillait dans son sac, en vain, ayant une nouvelle fois oublié cette foutue liste de courses, écrite avec application pourtant. Mais comme souvent, la tête ailleurs, elle oubliait. Dieu, qu'elle oubliait depuis un certain temps ! Le caddy au bout des doigts, elle devait improviser, espérant lamentablement se souvenir du plus important.
Les yeux rivés sur le rayon, elle cherchait...Que cherchait-elle déjà? « Nan, pas ça..., où est-il ce machin... ? » Les produits défilaient.« Aligot...nan...» Et Paf !

Aligot...Alastar. Les syllabes s'imposèrent en lettres de feu. Des images apparurent brusquement. Quelle chienlit! Il lui faudrait plusieurs minutes avant de se libérer des pensées collantes. Bordel de merde ! Elle détestait l'idée d'un quelconque « traumatisme » qui embrouillait sa mémoire affective. Mais ces flashs récurrents qui la percutaient à tout moment, sans qu'elle ne puisse rien y faire, commençaient  à lui peser sérieusement. Et cette sensation de vide, douloureuse, qui l'étreignait immanquablement dans la foulée. Insupportable. Toute cette histoire l'avait marquée bien plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle s'en rendait compte mais se refusait à l'accepter pleinement. Une bonne professionnelle savait faire la part des choses, parfaitement. Mais le hic s'avérait plus difficile à éradiquer qu'il n'y paraissait. En dépit de ses efforts, elle ne parvenait pas à oublier. A L'oublier.
Elle y pensait souvent. Trop souvent...

***

-Génial ma Sio ! Tu as de quoi noter ? C'est le vol AF66, il atterrit à midi et demi. On se retrouve au kiss-and-ride vers une heure moins dix ? Pas la peine d'aller au parking, je n'ai qu'un bagage à main et …

La joie. Le bonheur pur et intense de la revoir qui vrillait les tripes. Une belle rencontre,  douce, intègre.

Et cet après-midi de printemps où Siobhan s'était confiée, dévoilant  les meurtrissures d'un univers sombre et violent.  « Si tu savais comme ça m'a fait mal... ». Une compassion qu'elle avait murée dans le silence.
La Mort lui avait appris qu'il n'y avait aucun bénéfice à charger l'Autre de ses chagrins trop grands, si ce n'était en rajouter une couche. Alors, à quoi bon déverser au grand jour la vallée des larmes ? Cassiopée s'était construite avec cette solitude-là, celle des héros mutiques et invisibles. Une machinerie d'instinct de sauvetage qui avait parfaitement fonctionné. Son père l'avait aidée certes, mais l'essentiel de sa survie, au fond, c'était elle et elle seule qui se l'était donné. Le Rêve...les songes...L'imagination galopante et enivrante...qui décollaient de la réalité. Une manière comme une autre de s'envoyer les neurones en l'air sans se détruire la santé. Peu importait la kyrielle d'épreuves qui pouvaient lui pleuvoir dessus, elle finissait toujours par ouvrir des « paramerdes » : ses paradis oniriques dans lesquels elle s'immergeait, ses mondes qui eux, ne mouraient pas, éternels, invincibles, sublimement heureux, perchés tout là-haut dans ses nids d'aigle intérieurs où nul ne pouvait pénétrer.

Et Siobhan lui avait donné sa confiance pleine et entière, en dépit de profondes blessures qui l'avaient rendue très méfiante envers l'humain. Cassiopée en mesurait la valeur, infiniment touchée. Deux âmes qui se comprenaient sans se parler. Elles s'étaient revues plusieurs fois, puis l'irlandaise avait envoyé quelques messages laconiques n'appelant aucune réponse, juste à être reçus, bruts et courageux de sincérité. Cette distance et ce silence dont elle avait eu besoin,  la française les avait respectés à la lettre, sans rien demander. Et bien au-delà de ces respirations aléatoires, leur complicité n'avait fait que croître.

Que dire du mystère de ces amitiés-là, sublimes, presqu'irréelles tant elles sont profondes et intenses ? Rien, elles n'appelaient qu'à être vécues.

***

Juillet 2019-Quelques semaines après la visite d'Alastar Black-

Et Cassiopée la joyeuse, aux apparences insouciantes et légères, se liait facilement, pouvant paraître écervelée, inconstante. En réalité, elle faisait partie de la race des gens secrets, de ceux que l'on croit connaître. Seuls, quelques intimes ne s'y trompaient pas. Et Sio en faisait partie. Sans jamais l'avoir exprimé de vive voix, l'une et l'autre savaient. La française l'avait  très vite compris : elles avaient su d'emblée, qu'elles pouvaient se faire confiance.
Certains sentiments, mystérieux dans leur essence, n'ont guère besoin de temps pour s'épanouir. Le feeling et davantage encore les avaient ainsi scellées dans une amitié imputrescible.

Revoir Siobhan à L.A, où une conférence internationale de psychologie servait de prétexte, allait lui faire du bien. Elle ne savait pas si elle réussirait à lui confier cette chose qui la hantait. Se dévoiler, c'était facile, mais dans l'autre sens. C'était les autres qui se mettaient à table, certainement  pas elle. Elle ne racontait son boulot que rarement, par petites touches, rien de bien détaillé, légitimée par le secret professionnel. Hésitante, ses réflexions se murent entre des contradictions insolubles et un orgueil mal placé. En parler ou ne pas en parler ? Sa conclusion fut sans appel : il y avait pire dans la vie. Elle finit donc par décider de mettre tout ça de côté et décida d'enterrer l'affaire. En bref, pas la peine de polluer leurs discussions avec ses états d'âme. Ça finira bien par passer et trépasser ces trucs.

Les retrouvailles furent à la hauteur de leur affection mutuelle. Les deux compères passèrent l'après-midi à crapahuter dans les rues, s'arrêtant une ou deux fois dans des pubs pour se pauser un peu. Sio semblait apaisée, bien moins torturée qu'à leur dernière entrevue. Cassiopée s'en réjouit sincèrement. Elles bavardèrent telles deux pies en goguette, intarissables sur plein de choses, sauf, bien entendu, sur l'essentiel. La rouquine attendait le bon moment, sûre de son fait. C'était elle qui avait le don de provoquer les confidences ; elle qui était rodée à écouter ; elle qui cherchait à creuser.

Ben voyons, te crois-tu si maline à tous les duper Cassiopée ? N'es-tu pas en train de flancher au seuil d'une réalité bien plus extraordinaire que tous tes rêves réunis ?

Elles finirent par rentrer, affamées et épuisées, rigolardes comme deux étudiantes. Un peu plus tard, à la nuit tombée, affalée dans le canapé, repue, Cassiopée, évidemment, ne put s'empêcher d'enclencher les festivités.

-Alors, comme ça ma Sio, tu as les clefs de l'appart de ce fameux Neil ? Mmh mmh, et comment est-il ce bel homme ? Raconte !

Un verre de vin à la main, l'air mutin, elle se trouvait à dix mille lieux d'imaginer ce qui allait lui tomber sur la gueule et...sur le cœur.
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Siobhan O'Sullivan
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Siobhan O'Sullivan
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"La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂ Empty
MessageSujet: Re: "La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂   "La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂ EmptyMer 04 Sep 2019, 15:08

Dire que Siobhan a épuisé la patience de Neil à force de lui parler de la visite de Cassiopée est une manière très charitable d’exposer la situation. Il a d’abord fallut le convaincre que d’avoir une invitée sur un week-end, au milieu du sac de nœud dans lequel ils évoluent, n’était pas une idée complètement stupide. D’accord. Il avait deux trois bons arguments que la rousse a balayé d’un revers de la main et un flot de paroles volubiles. Elle est presque certaine qu’il n’a fini par céder que dans l’espoir qu’elle cesse de lui briser le crâne avec le sujet à la moindre occasion. Ça, et la menace pas tout à fait subtilement glissé au creux de son oreille que si il n’acceptait pas avec grâce et courtoisie la visite de son amie française, il y avait de fortes possibilités pour que la rousse retrouve la chambre d’ami qu’elle a délaissé depuis déjà un nombre divertissant de nuits. Après cela, les diverses objections se sont évaporées en fumées.

L’Irlandaise n’est pourtant pas complétement naive sur le caractère périlleux de leur numéro d’équilibriste et des conséquences très concrètes auxquelles ils ne vont pas tarder à être confrontés. De même que la perspective qu’elle puisse mettre en danger Cassiopée de manière involontaire la glace réellement. Mais… mais revoir et retrouver sa sœur de cœur est une mélodie apaisante qui libère son âme d’une manière dont la fantaisiste rousse est la seule capable. C’est probablement une vision égoïste mais Cassiopée est un arc-en ciel dans un ciel aux teintes menaçantes. Et l’envie de présenter l’une à l’autre, qu’elle fasse la connaissance de l’homme qui partage sa vie et son futur n’a rien d’anodin pour Siobhan. Elle retrouve peu à peu la sérénité qui la caractérisait lorsqu’ils étaient ensemble en Irlande. L’amitié tendre et profonde qui la lie a sa jumelle d'âme est un pilier sans faille dans la vie tumultueuse de Siobhan. Il y a trop d’incertitude et de combat à venir pour qu’elle se prive de ces heures de joies pures et de complicités incendiaires.

Il y avait une ombre indéfinissable dans le timbre de Cassie lors de leurs trop rares échanges téléphoniques. Regrettant de ne pas pouvoir la joindre plus régulièrement. Une fatigue qui semblait la tenailler au-delà du sourire qu’elle entendait dans sa voix. De fines failles qu’elle n’a pas souhaiter agrandir en les révélant d’elle-même. Si la Française désire s’en ouvrir, son oreille sera à son écoute. Son cœur l’est déjà. Et si elle souhaite simplement un we loin de tout ce qui peut lui peser, alors elle pourra s’en défaire sans crainte. L’Irlandaise a noté au moins quinze fois les informations du vol, l’heure et le terminal. L’impatience qui la tenaillait était telle qu’elle est partie la chercher à l’aéroport avec bien trop d’avance, de peur d’être en retard. Avant de partir, un coup d’œil dans son miroir. Non par unique vanité mais pour s’assurer que toutes marques qui constellaient son épiderme s’étaient enfin dissipées, pour ne plus laisser que ses taches de rousseurs, infimes étoiles sur sa peau. Il ne reste que son attelle au poignet qu’elle pourra faire disparaitre d’ici peu. Elle a bien meilleure mine que lors de son appel au secours à Cassiopée et s’en réjouit, souhaitant dissiper les inquiétudes muettes auxquelles elle a donné naissance.

Les retrouvailles sont belles, joyeuses, exubérantes. A l’image de ces deux fées égarées dans un monde un peu trop cruel. Dissimulant la tendresse de leur cœur sous des dehors excentrique pour l’une et abrupte pour l’autre. L’Irlandaise entoure d’un bras la taille de son amie alors qu’elle l’entraine en ville pour une virée sans but véritable que celui de parler, d’échanger, de rire de tout et de rien. De boire aussi. Un peu. Ou peut être beaucoup. Et si Siobhan regarde par-dessus son épaule un peu trop souvent, quelle importance. Bien sûr qu’elle est armée. Mais elle sait aussi qu’elles ne sont pas seules. Pas vraiment. Neil est occupé avec les détails de retour imminent en Irlande cependant il y a un point sur lequel il a refusé toutes concessions. Qu’elles profitent l’une de l’autre, oui. Sans protection ? Impensable. Sans les voir, la sylphide sait que des regards veillent sur elles. Et dans le coin des lèvres amusées de Cassiopée, des ombres fugaces. Les prunelles attentives de Siobhan ne peuvent que les noter. Pas une remarque ou une exigence. Mais un tourbillon un peu fou de distractions diverses. Spectacles de rue, ballade les pieds dans l’eau.

Soyons honnêtes, les multiples talents de la jeune femme ne s’étendent pas vraiment à la cuisine. Plutôt que de tenter une expérience culinaire désastreuse c’est avec divers plats à emporter qu’elles se substantent. Par contre, ouvrir une bonne bouteille achetée pour l’occasion, ça, c’est dans ses cordes. Elle s’est installée à ses côtés, une jambe repliée sous elle, un paquet de cigarette non loin d’elle, bien que Siobhan n’ait pas le désir d’en allumer une maintenant. Le pinot noir la comble parfaitement. Un demi sourire à sa remarque.

-ça va faire un petit mois qu’on habite ensemble. Les premiers jours de cohabitation ont été un peu… rudes. -Ho le mignon petit euphémisme. – Maintenant, c’est un peu plus facile. Il est la pièce manquante de mon puzzle. Une fois que j’ai accepté ça, on a pu commencer à se reconstruire.  Tu feras sa connaissance demain matin ou ce soir, selon l’heure à laquelle il rentre et celle où on se couche. Quoique…- une gorgée de vin et un petit soupir presque indécent -Je sens bien la nuit blanche, sauf si tu es trop jetlag ?

Hooo cette question piège. Il est comment ? Elle se penche pour resservir le verre presque vide de Cassiopée. -Il est chiant. -Ses prunelles miels pétillent de malice- Il est irascible, à mauvais caractère, affreusement autoritaire et son arrogance crève le plafond. Il est aussi plein d’humour, solide, passionné et tendre. -Une petite pause alors qu’elle saisit une cigarette et son briquet, jouant quelques secondes avec avant d’ajouter avec un clin d’œil. – Il est encore plus sexy à quarante ans qu’à trente, a un corps à se damner et sait parfaitement comment s’en servir. Et surtout. -Un instant de sérieux à peine appuyé, pourtant, c’est peut être l’élément fondamental pour Siobhan. La pierre de voute de ce couple qui se reforme- Il n’y a plus de secrets entre nous.

Elle pose une main légère sur la cuisse de Cassiopée, comme pour être certaine de sa présence. Elle porte encore un de ses parfums français aux fragrances incroyables et cela lui va parfaitement. -Et toi ma douce ? Ce retour en France ? Tu es heureuse de retrouver Paris, ca correspond à ce que tu espérais ? Quand tu m as dit que tu retournais en Europe, j’ai été un peu surprise. Je ne savais pas que tu avais déjà finit ta mission auprès de… *elle se tait cherchant dans sa mémoire les termes que Cassiopée avait utilisé* ton anglais en papillote., Vous vivez toujours ensemble ?  -La jolie rousse n’avait jamais trop détaillé ce qu’elle faisait exactement aux cotés de cet homme là, mais il restait toujours en filigrane, en arrière plan. Siobhan songeait aux restrictions du secret professionnel. Mais il est possible qu’il y ait plus.

Elle prend la main de Cassiopée et l’aide à se relever. L’entraine vers la terrasse qui surplombe le centre-ville de Los Angeles. La vue à la nuit tombante est absolument précieuse et c’est sans la moindre hésitation l’endroit préféré de Siobhan dans l’appartement. Permettant ainsi à son amie d’avoir quelques secondes pour elle sans se sentir oppresser par les questions posées. Lui laissant le choix total de répondre ou pas. -J’adore cette vue. Elle va me manquer en Irlande. Mais on pourra se voir plus souvent si on est toutes les deux en Europe !
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Cassiopée Desnuits
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Cassiopée Desnuits
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MessageSujet: Re: "La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂   "La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂ EmptyVen 04 Oct 2019, 23:00

« Douce Sio, si tu savais comme c'est apaisant de te revoir, comme c'est bon de se laisser aller à ne rien penser, à juste profiter de toi et de ta présence aimante. »

Une merveilleuse sensation s'amplifiait dans les tripes de la française. Elle aurait du venir bien plus tôt afin de se bronzer l'âme aux rayons bienfaisants de leur amitié. L'énigme d'un lien indéfectible. Les deux jeunes femmes se percevaient sans mot, savaient se lire d'un simple toucher du regard. Et Cassiopée sentait bien que tout n'était pas résolu pour Siobhan. Elle semblait inquiète par moments, portait cette attelle au poignet qu'elle n'interrogea pas. Il n'y avait rien de grave, la flamboyante irlandaise s'était peut-être encore battue ? Elle se confierait peut-être, ou pas. Ça lui appartenait et elle préféra taire ses interrogations. La distance dilatait des pudeurs qui avaient besoin de temps pour s'effaner. Elles avaient encore de longues années devant elles pour s'apprendre. Et puis, quelque part, bien qu'elle refusait de se l'avouer, elle redoutait un peu sa perspicacité féroce. Ni l'une ni l'autre n'étaient dupes de l'écran de fumée plus ou moins épais qu'elles soufflaient savamment entre leurs territoires intimes et le monde. C'était une des choses qu'elles avaient immédiatement détectées et identifiées. Et le respect mutuel qu'elles se vouaient s'y aventurait sans tambour ni trompette mais avec authenticité. Aucun faux-semblant ne déformait leur relation. Être soi et vivre cette affection pure et « dure », légère et profonde à la fois, se révélaient simplement dans une passion réciproque.

« Je sais que tu sais. Je sais que tu as déjà capté ce que je ne dis pas. Je sais que tu as déjà vu ce que je cache. Je sais que tu entends mes silences ».

Elle répugnait d'instinct à dévoiler ses ombrages. C'était toujours une espèce d'affaire difficile à traiter. Mais Siobhan était Siobhan : une sœur d'âme qui méritait la vérité.

-Ah oui ? Il peut passer ce soir ? Hum, je n'avais pas compris ça au téléphone...Nope, t'inquiètes, et si je suis foudroyée par le sommeil bah, le canapé sera très bien.

Un peu indécise, elle attendait le bon moment pour se confier quoique... y en aurait-il eu un au final ?... La perspective de la venue de cet homme précipitait un peu les choses.
Tout sourire, sirotant le très bon vin que l'amie chère ressert, elle se réjouissait du sentiment qui transpirait de la rouquine. Le halo de l'amour lui donnait des ailes, ses yeux grésillaient de bonheur. Elle parlait de Neil comme l'on décrivait une œuvre d'art, peignant tout en nuances les contours d'une vie partagée.

- Je vois ! Acquiesça t-elle l'expression malicieuse emplie de sous-entendus. Tout un poème !

Mais les derniers propos furent emprunts d'une gravité qui ne lui échappa guère. Un coup d’œil fervent lancé dans un silence complice fit comprendre à Siobhan qu'elle en avait parfaitement saisi l'implicite. Et les secrets demeureront dans leur antre, elle ne lui demandera rien.
Dans un élan de bonheur, la rouquine, émue, étreignit sa sœurette, murmurante à son oreille :
-Je te souhaite d'être heureuse, simplement.

Tout était dit.

-J'ai retrouvé mes proches et c'était bon, oui. J'ai eu envie de faire quelque chose de complètement différent. Je bosse en hôpital pour coacher des gens condamnés. Ça peut paraître aberrant mais ça m'éclate.

-En papillote ? Répéta-t-elle éclatant de rire.

L'expression était drôle mais la page écrite à l'encre noire d'Alastar s'épanchait encore entre les battements d'un cœur meurtri. Ça lui était si facile pourtant de se siroter des goulées d'étoiles et de rêves mais étrangement, cela ne suffisait plus. Un spleen l'emportait comme un nuage au vent contre lequel elle ne réussissait pas à lutter.

La joie de revoir son amie tant aimée supplantait tout le reste. Tout ce reste qui la possédait nuit et jour : les ossements d'inutiles espoirs, les cendres de bienveillances stériles, les ruines de patiences attentives ...Des miettes qui finissaient par se dissoudre d'elles-mêmes, consumées par une erreur brûlante mais qui ressuscitaient, immortelles.
Et l'irlandaise vivait loin mais si près à la fois. Elle comprenait toujours tout à demi-mots, délicate et fine, et tout l'océan qui les séparait ne faisait in fine que les réunir davantage.

Le ciel et la terre inépuisables, indissociables.
L'écho d'une amitié invincible.

Mais Cassiopée s'était épuisée. Échouée loin, dans le désert d'une galaxie confidentielle qu'elle explorait seule, elle s'y retrouvait piégée, incapable d'objectivité et de clairvoyance. Aveugle et sourde à elle-même, elle se perdait dans ses propres méandres. Et le manque d'air la faisait suffoquer à l'intérieur.

-Non, le contrat s'est terminé. Une des raisons de mon retour en France.

« On ne vivait pas ensemble. On se mourait... »

Elle avait tenu jusqu'au bout du chemin, puis s'était tue. Et aucun mortel ne saurait jamais ce qui s'était tragédié en ces quatre murs. Elle ne pouvait pas, n'éprouvait même pas l'envie de témoigner. Quelque chose d'enraciné l'unifiait à ces secrets d'alcôve maléfique et ne rien dévoiler nourrissait une sorte de complicité irrationnelle : elle demeurait ainsi liée à Alastar.
Totalement illogique.
Serait-elle restée sur ce canapé que Cassiopée n'aurait pas pu se dire. Trop de lumière, trop de regards perspicaces. Siobhan dut le percevoir et à sa manière, devint aussi redoutable qu'elle pouvait l'être à deviner et creuser les âmes.
Alors, elle eut ce geste...si simple, si doux. Une caresse d'affection. Un feu de fraternité qui embrasa le cœur de la française. A la seconde où leurs peaux se mêlèrent, les derniers lambeaux de résistance s'affaissèrent.

-Tu vas en Europe ? Oh ça...
Murmura t-elle, alors que le paisible de la brune tiède leur tombait dessus.
Les chatoiements de la ville dansaient joyeusement. Le brouhaha perpétuel a contrario invitait aux confidences. Les chuchotements prenaient alors toute leur ampleur par contraste, scintillants les couleurs des sentiments.

-Sio, je...

Un long soupir souffla une si vieille mélancolie.

-Ce boulot, tu sais, ça m'a...ça m'a heurtée. Je n'arrive pas à ne pas y penser. Ça me hante. Je...J'y ai tellement cru...

Elle raconta. Un peu, beaucoup, passionnément, mais sans dénoncer le mal qu'elle avait subi. Elle s'épancha d'elle, de ses espoirs, de tous ces flamboiements qu'elle avait détectés chez l'astrophysicien. Inconsciente, elle ne se rendait pas compte de la façon dont elle en parlait, convaincue de partager une faille professionnelle, exclusivement.

Elle s'envolait loin Cassiopée, ondulant sur les mots graciles d'une lumière mystérieuse qu'elle ne voyait pas.

Siobhan écoutait. Siobhan comprendrait.

« Ce qu'il y a de beau dans un mystère, c'est le secret qu'il contient et non la vérité qu'il cache. » E-E Schmitt
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Siobhan O'Sullivan
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Siobhan O'Sullivan
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MessageSujet: Re: "La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂   "La Terre s'use, l'amitié des âmes, jamais." J-M Wyl ꧁Sio ꧂ EmptyLun 11 Nov 2019, 18:41

https://www.youtube.com/watch?v=8xUBpGRsXrI

Avoir Cassiopée pour quelques heures qui n’appartiennent qu’à elles à la saveur de l’école buissonnière.  Le goût de ces instants d’un après midi estival à profiter d’un livre lu et relu avec le murmure des vagues dans le creux de l’oreille. Elles partagent cette évidence que la distance ne peut entamer. Siobhan n’a pas envie de se méfier lorsqu’elle est en compagnie de la française. Attitude enivrante et un poil dangereuse. Elle en a conscience mais refuse que cela pèse sur leurs épaules. Néanmoins les deux femmes retrouvent rapidement le confort et l’intimité de l’appartement que les Irlandais partagent depuis quelques semaines. Il y a des abîmes de silences douloureux qui s’expriment dans le regard parfois un peu fuyant de sa jolie galaxie. Pour autant, il ne lui vient pas à l’idée de lui forcer la main. Le respect est mutuel, bien au-delà de toutes conventions sociales. Et si leurs discussions peuvent sembler futiles, sur des sujets qui n’ont pas de substances, c’est qu’elles se parlent au-delà des mots et que chaque taquinerie à une résonnance qui n’appartient qu’à elles.

Elles finissent par se retrouver chez Neil et à prolonger la soirée sur le canapé avec verres de vin et de quoi grignoter sans avoir besoin de ressortir. Il n’y a pas cette recherche de l’ivresse dans cette bouteille qu’elles partagent. Bouteille qui se trouve être la seule qui se trouve dans l’appartement et qu’elles ont choisis ensembles. L’alcool est banni de l’appartement et de l’Irlandais, absent pour le we. Un petit geste du poignet quand Cassiopée semble presque déçue à l’idée que leur Sabbat puisse être interrompu par une présence masculine. Et autant elle aime son Irlandais, autant pour ce we, elle partage son avis. Ces moments avec la française sont trop précieux et trop rares. Et surtout, pour une fois, ils sont entièrement Féminins. Offrant cette liberté qui s’ouvre que lorsque deux femmes complices se retrouvent seules.

-Non, tu as bien compris, il n’est pas là ce week-end. Il avait une réunion super importante pour son boulot à San Francisco ce soir, il ne devrait rentrer que demain, assez tard, ou lundi matin. C’est moi qui perds un peu la notion du temps !


Cela a été son argument de choc. Puisqu’il ne serait pas là, autant que Siobhan ne soit pas à livrée à elle-même. Certes, totalement fallacieux, mais cette échéance était prévue avant leur retrouvaille et suffisamment cruciale pour qu’il doive s’y rendre, quelques soient les circonstances présentes. Siobhan n’a plus rien de la créature angoissée, fébrile et sur le fil d’un abyme menaçant de l’engloutir. Malgré les nuages qui s’amoncellent sur son futur, elle a retrouvé en partie sa nature impulsive et sa facilité aux sourires. Ce soir, elle n’a pas envie d’alourdir leur soirée avec ce futur ensanglanté quand le présent est si doux. Plus tard, elles se retrouveront quand la tempête sera passée. Et peut-être, peut être sa sœur de cœur pourra faire la connaissance de Catham et de Neil dans ce que leurs caractères ont de plus extravagant. Et épuisant. Pourtant, ses prunelles ne quittent guère le beau regard de son amie et son âme s’inquiète. Heureuse ? Peu à peu elle s’en rapproche sans y être encore tout à fait. Un sourire de chat sur les lèvres quand elle laisse en suspens cette question si intangible. A vrai dire Siobhan ne se questionne pas. Elle Vit. -Je te le présenterais une prochaine fois avec plaisir. Ce week-end, je me sens terriblement égoïste de nos moments !

Malgré ses retenues de danseuse en équilibre sur un fil d’acier, l’Irlandaise pose quelques questions, qui elle le sait, ne sont qu’en périphérie de l’ombre noire qui étend son sinistre dans le cœur français. Elle teste du bout des doigts le glacial de l’eau qui isole Cassiopée. La rousse n’est pas certaine de comprendre les motivations derrière la nouvelle vocation de sa Jumelle, mais est ce que cela a vraiment de l’importance ? Délicatement, elle aiguille en douceur vers le point d’interrogation qu’elle a deviné en tatouage dans l’ivresse du champagne bu un soir de trop grande solitude. Se servant de cette étrange métaphore culinaire employée par la française, cela lui va si bien. Et ce rire qui cascade. Mais il y a des fissures. Son contrat s’est terminé. Elle y avait mis fin ou bien était ce son patient ? Ou les circonstances les y ont obligées ? Remplir l’espace de question n’aurait aucun sens. Mais il y a une telle douleur contenue dans ces quelques mots que le cœur de Siobhan se crispe pour Cassiopée.

Comme souvent, elle se sent à l’étroit entre quatre murs et se lève, attirant sa Galaxie dans son sillage. Juste avant de partir, Siobhan allume la chaîne hi-fi d’une pression sur la télécommande. Laissant les notes en sourdine de Yves Jamais s’élever derrière elles. L’irlandaise n’en comprend pas les paroles mais la mélodie, le rythme de sa voix, le timbre rauque sont autant d’éléments qui lui plaisent.  La terrasse est légèrement abritée et il y fait délicieusement frais par rapport à la chaleur du salon. Elle n’allume aucune lumière extérieure, préférant que le ciel s’allume peu à peu dans la nuit qui ne sera jamais complète dans cette mégalopole. Siobhan est une créature sensuelle et c’est naturellement que son bras enlace la taille de Cassiopée, la nichant contre elle. La protégeant de ce qui peut l’abîmer. -Nous rentrons en Irlande, il est temps, je ne sais pas exactement quand encore, ajoute t’elle sur le même ton feutré que Cassiopée. -Dès que ce sera possible, je viendrais te voir à Paris, d’accord ?

Elle se tait. Ouvrant l’espace pour Cassie. Sa main à sa taille en ancre indéfectible. Là pour soutenir et adoucir. Un long soupire qui ravage les silences. Le regard de Siobhan se porte sur l’horizon, presque joue à joue avec sa Flamboyance.  Sous le pinceau des mots se dessine un homme complexe et torturé. S’esquisse une personnalité brillante et cynique. Une relation dont les arpèges ont connu les plus basses notes et les acidités les plus cruelles. Des envolées dans les cieux cristallins. Des espoirs lumineux et une volonté qui est allée au bout d’elle-même. Elle se peint, Elle et Lui. Lui et Elle. Et s’éloigne toujours plus d’une simple conscience professionnelle. Elle ne sera pas interrompue, pas contenu. Elle n’aura pas de limites que celles qu’elle choisira et non celle de son interlocutrice. Un élan de colère que Siobhan réprime à l’égard de l’Anglais. Est-ce qu’il se rend compte de l’Etoile qu’il a péché dans ses filets ? Une étoile de Ciel qu’il maintient dans la mer.  Qui en est presque noyée de trop de Lui.

Sa main a quitté sa taille pour venir sur une épaule. Sa cigarette jamais allumée est oubliée et c’est machinalement qu’elle la repose sur la table de jardin. Elle finit par se tourner à demi vers Cassiopée. Sur le bout de la langue, une question hésite. Est-ce qu’elle l’a revu depuis qu’ils sont en Europe, et elle découvre qu’elle n’a pas besoin de la poser. La réponse est inscrite, limpide. Il ne s’agit pas d’une peine ancienne et distante mais d’une blessure encore fraîche et vivante. -Est-ce qu’il Sait, ma Cassie ? Est-ce qu’il sait combien il est important pour toi – Est-ce que tu sais combien il est important pour toi ? - Au-delà de toutes considérations professionnelles ? Sinon, je veux bien aller le secouer pour toi, sans problème… -Et ce sera très concret ! Pas du tout abstrait. Siobhan se permet un petit sourire à cette perspective avant de reprendre son sérieux. Cassiopée est Entière. Passionnée, et malgré les difficultés qui alourdissent ses épaules, il y a une lumière dorée dans son ton quand elle l’évoque. -N’abandonne pas, il a l’air d’avoir une carapace dure !  Mais tu crois bien trop en lui pour qu’il ne finisse pas par croire en lui aussi. J’ai confiance en toi. Si tu es tombée amoureuse de lui, c’est qu’il est digne de toi. Il ne le sait pas encore.  -Et tenter de remonter le flot de la volonté d’une française et rousse de surcroît, c’est une entreprise vouée à l’échec.
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