De nouveau réunis [Bébé B. Swan]

Peter Henry Grimes était au volant de sa voiture « Lexus » et plus il réfléchissait à sa demi-sœur, plus il devenait excité comme un petit enfant. Il se demandait comment il allait lui dire de vivre maintenant à Los Angeles près d’elle. Comment allait-elle le prendre ? La nervosité, cette excitation, était tellement grande qu’il en avait des fourmillements dans les doigts.

Oui, il allait voir sa sœur Bébé Swan. La jeune femme se trouvait être plus précisément sa demi-sœur, mais l’homme n’aimait pas ce terme. Bébé, de son vrai nom Bucky, n’était pas qu’une demi-sœur pour lui. Elle était une partie de lui depuis son adolescence peu importe ce qu’elle en pensait : l’étoile la plus brillant des Grimes-Swan à protéger. Elle le fascinait par sa chaleur, ses sourires et sa joie de vivre.

Derrière le volant, caché par les vitres de la voiture sous les réverbères qui y scintillaient dans la nuit, ces pensées virevoltaient plus aisément. Il souriait tel un imbécile heureux. Pourtant, il savait aussi que la nervosité augmenterait devant la porte de la maison de sa sœur. Déjà, il était arrivé depuis un petit moment à Los Angeles, mais tellement d’événements arrivaient qu’il n’ait même pas le temps pour sa sœur. Comment allait-elle le prendre vu qu’il allait lui dire la vérité, car il ne pouvait évidemment pas lui mentir : non, ça c’était hors de question.

Peter jetait aussitôt un coup d’œil à sa montre remarquant l’heure plus ou moins tardive de la soirée : 21 h : 00. Il espérait qu’elle soit là au moins. Il avait eu un petit sourire le faisant même pouffer légèrement de rire. Il ne la croyait pas en train de dormir à l’évidence. Si elle n’était pas à la maison, sa sœur serait en train de faire la fête quelque part ou au travail.

Il resserrait donc la prise sur le volant tout en tournant dans une rue adjacente pour s’approcher inexorablement de sa destination. D’autres pensées l’assaillaient alors. Est-ce que Bucky pensait encore à lui ? Cela faisait un moment qu’il ne l’avait pas vu. Il y avait eu les problèmes entre Eliza et lui pour cause de son empathie puis, leur divorce qu’il choisit malgré tout.

Déglutissant, Peter prenait une grande inspiration désirant ne pas penser à cela ce soir. Il était ici pour voir sa sœur après tout.

Il garait sa voiture non loin de la maison et arrêta le moteur. Il se soulagea de voir de la lumière percer au travers les rideaux des fenêtres qu’un petit sourire apparaissait sur son visage. Pendant quelques secondes, Peter Henry James restait immobile à regarder la maison appréhendant l’instant des retrouvailles. Il lui faisait une surprise en plus. Elle ne savait pas qu’il se trouvait, en ce moment, à observer sa maison comme un véritable obsédé sexuel.

Bon, cette dernière pensée avait suffi à le faire sortir de la voiture. Habillé simplement d’un jean, d’une chemise et de chaussures de marche, l’homme rangeait la clé dans la poche du pantalon. Lentement, il marchait jusqu’à la maison se laissant bercer par les odeurs et les bruits de la nuit. Cela diminuait son excitation.

Puis, il sonnait. Les pas entendus peu après derrière la porte amenaient une boule de stress tel un boulet à l’intérieur de son ventre. Il baissait le regard et se déplaça légèrement d’une jambe à l’autre pour arriver à faire quelque chose dans cette attente grandissante.

Mais la porte s’ouvrait rapidement sans mouvement lent comme dans les films. Peter ne pouvait pas s’empêcher de sourire dès que ses yeux virent sa sœur, Bucky sur le pas de la porte.

- Bonsoir Bucky. Je sais qu’il est tard, mais … Il sourie incapable de s’empêcher plus de sourire tellement sa joie prenait d’ampleur. Je voulais juste te dire que j’ai déménager à Los Angeles.

Déblatérait-il tout simplement, sans plus. Peter n’avait jamais été un grand bavard à vrai dire. Les mains dans les poches, il était heureux, car elle semblait bien aller. Puis, il était heureux parce qu’il vivait dorénavant non loin de sa famille.

Un élan d’amour se ruait subitement contre son corps. Une vague de chaleur. Peter Henry Grimes recevait cet amour de plein fouet et lâchant même un petit grognement de douleur tel le coup fut puissant.

- Wow … C’est toujours toi. Tu n’as pas changé. Je suis content.

Murmurait-il tout en refermant les bras autour du corps de sa sœur. Plus il ressentait sa sœur contre lui, plus la nervosité diminuait. Il avait envie de pleurer. Lui qui avait reçu un accueil plus que glacial de la part de son frère Raphaël, il eut peur de la réaction de sa sœur Bucky. Il se sentait si bête maintenant. Une boule se formait tout de même dans sa gorge, mais il tâchait de retenir ses lèvres fermer pour ne pas montrer sa peine alors que la jeune femme était si joyeuse. À vrai dire, Peter n’avait pas vraiment reçu de marque d’amour depuis son arrivée à Los Angeles. Ok, il y avait ses enfants et Eliza. Mais on avait voulu le tuer aussi … Est-ce qu’il prenait la bonne décision en venant à Los Angeles ?

Bucky Swan avait réussit à lui redonner espoir.

Il frissonnait du contact avec la douce main si jeune et encore innocente selon lui. Puis, évidemment, la pile électrique recommençait à sautiller un peu partout. Peter entrait donc complètement dans la maison en souriant plus celui de sa sœur se faisait présent. Il hochait la tête à la question, plein d’entrain, de sa sœur. Il allait, ensuite, s’asseoir au salon pendant qu’elle lui apportait un coca-cola; on pouvait bien être riche et boire ce genre de boisson qui était, de surcroît, dans sa vie depuis ses huit ans. Assis dans le canapé faisant dos à la fenêtre, Peter rigolait légèrement.

- Peut-être pas voisins quand même. Je vis sur les canaux de Venice Beach. Mais oui, on se verra toutes les semaines. Ce n’est pas si loin même si à pied c’est plus qu’un marathon. J’ai juste une meilleure vue que toi.

S’amusait-il à la taquiner gentiment. Il s’armait alors d’un sourire un peu trop grand et enjôleur pour qu’elle ne croit pas qu’on se payait sa tête. Et évidemment, il se voulait très transparent dans sa taquinerie. Peter souhaitait rire et rire avec elle. Il se sentait tellement bien avec sa sœur Bucky. Son énergie était agréable à côtoyer et semblait lui en redonner au centuple. Il était dommage que Peter ne ressente plus ce bien-être auprès de son frère Raphaël avec qui le désespoir semblerait être la norme dorénavant.

Comme il songeait au loup, sa sœur le nommait dans une joie sans borne stipulant même qu’il sera heureux de le revoir. Peter ne put pas s’empêcher de perdre son sourire puis, de soupirer longuement tout en s’étirant le cou vers l’arrière. Il se mordit légèrement la lèvre inférieure ressentant soudainement une douleur émotive en plein cœur puis, la boule dans sa gorge revenait.

- Je … Je le croyais mort honnêtement. Je suis désolé. J’ai été idiot. Je ne savais pas qu’il était aussi à Los Angeles, mais … Il me déteste …

Éclatait-il en sanglots incapable de se retenir et cela bien malgré le regard bienveillant de sa sœur assise en face de lui. Peter se penchait vers l’avant et mis les mains contre son visage, la cannette toujours dans la droite.

- Je suis désolé … Je ne sais pas à quoi je m’attendais de sa part en fait … Je ne sais pas … J’ai été un véritable imbécile avec vous tous et je pensais qu’il allait me pardonner …

Peter ressentait les caresses que Bucky lui prodiguait dans son dos tentant, comme toujours, d’aider autrui. N’a-t-elle jamais pensé devenir infirmière ou bien professeur ou même encore psychologue ? Cela lui irait si bien. On ne peut pas refuser d’aimer une personne aussi joyeuse et innocente que Bucky Swan. Pour lui-même, c’était une toute autre histoire. Il désirait tant faire le bien, mais … À chaque fois, il produisait le mal. Il faisait en sorte qu’on le déteste.

Il faisait des erreurs sans même y penser. Le mal était, à chaque fois, fait.

Parfois, Peter Henry Grimes pensait que les gens ne comprenaient tout simplement pas son esprit. D’autres fois, il savait ne pas être une bonne personne.

- Je ne sais pas s’il me reviendra moi …

Soupirait-il tout en séchant les larmes ayant malencontreusement coulés le long de ses joues et humidifiant désagréablement ses yeux. Les coudes sur les cuisses, Peter but une gorgée de coca-cola tout en n’omettant rien des dires de sa sœur qui stipulait que leur frère avait peur de l’abandon et on devait lui donner le temps de revenir vers la famille.

- Et si c’est de ma faute pour l’abandon ? C’est moi qui vous aie abandonné pour … Il haussait les épaules, perdu dans les méandres de son esprit s’interrogeant sur tout. J’ai l’impression de vous avoir abandonné pour un rêve égoïste …

Tu rêves
Pis tu fais rêvé tout autour
Toi c'est pour le soleil que tu cours *

Il baissa la tête à nouveau après avoir regardé Bucky, un moment. Une autre gorgée de la boisson gazeuse le ragaillardissait un peu plus à chaque fois. Peut-être le péché mignon de Peter Henry Grimes était le sucre.

- … Quand je vous ai retrouvé pour vous donner l’argent que j’avais réussi à gagner, je me souviens que vous ne saviez pas où il se trouvait … Pfffff …

Tu vis
Comme tu l'as toujours espéré
Moi, ça m'donne le courage d'avancer *

Un soupir de désespoir de plus alors que la paume de sa main droite venait folâtrer dans ses cheveux. Il avait vraiment foutu le bordel dans sa famille alors que son seul désir fut bien tout le contraire. Après tout, maman n’avait jamais approuvé mon choix d’aller à l’université songeait-il plus déprimé maintenant et cela même si l’énergie vivifiante de Bucky se trouvait à ses côtés.

- Mais toi ? Quand est-ce que tu as retrouvé Raphaël ? Tu as dit que cela s’était mal passé au début ? Pourtant, tu n’as pas abandonné la famille toi …

Arguait-il sur un ton neutre et rationnel, car on voyait bien la torture dans laquelle se trouvait les méninges de notre homme actuellement.

- … Je sais qu’il est allé à la guerre. Quelque chose de malheureux a dû arriver là-bas.

Comme père continuait, néanmoins, Peter dans sa tête. Leur père était allé à la guerre aussi en son temps. À son retour, il n’avait plus été le même homme devenant alcoolique, bourru et violent. Peter touchait alors machinalement de son index droit la cicatrice sur sa joue.

Comme si les Grimes étaient condamnés à vivre la même chose de génération en génération.

* Léo Gagné; 2Frères

Il ne pouvait pas s’empêcher de sourire malgré tout. C’était vrai qu’il avait toujours couru après ses rêves pour finalement les caresser de la main puis, les accueillir délicatement au creux de ses paumes. Même si parfois cela n’avait pas été de tout repos, Peter s’en était au moins sorti pour se retrouver à l’université. Et j’ai trouvé Eliza sourie-il cette fois les yeux passionnés repensant à leur rencontre, mais surtout aux taquineries qu’ils se donnaient au quotidien.

Et il regrettait encore de l’avoir laisser aller, car il aimait sa présence réconfortante autant que celle de Bucky en ce moment même.

D’un geste lent, il but encore un peu de la boisson gazeuse. Peter Henry Grimes soupira finalement tout en séchant l’humidité courant le long de ses yeux avec sa main droite. Ils étaient braqués sur elle. Parfois, sa sœur pouvait lui faire affreusement peur. On se demandait alors qui était l’aîné de la famille. Elle le rabrouait sur son attitude défaitiste envers Raphaël tout comme permettre à ce dernier du temps pour venir à lui.

- J’avoue que je n’avais pas vu cela comme ça.

Lâchait-il sans élever énormément la voix son regard néanmoins posé sur sa jeune sœur au cœur en or et à la force équivalent à l’énergie du soleil tout entier. Peter se sentait coupable et très égoïste de lui avoir demandé le pourquoi du comment de la colère de Raphaël. Qu’il était aussi un Grimes. Cela le fit rire; les Grimes étaient des êtres têtus oui.

- Et tu as raison Bucky dit-il las tout en hochant négativement de la tête à sa propre bévue. Ce n’est pas à toi de m’expliquer ce qui lui est arrivé. Ce n’est pas correct de ma part de lui faire cela. Merci.

Souriait-il à nouveau, mais cette fois avec plus d’entrain. Peter avait toujours appelé sa sœur par son véritable prénom. Il ne savait pas pourquoi, mais c’était comme ça. Après tout, il aimait le prénom de sa sœur et inconsciemment trouvait que c’était véritablement elle.

Soudainement et dans un geste plus rapide que précédemment, Peter Henry Grimes se pencha vers l’avant et posa la canette presque vide sur la table basse devant le canapé. Quelle heure était-il ? 21 h : 30 regarda-il sa montre. Avait-il chigné sur son sort pendant près de 30 minutes ? Il fit la grimace à cette immaturité doublée d’un égoïsme probant.

- Mais assez parlé de moi. Comment va ma petite sœur préférée en ce moment ?

Il se redressa dans le canapé un large sourire au visage et posant avec tendreté, pour une seule seconde, une main sur le genou de la jeune femme.

- C’est toi que je suis venu voir ce soir. On ne va quand même pas parler de moi toute la soirée. Alors, les amis, les amours, les emmerdes ? Et après j’apprends que tu m’as même oublié.

Souriait-il dans une ironie se voulant une magnifique taquinerie comme il adorait en faire.

C’était rare que Peter Henry Grimes monopolisât l’attention des gens sur lui-même pendant si longtemps. Il s’en sentait encore coupable tel un couteau continuant à creuser dans sa chair et le terrasser à cœur ouvert. Il avait mal d’avoir agi de la sorte tel l’adolescent boutonneux il fut bien des années auparavant. L’homme se sentait tellement coupable de ne pas avoir vu la vérité plus tôt. Il sait devoir arrêter de se faire du mal pour rien. De penser que chacune de ses paroles, chacun de ses gestes étaient scrutés au peigne fin et à la première occasion on le fourguait dans la catégorie des méchants. Si autrui le détestait, eh bien qu’il en soit ainsi.

Cela semblait si facile pour sa sœur Bucky de ne pas s’en faire lui rappelant même que la famille c’était fait pour cela et qu’elle serait toujours là pour lui. Oui, mais le problème c’était qu’il grossissait la montagne seul pendant un moment et cela explosait souvent avec ces gens à qui il donnerait tout.

Peter préférait largement écouter sa sœur et ses yeux furent pour les dernières minutes scotchés sur le visage rayonnant de la jeune femme à parler du Moulin Rouge. Il était tellement heureux pour elle, il en souriait comme un enfant.

- Félicitation Bucky, vraiment … Wow ! C’est grâce à tout ton travail ça. Je suis tellement fier …

Ne put-il pas s’empêcher de lâcher tout en s’étirant un peu plus dans le canapé pour enrober de son bras gauche le dossier. Évidemment, il fallut que cela s’arrête lorsque le prénom Harlan se faufila entre les lèvres de sa sœur. Aussitôt, Peter avait perdu son sourire redevenant sérieux et bien pire même. Il n’a jamais aimé ce jeune homme aux millions dépensés dans des voitures de sport en lieu de quelque chose de plus utile. Peter le détesta encore plus lorsqu’il brisa le cœur de sa sœur. Elle lui avait tout raconté. Il connaissait tout de ce Harlan malgré que les deux hommes ne se soient jamais vus.

Pendant que Bucky exposait les retrouvailles avec Harlan, Peter gardait son calme, mais on savait tellement ce que signifiait ses yeux profonds tels si soudainement l’enfer les y avaient emportés. Immobile telle une statue d’Apollon, il se mordait légèrement l’intérieur des joues le cœur mis à mal par la confusion ressentie par sa sœur.

- Je suis désolé Bucky. Il ne te mé …

À peine Peter élevait-il une douce voix et à peine Bucky le coupa dans son élan laissant entendre qu’elle ne regrettait pas cette rencontre même si Harlan ne répondit pas à sa question du coup d’un soir ou non. L’aîné la vit essuyer une larme alors il baissa le regard tout en déglutissant. C’était difficile à croire qu’Harlan disait la vérité. Il aurait donc rompu ses fiançailles et comme par magie dirigeait la comédie musicale dans laquelle jouait Bucky. Peter espérait sincèrement qu’il n’était pas en train de profiter de l’amour que Bucky lui portait. Si cet imbécile brisait le cœur de Bucky une deuxième fois, il ne rentrerait pas indemne chez lui vous en avez notre parole.

Peut-être Peter réfléchissait trop comme toujours. Enfin, il espérait trop réfléchir. Au moins, le sourire de sa sœur revenait vite et c’était ça la force tant aimée chez elle. Elle parlait à nouveau de la comédie musicale en laissant de côté l’homme la dirigeant.

- As-tu des idées de nouveaux projets en tête ou vas-tu rester … ? Il se racla la gorge sachant amener là le terrain glissant précédent. Vas-tu rester à Los Angeles ?

Il sourie heureux pour sa sœur et surtout d’avoir esquivé le sujet épineux de la soirée. Honnêtement, Peter aimerais bien qu'après cette comédie musicale, sa sœur aille se trouver un autre projet loin de cet homme. Pour se distraire l’esprit, Peter se pencha une fois de plus vers la table basse et termina d’un trait le peu de liquide restant dans la canette. Écrasant légèrement l’aluminium encore pour s’occuper l’esprit, il reporta son attention sur sa sœur.

- En tout cas, je suis vraiment fier de toi Bucky. Apparemment, il n’y a pas que moi qui réalise mes rêves laissa-il aller un petit sourire taquin à ces mots. Et j’aimerais beaucoup aller te voir jouer, mais je paierais le plein prix. Quand même !

Il rigolait comme si cela allait de soi de payer totalement le billet. Il ne voudrait pas passer pour un riche avec des privilèges. Étrangement, à ces pensées, la vilaine rancune appelée Harlan remontait alors en lui pour s’attacher à son cœur. Un voile soucieux ne put pas s’empêcher de s’emparer de son regard.

Elle souhaitait maintenant faire du cinéma. Ce n’était certainement pas lui qui allait empêcher sa sœur d’être la prochaine Meryl Streep, cette femme ayant gagné il ne savait plus combien d’Oscars. Il était rassuré en même temps qu’elle ne reparle pas du sujet Harlan pour aborder plutôt sa carrière.

- Tu me ferais visiter la ville de fond en comble alors …

Avait-il un petit sourire aux lèvres la taquinant gentiment tout en s’étirant un peu plus les jambes vers le bas. Il avait presque manqué oublier ne pas être dans sa maison en laissant ses chaussures sur le tapis sans aucune politesse. Heureusement, dans un tortillement sûrement digne des plus grands contorsionnistes, Peter avait réussi à rentrer la chaussure dans le pied gauche à nouveau.

Il s’était alors penché un peu, observant en même temps sa sœur rayonnante face à son compliment. Aussitôt qu’il reprenait sa station assise, elle l’étreignit doucement. Ce geste marqua le terminus pour ses pensées précédentes et sur Harlan et sur sa culpabilité envers son frère. Il rigola soudainement franchement. C’était un rire soudain, rarement aperçut chez cet homme normalement faisant montre de si peu de sentiments. Elle lui donnait le fou rire, car à chaque petite seconde il repensait à lui-même, esclave de sa sœur, devenue impitoyable face à SON argent.

- En tout cas, je sais que tu sauras négocier tes contrats ! Un homme d’affaires aurait même peur de perdre contre l’impitoyable Bucky Swan !

Réagissait-il au quart de tour semblant retomber en enfance avec cette blague follement idiote. Bon, sa sœur avait été trop petite pour blaguer et se moquer alors qu’il était lui-même enfant ou plutôt adolescent, mais vous voyez ce que cela signifie : Peter passait une excellente soirée et aucun alcool ne faisait effet en plus.

Elle lui demanda alors le pourquoi du comment il se trouvait aussi à Los Angeles. Encore sur le fou rire précédent, la commissure de ses lèvres se soulevant de temps à autre, Peter haussait les épaules.

- Il faut croire que j’avais envie de revoir ma famille.

Il continuait à sourire, car ce n’était évidemment pas faux souhaitant se rapprocher d’Eliza et de ses enfants. Mais Peter prit ensuite une grande inspiration tout en posant machinalement un regard las sur le plafond. Ce serait triste si je devais partir aussi vite que je suis arrivé pour cause d’un fraudeur têtu voulant me tuer songea-il devenant silencieux pendant plusieurs secondes voire peut-être plus d’une minute entière. Il arrivait effectivement à Peter de se perdre dans ses pensées au moment d’une conversation. Comme s’il devait se ressourcer dans son esprit pour être plus clair par après.

- Je voulais me rapprocher d’Eliza redescendit-il finalement son regard bleuté vers Bucky. C’est assez récent, mais ta nièce et ton neveu sont aussi en ville.

Eut-il un petit sourire alors que cela le frappa en plein visage : Océane ressemblait tellement à sa tante. Côté caractère, elle était aussi folle - ahrem, optimiste - qu’elle. Il se passa une main dans les cheveux à nouveau las. Il soupira.

- J’ai aussi acheté un hôtel à Venice Beach.

- Non. Je crois qu’ils n’aiment pas trop se balader avec papa à l’âge ou ils sont rendus.

Pouffait-il de rire à la rétorque de sa sœur quant à Océane et Maximilien. Puis, elle devenait si excitée qu’il se demandait laquelle était sa sœur et laquelle était sa fille. Parfois, c’était si difficile à les différencier. Les deux jeunes femmes se ressemblaient tellement dans leur optimisme, leur joie de vivre et leur énergie à la tout va. Il hocha la tête en guise de réponse positive face à la question de sa sœur, seule affirmation aussi que Peter put se permettre dans l’impossibilité d’en placer une autre.

Ouvrant momentanément la bouche voulant quand même rappeler à sa sœur que Eliza et lui-même étaient divorcés, Peter réfléchit et passa plutôt à l’autre bonne nouvelle dans sa vie : l’hôtel. En quelques sortes, l’hôtel lui permettait de rester à Los Angeles. C’était un moyen du hasard … Ou l’avait-il forcé ? Peu importe, il se laissa choir confortablement dans le canapé. Elle parlait de manière si légère de cet hôtel prenant même le parti de le taquiner sur le prix aisé à payer.

- Je suis désolée Bucky baissa-il la tête penaud, mais néanmoins incapable de cacher un petit sourire. Je ne croyais pas avoir dit cela aussi platement. Quoiqu’un pot de Nutella est quand même plus facile à gérer … Et … C’est non. Tu vas faire fuir tous les clients. Quand même.

Il souriait de toutes ses dents comme si maintenant c’était à lui de taquiner. Bah quoi, à chacun son tour. C’était vraiment agréable d’être de nouveau ensemble, de se sentir aimé et libéré de tout ce poids lui pesant depuis son arrivée à Los Angeles. Même s’il préférerait parfois avoir à gérer le pot de Nutella à l’hôtel. Le Nutella n’essayait pas de vous tuer lui. Ok, cela dépendait si vous y étiez allergique, mais là n’était pas la question.

Peter approcha Bucky et la serra tendrement contre lui, épaule contre épaule, comme seul un grand frère peut le faire avec sa petite sœur. Les yeux de la jeune femme brillaient de toutes les étoiles qui pouvaient exister dans l’univers au moment ou elle le complimentait d’être un bon père.

- Merci chuchota-il tout en lui donnant un baiser sur le front. Je veux faire de la publicité pour ta comédie musicale dans mon hôtel. Enfin, si tu es d’accord et … Si ton investisseur l’est aussi.

Un très léger soupir d’agacement sortit d’entre ses lèvres alors, mais si ténu, on se demandait s’il avait réellement existé. Après tout, Peter avait aussitôt fait un clin d’œil à sa sœur quant au sujet épineux pouvant revenir aussi vite qu’il avait disparu ce soir.

Notre homme garda plutôt le silence pendant un moment. Il ne réfléchissait même pas pour une fois. Il ferma agréablement les yeux faisant que profiter du moment présent ou il se sentait si bien, si détendu et heureux pour en oublier toutes les autres complications.
Puis, il se redressa un peu.

- Et si on regardait une comédie ? J’aime bien me moquer des comédies romantiques avec toi.

Et cette soirée continuerait dans la joie et les rires de membres de la famille qui était fort probablement la plus complexe de Los Angeles.