Alerte Panda [Ft Millie-Rose]

**DATE D'INSCRIPTION** : 25/04/2019

Encore une fois Natalia avait fait des siennes et s'était enfuie quelque part en ville soit pour revenir avec un nouveau tatouage ou un piercing sur un endroit improbable de son corps. Je pouvais m'attendre à tout avec elle, ses conneries étaient de plus en plus créatives. Toujours à me faire payer le fait de l'avoir "enlever" de nos parents. Pourtant, elle aurait dû comprendre que j'avais agi ainsi pour son bien-être et non par pur égoïsme comme elle le clamait haut et fort. "Tu vas voir, je vais les retrouver et tu vas t'en mordre les doigts." Oh ma naïve petite sœur, tu ne sais pas comment est notre famille.

Une fois calmée par cette énième crise, je fis le choix d'aller au zoo. Cela faisait longtemps que je voulais y aller, déambuler au fil des chemins et observer ces animaux qui me fascinait tant. Pour une fois, j'allais prendre le bus et marcher un peu, ça ne pouvait me faire que du bien. Je me prenais mon temps pour me préparer sans faire attention à l'horloge. L'heure tournait et quand je vis que j'avais peu de temps avant de prendre le bus, j'accélérais un coup et sortit rapidement de la maison. Confortablement installée dans le bus, je sortis un livre et commença ma lecture. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ouvert un livre, me plonger corps et âme dans une histoire et sortir de cette réalité dangereuse. Depuis l'incident il y a presque un an, je n'arrivais plus à être détendue. Mon géniteur pouvait renvoyer quelqu'un n'importe quand et cette fois, cette personne pourrait atteindre son but. Bien que le même sang coulait dans nos veines, il était capable du pire, surtout pour ce que je lui ai fait. Et Natalia qui ne voulait pas entendre raison et faire attention, pourvu qu'il ne lui arrive rien de grave. Je tentais de chasser ces pensées pour pouvoir profiter pleinement de ce moment de détente. Ce qui me fit baisser les yeux vers mes pieds, sentant que quelque chose n'était pas comme d'habitude. Et effectivement, sans faire attention, je suis sortie avec mes pantoufles aux pieds. La preuve que je devais me changer les idées et faire baisser la tension. J'étais préoccupée par le fait de ne pas rater mon bus que je n'ai pas fait attention à enlever mes chaussons. Tant pis, j'irais voir dans les boutiques pas loin du zoo pour une paire de chaussures. Tout commence parfaitement bien.

Correctement chaussée, je pus commencer ma promenade dans le zoo. L'endroit était paisible. En pleine semaine, il n'y avait pas beaucoup de monde, sauf un ou deux groupes scolaires en sortie. Mais rien de bien méchant, j'allais pouvoir profiter pleinement et me reposer. Enfin devant l'enclos des orangs outangs, je restais un moment à les observer. Ce sont des bêtes qui me fascinent, je les trouve magnifique et majestueux. Et calme, comme si rien ne pouvait les atteindre. Un de ces grands singes la regardait. Il était calme et paraissait la comprendre. Bien que je savais qu'il ne pouvait pas savoir ce à quoi je pensais, il avait cette expression qui me fascinait. Mais il a fallu qu'une horde d'enfants excités viennent casser ce moment de partage avec l'animal. Ils se sont agglutinés devant moi pour regarder les grands singes. Ils ne savent absolument pas se tenir et respecter le calme que ces animaux ont besoin. Tant pis, je reviendrais revoir l'orang outan un peu plus tard.

Je me dirigeais vers la partie asiatique. De loin, des affiches présentaient les vedettes du parc, les bébés pandas. Intriguée de voir ses petites boules de poils, je me dirigeais vers l'enclos. Ils étaient là, à jouer tous ensemble avec le soigneur qui avait l'air débordé. Je souriais de le voir en peine à s'occuper de tous ses petits monstres. Cependant, un détail m'intriguait. Au fur et à mesure, les bébés pandas manquaient à l'appel et lorsque je vis le regard paniqué du soigneur, je compris qu'il y avait un problème. La porte de l'enclos bougeait avec le vent et était grande ouverte. Les bébés pandas ont saisi l'occasion pour s'échapper et visiter le parc. Ils couraient en direction des tigres de sumatra. Je ne pouvais pas laisser ses grosses boules de poil se faire manger. Sans réellement réfléchir, je me mis à la poursuite des bébés pandas. Il faut vraiment que je travaille mon cardio, je ne vais pas tarder à cracher mes poumons.
Trois des bébés se sont arrêtés devant des bambous et en ont profité pour se faire une pause goûter. Parfait, je pourrais les prendre pour les rendre au soigneur. Soigneur qui arriva en courant et tout paniqué. Lui aussi n'en pouvait plus de courir. "Où sont les autres ? Oh mon dieu, je ne vais pas finir vivant.." Il allait se mettre à pleurer pendant que les trois garnements se faisaient un festin gargantuesque. "Je.. vais voir où sont les autres, ne bougez pas !" Les bruits me mettaient sur la piste et au fur et à mesure que j'avançais, j'entendais les passants rigoler et s'émerveiller de voir les bébés pandas gambadaient. C'est ce qui me permit de retrouver leur trace : le vivarium. Je vis dans leur regard qu'ils convoitaient le mollet d'une femme qui regardait un énorme serpent. "Attention !!"

**DATE D'INSCRIPTION** : 13/06/2019

Il fallait que je sorte. Il était hors de question que je reste seule dans son appartement, surtout pendant qu’il travaillerait au garage. Je lui assurais pourtant tant bien que mal que je ne m’ôterai pas la vie durant son absence, mais rien n’y faisait : il insistait. Il refusait que je me laisse dépérir sur le canapé de son salon, en compagnie de mes pensées moroses, loin de sa vigilance. Il préférait de loin que j’aille m’aérer l’esprit en allant au zoo, par exemple. Au zoo ? Je ne comprenais pas véritablement où l’on pouvait trouver du bonheur à observer des pauvres animaux enfermés dans des cages. Mais je ne discutais pas ses recommandations : le zoo restait sans doute le meilleur endroit où il y avait de la vie dans son état le plus pur. J’acceptais donc de m’y rendre, avec la condition de le rejoindre dans un café dès qu’il aurait une pause. Il ne pensait sûrement pas au trajet monstre qu’il devrait effectuer pour m’y rejoindre, au vu de la distance entre le garage et celui-ci. Mais je m’en fichais. Sa dévotion à mon bien-être suffisait à me convaincre de ne pas tout discuter, comme je le faisais depuis que j’avais l’âge de raison, et je quittais l’appartement où nous cohabitions en sa compagnie depuis quelques jours. Ensuite, je le saluais d’un baiser léger sur les lèvres, à même le trottoir. Un véritable petit couple, au vu de l’extérieur. Mais une véritable bouée de sauvetage, au vu de l’intérieur. L’embrasser sur les lèvres, c’était comme embrasser une raison de vivre : éphémère. Il ne fallait juste que quelques secondes pour se convaincre que l’on ait aimé, que l’on ait indispensable ; mais il fallait également juste quelques secondes pour que les pensées noires reviennent aux triples galops. Et elles me rendaient imprudente au volant, ces garces. Sans doute en quête d’un accident bienvenu, qui sait ? Toutefois, il n’aurait pas pu m’accuser d’être suicidaire si c’était un de nos concitoyens qui m’avait tué en voiture. La question ne se serait plus posée pour moi, dans tout les cas, une fois entre quatre planches de bois. Et j’aspirais y parvenir.

Or, contre toutes espérances morbides, j’arrivais indemne au Zoo, où j’entrais après m’être offert une place adulte à un prix exorbitant. *Je sais que les tarifs sont justifiés par l’entretien du parc, des animaux présents, mais tout de même ! Cela ne change rien au fait que quelqu’un se fait des couilles en or sur le dos de ces pauvres bêtes.* Munie d’un plan, je traçais mentalement un sens de visite différent de celui que m’indiquait les panneaux, avant d’en prendre la direction. Je ne voulais pas marcher derrière un petit couple épris, main dans la main. Je ne voulais pas non plus suivre une charmante maman et son enfant, riant aux éclats. Je préférais plutôt me défaire des conventions sociales, et ce dans l’espoir qu’elles ne me rattrapent pas ; je commençais donc mon périple par les éléphants, en compagnie de leurs éléphanteaux. Ils étaient mignons, indubitablement, mais cela ne m’empêcher pas de croire qu’ils seraient mieux dans une réserve en Afrique ou en Asie. […] Peut-être était-ce là également ma solution ? Si j’emménageais dans un autre pays, une autre ville, peut-être pourrais-je m’ouvrir plus au bonheur que je ne l’avais jamais fait jusqu’alors ? Tu délires. Des centaines de kilomètres ne t’ont jamais séparés de Dante, Rose, qu’est-ce qui nous changerait cette fois ? Rien. Car quand bien même j’emmènerai Ethan avec moi pour qu’il m’épouse, pour qu’il me féconde, mon cœur agoniserait toujours autant d’être broyé par Dante. Je chassais donc cette fausse bonne idée, de sorte de poursuivre ma visite. Hippopotames, girafes, et autres animaux de grandes tailles ne suffirent pas à m’offrir le début d’un sourire. La morosité m’avait accompagnée au zoo, et c’était à peine si mes yeux regardaient les animaux qui s’offraient à eux. Les seuls qui eurent mon intérêt furent les serpents, et particulièrement un géant. Celui-là, il pouvait dévorer une bête dix fois plus grosses que lui, en une seule bouchée. C’était fascinant. Je me demandais s’il en serait de même avec moi si, par accident, la vitre ne nous séparait plus ; quand je sursautais au cri d’une femme qui m’intimait de faire attention. Hein ? Je me tournais vers elle, curieuse, puis remarquais un bébé panda se dirigeant vers mes mollets. Très honnêtement, je ne savais pas du tout si c’était dangereux ou non comme animal, je reculais donc plus par réflexe que par choix.

« _ C’est à vous ? Je demandais à la femme, qui semblait le pourchasser pour le rattraper. _ Je ne savais pas qu’on pouvait adopter ce genre d’animal de nos jours . »

J’avais croisé quelques soigneurs, au détour de mon périple dans ce zoo ; et ils portaient tous un uniforme avec le logo du-dit-zoo en gros dans le dos. Soit cette femme n’avait pas eu le temps de mettre le sien, préoccupée par la promenade incongrue du bébé panda ; soit elle venait d’adopter ce dernier, qui prenait la fuite, et je trouvais son geste discutable. *Ce ne sont pas des oursons de salon, merda.* Enfin, dans un cas comme dans l’autre, je me dévouais naturellement à l’aider. A deux, nous arriverions mieux à déjouer la malice de ce bébé poilu.

« _ Il faudrait du bambou pour l’attirer. Je suggérais tout d’un coup. _ Un bébé panda ça réfléchit avec son estomac, vous ne croyez pas ? »

Le contraire m’aurait étonné, à ce moment précis.

@Imogen Buchanan