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 Lonely World ~Oliver Sterling~

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Siobhan O'Sullivan
Team Grenadine
Siobhan O'Sullivan
DATE D'INSCRIPTION : 07/03/2018
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MessageSujet: Lonely World ~Oliver Sterling~    Lonely World ~Oliver Sterling~  EmptyLun 12 Nov 2018, 18:04

https://www.youtube.com/watch?v=WDoY4rggcGw

Les mots cruels. les mots assassins. Les mots destructeurs. Ils hantent la jeune femme. Ils défont l'Irlandaise. Ils déconstruisent sa force et sa rage, si durement acquise depuis près de cinq ans, elles qui étaient si naturelles sur sa terre natale. Siobhan est rentrée chez elle dans un état second. S'est effondrée sur son lit sans une larme. Son esprit est devenu un théâtre qui ne passe qu'une seule séance. Les aventures en technicolors et 3D  de Machiavel, Prince roué et destructeur. Sans oublier le son Hd. Car sa mémoire a tout imprimé. Les intonations, les mouvements de mains, les regards de mépris. Il en reste aucun échappatoire à la Sylphide. Impossible de dormir. Elle a fumé cigarette sur cigarette. Impossible de s’asseoir, de rester immobile. Pas cette fois. A 4h du matin, elle a fini par lâcher prise. Totalement. Elle quitte son appartement, sans un regard, sans même s'assurer qu'elle a pris ses clefs. Bien nichées au fond de son sac, la force de l'habitude.

Gosh. Elle aimerait tellement. Elle aimerait tellement qu'un représentant de la faune de Venise Beach, si délicate et particulièrement raffinée , vient l'aborder. Vienne lui chercher noise. Elle a pris son téléphone. Et elle manque de joindre Texas. De lui demander une heure de son temps. Il dort peu, la salle est juste à coté. Mais la rousse se connait. Si elle s’entraîne avec lui cette nuit, elle va finir par le plaquer contre un mur. Et elle sait. Ce sera une baise sale. Une baise dégueulasse. L'athlète mérite mieux de sa part que ce genre d'étreinte. Au final, elle les blesserait tous les deux. Et Oliver en sortirait indemne. Comme il y a -un coup d'oeil à sa montre- il y a trois heures. Juste trois heures qui ont suffit à détruire son équilibre. Aucun camé, aucun Junkie ne  vient l'interpeller. Ils savent. Ils sentent que la rousse qui déambule dans l'un des pire quartiers de la ville, à l'une des heures les plus dangereuses est une bombe à retardement.

De guerre lasse, à Six heure du matin, elle rejoint son appartement. Une douche. Presque glacée qui ne change rien. Soudain, ce sont les vannes qui s'ouvrent. A l'eau froide, ses larmes, brûlantes et salées se mêlent. Un torrent qui la prive de toute force. Elle tremble de tous ses membres lorsqu'elle ressort de sa salle de bain. Ca tombe bien, son service est dans moins de deux heures. Le temps de se préparer et elle pourra ouvrir. Tant pis si elle est en avance. Siobhan n'a rien  mangé, rien bu. Pas une goutte d'alcool. Elle aurait peut être du. Elle ne voit rien de la journée. Finit par se forcer à manger une soupe préparée par Flavie, clairement inquiète du comportement de la serveuse. Elle ne prend quasi aucune pause et au lieu de rentrer chez elle après le service du matin, elle enchaîne avec celui de l'après-midi. Puis celui de la soirée. Retour  à plus de minuit passée.

Pendant près d'une semaine, elle subsiste sur ce rythme infâme. Ne dors plus la nuit, arpente le bord de l'océan et s'abrutit de travail. Tout pour ne pas penser. L'éclat flamboyant de ses yeux est ternis, le plis de sa bouche ne sourit pas. Elle se renferme sur elle même, ne sait plus plaisanter. De grands cernes sombres mangent sa peau piquetée de rousseur.  Elle refuse de regarder la moindre bouteille. Une centaine de fois, elle hésite à contacter Dimitri. Juste pour discuter avec lui, de tout. De rien. L'entendre, si ancré dans son humanité quand elle part à la dérive et devient un ilot solitaire et morbide. Si elle rentrait en Irlande? Surement l’accueil de l'Ira ne saurait rivaliser avec la cruauté d'un golden boy sans âme? Dès qu'elle cesse de bouger, Oliver s'impose. Son indigne caresse sur la joue. La folie de leurs derniers baisers. Le claquement de sa paume sur sa joue.  Le contact de son torse contre le sien. Le mépris dans ses yeux océans.  Elle ne mange que parce que Flavie le lui impose.  

Jusqu'à ce que Matthias ne le supporte plus. Son débonnaire patron, qui éprouve une amitié sincère pour sa serveuse, finit par mettre une fin à cette pathétique pantomime. Il devine, n'a t'il pas facilité quelques jours de congés pour escapade à Washington? Il devine qu'un homme est responsable de ces tourments.  Il interdit à Siobhan de revenir avant trois jours plein de repos. De ne pas se présenter dans cet état si elle est aussi pâle. Elle a manqué de tomber, victime d'un vertige, quelques heures plus tot, en servant une de ces tables. Trop c'est trop. Il est hors de question qu'il soit le témoin silencieux de la destruction de l'Irlandaise. Et sa décision est finale.  Siobhan argumente. Lutte. Se défend.  Cela n'aura aucun effet. Il rappelle que c'est lui qui la paie. Et que si elle continue, il la vire. Il l'adore, mais il la vire.  Et pouf. Le congé forcé s'allonge à une semaine pleine. La bouche de Siobhan s'ouvre. Veux s'indigner. Puis, sagement, décide de se taire. Pousser Mathias dans ses retranchements serait une erreur qu'elle ne veux pas commettre.

Il n'est que 17h. Si tôt. L'Irlandaise finit par rentrer dans son cloaque.  Elle évite de se regarder dans le miroir, c'est moche, un coeur brisé. Sur son téléphone, elle compose un numéro en Irlande. Avant de couper le début d'appel, avant même que la tonalité ne se fasse entendre. Catham. C'est vers son frère qu'elle se tournait. Il n'est pas là. A cause d'elle. Encore une fois, elle manque de joindre Dimitri. Pour préférer ne rien en faire. Elle serait un fardeau, dans cet état là. Une douche. Elle se change.  Un jean noir, un pull à coll roulé d'un bleu si tendre.  L'exacte nuance des yeux d'Oliver, elle n'en a pas conscience. Elle se raidit lorsqu'elle accroche bien malgré elle son reflet. Fond de teint. Indispensable pour ne pas être faire peur aux enfants. Après tout, Halloween, c'est terminé. C'est en pilote automatique qu'elle ressort, indifférente au bruit du talon de ses bottes. Elle a froid, est sortie sans une veste. Qu'importe. Elle est gelée depuis des jours.  Elle glisse et vogue aux de ses pas, sans but. Celui de tuer le temps. Sans se soucier de la ronde de ses pas.

Avant qu'elle ne s'immobilise net.  Brutalement.  Elle est devant la porte d'un bar qu'elle connait à la fois si bien et si peu. Le Blue Whale.  C'est là où sa route a croisé celle d'un impossible et sublime jeune politicien. Non qu'elle avait eu la moindre idée à ce moment là. Elle a envie de s'étrangler devant l'ironie acerbe de la situation. Siobhan avait totalement oublié qu'il  était si dans un recoin perdu de Venice, sur l'un des canaux historique, et pourtant si loin des routes tourristiques. Elle hésite. Va pour rebrousser chemin quand la porte s'ouvre, laisse passer un couple qui en sort et qui lui tient la porte, assumant qu'elle veux y entrer. Les notes d'un jazz délicat s'échappent et flattent son âme à vif. Pourquoi pas. Au point où elle en est.

La jeune femme s'avance dans la salle. Elle n'est pas une habituée, une anonyme de plus, et elle rejoint rapidement un tabouret au comptoir. Pourquoi pas. Elle n'a pas bu une goutte d'alcool et elle découvre qu'elle est assoiffée. Une hésitation. Un verre de vin rouge, français, inspirée d'une demoiselle au Champagne. Un verre de Bushmill  21ans. Le serveur la regarde avec une certaine attention, avant de lui offrir un sourire aux notes de légère séduction qu'elle ne voit qu'à peine. C'est pourtant un séduisant brun. Elle aime les bruns. Ne veux plus jamais regarder un blond. Et encore moins des yeux pervenches. Elle demande qu'on laisse les deux bouteilles. A plus de 175e la bouteille, c'est largement au dessus de ses moyens. Mais quitte  à se détruire les sens, autant le faire jusqu'au bout.  Elle est tournée vers la scène, se perdant dans les notes de Jazz sans accorder la moindre attention à la porte.
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Oliver J. Sterling
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Oliver J. Sterling
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MessageSujet: Re: Lonely World ~Oliver Sterling~    Lonely World ~Oliver Sterling~  EmptyDim 09 Déc 2018, 19:30

Chet Baker - Almost blue

Une nuit.

Regard alerte, respiration erratique, Oliver l'esclave du sommeil peinait à trouver le repos sous la mélopée des expirations apaisées de Lucya, signe d'un sommeil sans rêves. Putain. Malgré un lit de cent-quatre-vingt et une volonté farouche de s'éloigner d'elle, son corps réagissait à sa fiancée comme à une bactérie étrangère, déclenchant un branle-bas de combat qui le maintenait radicalement éveillé. Sa nuque se tendit, dotée d'une conscience accrue de sa présence dans son dos et toute sa colonne vertébrale fut nouée par une réaction épidermique qu'il ne contrôlait pas : un rejet. Elle n'était pas l'irrésistible Siobhan. Furtive pensée rapidement balayée au rang d'idiotie, écrasée salement, quelle risée. Viendraient les jolies blondes, les farouches brunes, pour que plus rien ne lui revienne. Un rejet absolu de sa fiancée, aggravé par les semaines, les mois, l'année en la compagnie d'une fleur fanée dont les épines se multipliaient à mesure que les pétales chutaient. Oliver serrait la mâchoire à s'en faire exploser les dents d'opaline : Morphée avait toujours été son ennemi. Un ennemi sans faille qui le pourrissait jusqu'à la moelle. L’interdiction de repos pour le Prince de l'Amérique était un fardeau parmi d'autres. Il en avait pris l'habitude. Mais là n'était pas son combat. Cette nuit, il voulait dormir. Cette nuit, comme la suivante, il avait besoin de dormir.

Flots d'un agenda vainement surchargé pour planquer bien au fond de la gorge toute cette haine, cette odieuse saveur, cette terrible rancœur, celles de la déesse des Enfers, Perséphone, Hadès hurlait sa colère depuis ses flammes. Mais Hadès ne voulait pas enlever Perséphone. Il ne pouvait pas.

Les jours passèrent, trépassèrent, et il se flingua au boulot, confiant ses pêchés et ses maux tout entiers inconsciemment à son peuple, fidèle, en qui, toute confiance et tout amour pouvait être sincère, pouvait être clamé haut et fort. Il se flingua aux soirées, les fameuses, les plus bacchanales typique du Sterling, où l'alcool, les mannequins, filles faciles et la dope coulaient à flot. Mais le cœur n'y était pas. Il ne battait pas. Il tombait, une fois encore, il se flinguait, par-ci, par-là, des nanas entre les bras, des poisons entre les veines, des sourires entre les lèvres, il se flinguait l'esprit pour ne plus penser lorsqu'en de rares occasions, le Prince serait seul sur son trône. Seul face au Silence, face à ses mots, ceux de l'irlandaise qui hantait ses nuits et ceux dans sa tête qui le guidait sur le chemin tracé en son honneur.

Ne plus penser au retour du fantôme qu'il avait détruit autant qu'il s'était lui même tiré à terre, à quel point le déroulement de cette relation sans attache avait bien pu lui échapper, et à tout ce que son immersion dans sa vie proprette avait pu saccager. Ne plus penser à son géniteur et ses bassesses. Ne plus penser à cette femme supposée lier son sort au sien, pour toujours, et qui peinait à tenir une semaine sans chercher à rendre friable le sol sur lequel il se tenait. Derrière ses allures de fils à papa indolent, à l'existence idéale, bercée par tous les putains de dieux de l'Olympe, Oliver portait sur ses épaules l'éventuelle déliquescence de la famille et agissait en conséquence. Ce n'était pas l'instabilité de Leo, la perfection de Harlan ou les idioties de Kristy qui risquaient de causer leur perte : c'était lui. C'était la mort qu'il portait en lui comme un étendard. Lui le fils prodige, l'élite de la famille, le seul à brandir à bout de bras l'avenir de sa famille agissait également comme un catalyseur au crâne trop étroit pour les secrets qui y cogitaient. C'étaient eux, ce tout, qui l'empêchaient de dormir. L'anxiété, la haine, davantage que la culpabilité, des sentiments de faible, pour les faibles, que Oliver avait appris à taire avec les années, du moins le pensait-il. La prudence, en revanche, était la plus importante des vertus. L'une de celles qu'il n'avait jamais connues, les noyant au fond du lac ténébreux de son âme à l'adolescence et qui entreprenait une remontée formidable depuis que le visage magnifique de son ex-amante lui rappelait quotidiennement le crime qu'était son existence.

♚ ♚ ♚

Une fin d'après midi. Il craint que la nuit ne survienne de nouveau, ne s'empare de son cœur trop isolé. Où se trouve-t-il ? Vit-il encore d'adrénaline ?

Le vibreur de son téléphone résonna contre le bois de merisier et un sourire satisfait aux lèvres, le golden boy se leva de son fauteuil de cuir pour décrocher, déjà convaincu d'entendre le timbre bas, rauque, de son plus jeune frère chercher une excuse pour décommander, sans avouer qu'il envisageait en réalité de tirer son coup sur le siège arrière d'une bagnole quelconque. Il maintenait un visage affable, placide, malgré l'irritation qui mordait son ventre : Leofstan Sterling possédait depuis toujours cet étonnant pouvoir sur lui. Des excuses, toujours des excuses, des conneries, toujours plus. Et il ne recevait jamais plus que de maigres remontrances. « Bien sûr Leo, c'est normal, tu te dois d'empêcher un homme instable à l'intelligence contestable de ridiculiser encore davantage la fonction suprême. Notre oncle comprendra, il a attendu neuf ans, il n'est plus à un mois supplémentaire n'est-ce pas ? » Fausse cordialité de façade où se glissait pourtant l'acide de la rancœur qui n'échappait pas au benjamin fougueux. Il savait qu'il détestait le sous-entendus et le cynisme supposé ébranler sa folie de jeunesse. « Je ne suis pas sarcastique, je dis simplement que ta famille peut attendre, à côté de l’appétence de ton nouvel ami pour les missiles balistiques. » Oliver se délectait de la joute verbale à venir, tout en rhétoriques sirupeuses, lorsqu'un parfum entêtant, enivrant, vint chatouiller ses narines. Siobhan. Il y a des détails qui ne s'estompaient jamais des mémoires, encore moins de celle, sensitive, qui ne trompait pas. Le jeune politicien s'était résolu à oublier bien des choses concernant sa seule conquête hissée hors de ce carcan grivois, mais limitant. Il avait effacé farouchement des données, seul maître de son intellect, parce que c'était plus facile ainsi mais certaines persistaient toujours à le coloniser tel un virus. La sensation de sa nuque délicate contre ses doigts, les feulements singuliers de sa voix à l'abandon, la vision de son minois de nymphette privé de tout artifice et sa putain d'odeur, qui vint le frapper comme un uppercut. Prodige lorsqu'il s'agissait de travestir ses traits, au poker, aux échecs, comme dans les mondanités, à la télé sur les plateaux, le visage ciselé d'Oliver n'affichait rien d'autre qu'un pincement évident alors que ses prunelles se repaissaient du spectacle d'une Siobhan bouillonnante, abîmée par ses maux, par les leurs. Elle était passée par là. Et bientôt, il se rendit enfin compte où ses pas assurés avaient décidé de le porter. La façade chaude de souvenirs délicieux se montrait alléchante, mais bien lourde de sens, et les tintements de jazz qui firent danser son âme qui avait trop longtemps fait semblant, lorsque, sans réfléchir plus longtemps, il se laissa happer et passa la porte, lui chuchotaient des mots sensuels, apaisants. Plus rien n'avait d'importance. Leo était bien loin désormais et avait raccroché après quelques mots sans qu'il ne s'en rende compte.

Pour rien au monde il ne l'aurait manquée. Elle était là. Sans l'être vraiment. Elle n'avait rien de la Majestueuse de leurs folies passées. Mais elle était là. Comme une évidence. Il voulut immédiatement courir dans l'autre sens, lâche qu'il était à cet instant, et retourner se plonger dans la froideur de son manoir. Oublier auprès de whisky japonais, de rires cristallins tout contre son torse d'Apollon, de ses visages dont il oublierait l'existence à la seconde où ses désirs frustrés seraient repus. Mais il était entré et certains regards s'étaient déjà tournés vers sa Majesté. Le temps d'un soupir, il enfila une paire de Loewe Wayfarers qu'il avait toujours dans la poche de son costume et se fit plus petit, bien silencieux et si peu exigeant pour un Sterling. Pour une fois, il ne souhaitait pas qu'on le remarque. Il décida de se cloîtrer au fin fond du bar, autour d'une table ronde, dans un coin sans lumière, non loin de la scène, où il pourrait observer un peu la lionne sans un mot, avant de retrouver sa meute d'ici peu. Il analysa ses moindres faits et gestes, ses traits las et ses sourires inexistants. Elle lui faisait mal, à ne pas vivre. Rapidement, la colère lui monta jusqu'aux poings. Il haussa un regard appuyé à un serveur et lui chuchota quelques mots autoritaires, ainsi qu'un petit quelque chose entre les doigts.

« De la part d'un certain monsieur Sterling. » déclara le dit-serveur à la rousse, en déposant un simple verre de whisky irlandais, sur la pochette du costume qu'il portait quelques seconde auparavant, un petit carré de soie bleu électrique. Les deux bouteilles hors de prix commandées quelques secondes auparavant par la déesse déchue n'avaient pas tant de valeur à côté, si ce n'était celle dégueulasse qui rendait les hommes tel que lui dans tous leurs états. Mais elles n'avaient rien qui pouvait faire chavirer les âmes des damnés d'amour, de passion et de tant d'autres frivolités. Il était inscrit quelques mots sur le tissu dispendieux, quelques maux en italique de cette écriture caractéristique des Grands Hommes. Pourtant, cette écriture était plaintive, douloureuse, moins droite dans toute sa courbesse Juste qu'elle ne devait l'être. Elle n'était pas neutre et foudroyante. Elle souffrait de couleurs sangs. Souris, je t'en supplie.
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Siobhan O'Sullivan
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Siobhan O'Sullivan
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MessageSujet: Re: Lonely World ~Oliver Sterling~    Lonely World ~Oliver Sterling~  EmptyMer 19 Déc 2018, 11:44




Dans le fond de sa poche, ses doigts jouent sur un petit sachet de poudre si fine, si blanche. Siobhan ne l'a pas acheté, ne l'a pas demandé. Cadeau de noël d'un inconnu? Erreur de livraison? L'Irlandaise l'ignore. Elle l'a découvert  il y a quelques jours, et c'est devenu, en quelque sorte, un talisman maudit. Ho, ce ne serait pas la première fois qu'elle se laisse envelopper par les nuages aiguisés de la cocaine. Ni la dernière fois. Mais là, elle joue. Elle joue contre elle même. Combien de temps va t'elle tenir?  Combien de jours? D'heures? Tenir contre les angles acérés d'une réalité contre laquelle elle ne cesse de se blesser depuis qu'Oliver a fait volte face. Une voltige qui n'a aucun sens. A vrai dire, depuis son départ d'Irlande plus rien n'a vraiment de fondation. Où  bien est ce depuis que Neill s'est placé, menteur, sur sa route? Ses doigts relachent la tentation neigeuse pour se servir de l'une des deux bouteilles devant elle.

De la main, elle fait tournoyer la robe d'un verre de vin rouge, savourant les différents aromes sans avoir une connaissance suffisante pour les déchiffrer. Se contentant d'apprécier les saveurs globales qu'il lui offre. Après tout, elle n'a jamais pris de cours d'oenologie ni eu l'occasion de gouter nombres de grands crus pour affuter son palais. Elle est une fille de basse extraction. La plebe dans toute sa laideur. Elle ferme les yeux, luttant pour chasser de son esprit la vision du rictus d'Oliver, de ses mots à l'acide.  Renversant la tête en arrière, elle grimace devant la roideur douloureuse de sa nuque. Le Jazz aide, un peu. Trop peu. Siobhan retient un long soupire las. Elle devrait rentrer, quitter le club, prendre les bouteilles et sombrer  chez elle. Sauf que non. Dormir est devenu un refuge bien trop éphèmère.  Le repos est une illusion, une trop courte trève.  Ses yeux sont fixés sur le devant de la scène et contrairement à ses habitudes paranoiaques, ne prête aucune attention aux différentes  issues. C'est une erreur, murmure sa vigilance, c'est quand plus rien n'a d'importance que l'Ira sort sa tête serpentine. Est ce que ce serait si grave? D'être ramenée en Irlande? De devoir affronter Bradley O'Duaine? Qu'est ce qu'il va vraiment lui faire? Un frisson glacé lui rappelle que c'est une ligne de pensée dont la poursuite est dangereuse. Trop dangereuse. Au final, elle n'a pas envie de savoir ce qu'il pourrait faire. Son imagination est trop précise.

Elle sursaute presque lorsqu'un serveur s'approche de sa table, un nouveau verre en main. La Sylphide allait l'arrêter, arguant d'une erreur quand l'homme secoue sereinement la tête et lui indique d'un mouvement discret de la main la table obscur où a pris place sa Némésis. Monsieur Sterling. Il l'a suivi? Impossible, et stupide, ce n'est pas son genre. Elle croit. Une coincidence meurtrière, plus probable. Une flèche décochée en pleine colone vertébrale. Elle se redresse sechement, luttant pour ne pas  suivre du regard la direction indiquée par l'employé. Pour ne pas renvoyer le verre à son propriétaire. Mais non. D'une part, elle ne désire pas faire de scène et l'autre, de l'autre, elle est trop épuisée pour l'affronter. Pas ce soir. Peut être que si elle ne touche pas à ce rameau d'olivier, il partira? Retournera à sa vie d’embûches et de paillettes? Ho, la jeune femme a terriblement conscience que l'existence du Prince Sterling est bien  loin d'être aussi aisée, aussi dénuée de blessures et de difficultés qu'il ne laisse paraitre. Simplement, ce ne sont pas les mêmes. Leurs  croix sont aussi lourdes à porter, elle en a l'intuition. Elle ne prend pas une gorgée du verre. Non, ce qui la cristallise, c'est le carré de soie bleu. Un bleu vif qui tranche avec les teintes ettoufées qui les entoure. Un bleu sauvage et séduisant. Un bleu Oliver. Du bout des doigts, elle en effleure la douceur assassine, avant que les mots ne la percutent à la manière d'un coup de poing. Non, elle ne froisse pas le tissu. Elle pâlit encore d'avantage. Avant de le plier et de le ranger soigneusement dans son sac. Ca, elle le garde. Un enfantillage, mais elle désire garder au moins ce petit morceau de lui. Il est temps d'achever les blessés et d'exploser l'ambulance. Une longue inspiration et la jeune femme se décide. Abandonnant derrière elle ses deux précieuses bouteilles et le verre plus modeste, elle quitte son siège. Traverse la pièce d'un pas qui ne flanche pas pour venir se poster devant lui, sans s’asseoir, restant debout. Si proche. Trop proche pour leur bien à tous deux.

Délicatement, elle tend la main vers lui et lui retire ses lunettes de soleil hors de prix.  Elle les plie et les repose sans brutalité vers la table. Le regard qu'elle pose est grave, dénué de jeux et de colère. Siobhan refuse de lui parler si c'est un miroir qu'elle contemple. Refuse de ne voir que son reflet au lieu de ses prunelles. -Plus de masque, Oliver, s'il te plait. - Autant qu'il en est capable, en tout cas. Autant qu'elle en est capable, en tout cas. Il a les traits tirés, fatigués. Ses yeux sont ombrés de pénombre, durcissant son regard. Il manque son étincelle facetieuse. Et si il sourit, elle ne le voit pas. D'aucun pourrait l'attribuer aux taches que ce bourreau de travail effectue quotidiennement. C'est d'avantage. Un miroir de ses maux. Presque malgré elle, ses doigts fuselés glisse sur l'hématome affadit qui orne sa joue, en trace le contour, avec une légèreté féerique. Si elle ne savait pas qu'il était là, il est presque impossible de le distinguer. Sa main retombe -Je suis désolée, je n'aurais pas du te frapper. - C'est probablement l'excuse la plus facile pour le coup le moins grave.  De sourire, il n'y en a pas. Pas l'ombre d'un spectre. Elle n'a jamais été plus mature et plus adulte qu'en ces secondes. Son coeur est douloureux, si profondement douloureux qu'elle va s'effondrer si elle ne se force pas à continuer. Il faut qu'ils assument. -Je... je ne vais pas revenir sur ce que l'on s'est dit la nuit dernière. -Non. Surtout pas. Impossible.  Ses prunelles accrochent ses étoiles boréales, s'y arriment de peur de sombrer. Les prochains mots sont les plus durs. Elle n' y a pas vraiment réfléchi, mais en fait, ils sont d'une logique glacée. Ses doigts tressaillent de l'envie de le toucher à nouveau, de tout oublier pour se réchauffer à la brûlure de sa peau contre la sienne. De son souffle contre le sien-Tu avais raison. Je n'ai pas de place dans ton monde. Je n'avais pas compris  à quel point la Politique et ta carrière sont une vocation pour  toi, le coeur de qui tu es. Et je ne suis pas la femme qu'il te faut pour t'accompagner et t'épauler convenablement.

Jamais paroles plus sincères et plus réelles n'ont été prononcées. Il n'a pas la moindre idée de qui est la femme qui se tient, à demi défaillante, devant lui. De son ascendance, de son existence en marge de la loi en Irlande, de l'épée de Damocles qui pèse sur elle. Si la presse ou les paparazzis devaient s’intéresser de trop près à elle, les revelations qu'ils pourraient faire endommageraient sérieusement la réputation d'Oliver et pourrait compromettre son avenir. Et elle... elle serait aussi dans les emmerdes jusqu'au cou. Les scandales traversent l'atlantique. Siobhan allait probablement continuer sur la même lancée, finissant de piller, de détruire, de réduire en bris de verre ce qui restait de vivant entre eux, en elle, au nom de la Raison et d'Instances Supérieures lorsqu'elle son regard est attirée par une apparition qui franchit la porte du club. Son visage se décompose. La femme n'est certainement une trailer trash. Tout en elle trahit la bonne éducation et l'élégance. Ce n'est pas une mannequin ou une fille d'une nuit. Son maquillage est parfait et les traits de son visage sont un ravissement pour les yeux, tout comme la tournure de sa taille et de sa gorge mis en valeur dans un tailleur pantalon parfaitement coupé. Ses prunelles caramels brillent d'une intelligence d'où la malice n'est pas exclue. Non, ce n'est pas une fille d'une nuit, le genre dont le Prince se tient en général éloigné pour justement éviter les complications. Siobhan croit reconnaitre en elle une personnalité prédominante dans un des cabinets d'un sénateur démocrate, sans parvenir à se souvenir de son nom. Le sourire complice qui fleurit en voyant la silhouette d'Oliver se découper en ombre chinoise n'est qu'à peine terni  par une pointe de perplexité à la présence d'une autre femme avec celui qu'elle a quitté une nuit plus tôt. Déjà elle se matérialise et pose une main délicate sur l'épaule du jeune homme, la manicure est absolument exquise et parfaitement en accord avec la chemise d'Oliver.  Elle se penche et dépose un baiser sur le lobe d'oreille, à l'intimité si évidente. Quelques mots  à la voix veloutée- Tu m'as manqué hier matin Darling. Viens chez moi ce soir. -Elle a évidement décidé que l'autre femme n'était pas un obstacle à une nouvelle nuit échevelée.

Siobhan vacille alors qu'elle murmure, pâle comme un linge, détruite par la beauté inaccessible de l'homme qu'elle aime bien malgré elle: -Serieusement? Tu as donné rendez vous à ton amante? ici? -Ses mots sont presque imperceptibles tant ils sont défaits. Il n'y a aucune force, aucune rancune. Juste une déception et une tristesse insoutenables. Elle n'arrive même pas à être en colère. Elle secoue la tête et pivote. Tourne les talons avant de perdre toute dignité et de se fracasser en sanglots. L'irlandaise se force à se répéter que cela vaux mieux comme ca. En aveugle, elle s'éparpille dans le fond de la salle. L'endroit est tellement select qu'il y a pas des toilettes. Il y a un boudoir, une pièce séparée qui donne ensuite sur les toilettes féminins et masculins. Elle ne va plus loin que le grand arc de cercle, orné de grands miroir et tapisseries généreuses, heureusement désert. Ses doigts ont retrouvés le sachet d'Illusions et elle a atteins son point de césure. Elle l'ouvre et dispose le carré de soi bleu sur le marbre rutilant, puis le mirage opalin. A l'aide d'une carte bancaire, elle trace l'équivalent de quatre fines lignes.
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Oliver J. Sterling
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Oliver J. Sterling
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MessageSujet: Re: Lonely World ~Oliver Sterling~    Lonely World ~Oliver Sterling~  EmptySam 09 Fév 2019, 00:11

Il savait délicieusement plaire, Oliver, il savait se parer du charme félin, létal, des hommes de pouvoir au magnétisme irréprochable. Mais il savait aussi forcer les esquisses plaisantes jusqu'à les transformer en couteaux et faire luire une flamme supérieure au sein de ses prunelles chatoyantes. Avec Lucya, il forçait souvent le trait censé la faire fuir. Mais la suédoise fuyait de moins en moins, plongeait de plus en plus profondément dans sa peine, celle même qu'il prenait précisément grand plaisir à ignorer : à force de côtoyer le loup, le petit chaperon rouge était venu à accepter éperdument sa perte, la forêt serait son labyrinthe. Le politicien, ce soir là, se montrait particulièrement salaud avec elle. Dans un long soupir, il prit la peine de savourer une gorgée de scotch avant d'accorder à nouveau à sa fiancée un centième de sa délicieuse attention. Un ange passa. « Je vais très bien. Combien de fois vais-je devoir te dire de te mêler de ce qui te regarde, uniquement de ce qui te regarde, Lucya ? » asséna durement le politicien d'un timbre aux allures de fouet, en finissant son verre d'une traite. La vérité était bien plus cruelle. La vérité c'était qu'il ne pouvait pas même la concevoir, cette vérité, c'était qu'il n'avait pas même le droit de la voir en face, cette vérité. La vérité, c'était qu'il n'avait jamais été assez honnête pour la mériter. Rien n'allait plus comme le prince le souhaitait. Un rien l'irritait et l'insomnie lui jouait de drôles de tours au Palais. Il avait fauté auprès d'une journaliste, de manière minime, de manière quasiment invisible, mais le mot et le ton furent de trop. La perfection qu'il se devait de présenter n'avait aucun droit de relâchement. Suite à cela, de nombreuses rumeurs fusèrent inévitablement à son sujet et sur sa potentielle rupture avec Lucya. Ahh, s'ils savaient. Ils étaient totalement à côté de la plaque, ces pauvres gueux. Non, seul son visage revenait nuits et jours le hanter avec cette insolence typique irlandaise. Et ses prunelles chocolats affreusement désenchantées qui s'imprimaient dans les fissures de son âme tragédienne. Stop. Éperdument, Oliver s'était accroché à son planning de ministre (littéralement), s'efforçant à mettre un poing d'honneur sur sa carrière dorée, comme il l'avait si vilement clamé devant sa la rousse. Ou peut-être que cette raison là n'était que celle dont il voulait se convaincre pour effacer toute cette colère qui le rongeait et qu'il ne voulait pas comprendre, pour omettre que la véritable raison de cet acharnement n'était que la douleur vive et enflammée résultant de leur rupture brutale l'autre soir. Il devenait si faible, pour elle. Il devenait si mauvais, pour elle. Il était pitoyable. Il ne pouvait pas se permettre de prendre de tels risques. Il ne pouvait pas lui permettre d'en prendre non plus. C'était pour leur bien à tous les deux... Était-ce seulement moins douloureux de se répéter inlassablement ces mots terriblement raisonnés et raisonnables ?

Absolutely not, golden boy, you should know that, fuck.

♚ ♚ ♚

Oliver observait avec une appréhension étrange, de celles qu'il ne ressentait qu'avant ses grands débats médiatisés, les doigts de la rousse effleurer, se balader le long du carré de soie qu'il lui eut offert lâchement, depuis sa ridicule cachette, derrière ses ridicules lunettes. Impossible de se présenter face à elle avec une franchise qu'il n'avait pas, il n'en avait pas la possibilité... et pas le courage. Que faisait-il là ? Pourquoi ne partait-il pas ? Ses questionnements incessants et incalculables lui prenaient la tête, lui donnant la migraine. Il s'énervait tout seul, et la voir aussi abattue à ce bar n'arrangeait rien. Elle ne souriait toujours pas. Là, maintenant, il était encore temps de fuir, elle ne l'avait pas encore vu, il n'était pas... Trop tard. Son cœur de glace, preux chevalier blanc, manqua un battement. Un unique, le temps d'un clignement d’œil. Le courage et la prestance de la lionne le plombèrent sur place, pauvre hyène au port altiers, ridiculement pleutre et fière dans sa lâcheté. « Je ne sais pas faire sans, Siobhan, tu sais bien. » Il utilisa, bien malgré lui, le timbre bas, chaud et voilé qu'on réservait aux confessions feutrées sur l'oreiller. L'honnêteté frappante de ses mots l'étonna lui même une fraction de seconde, puis son regard ne put soutenir davantage la chaleur perturbante de celui de son ex-amante.

Sous le touché velouté, l'océan renaissait, se noyait de culpabilité, puis reprit tout aussi rapidement le contrôle évident, inné. « Ce n'est pas toi qui... » mais il ne finit jamais sa phrase, soupir, agacé, puis reprit. « Ne t'excuse de rien. » Le sujet inévitable ne put s'éviter. Forcément. Ses traits se durcirent de nouveau, il se revêtit aussitôt de son masque. Navré, darling, but i can't... « Je n'en attendais pas moins de ta part. » qu'il souligna d'un sourire, de ceux qu'il servaient à n'importe qui. Le couteau, terrible arme blanche meurtrière et si reluisante, venait se planter ça et là depuis les lèvres de la rousse. Son cœur tenait bon, il n'avait de toute manière jamais été conçu pour autre chose que se faire bousiller. Oliver demeura silencieux quelques instants, le visage se voulant absolument dénué de toutes expressions pouvant dénoter sa faiblesse sur l'instant. « Si cela peut te rassurer, il n'y a et n'y aura jamais qu'elles dans mon cœur. La Politique et ma carrière, comme tu dis, sont les seules raisons pouvant expliquer ma présence sur cette foutue planète, Siobhan. Je ne suis bon qu'à ça, et gosh que je suis doué pour ça, regarde moi. » railla-t-il sans se départir d'un sourire en coin se voulant arrogant de prime abord, mais tendant davantage vers la rancœur.

Faussement nonchalant, il suivit du regard celui tout d'un coup curieusement happé vers l'entrée du bar de Siobhan, pour se voir tomber drastiquement des nues. Madison Carter. Madison putain de Carter venait de passer la porte de son pas caractéristique et sensuel. Qu'est-ce qu'elle foutait là ? Oh. Leo. Il n'avait pas répondu et elle avait due, comme d'habitude, demandé à son cadet de quelconques nouvelles.

Immédiatement, le blond s'était redressé, tous ses sens en alerte. Un sourire somptueux au bout des lèvres, né d'automatisme résigné, lorsqu'elle vint à sa hauteur définitivement ruiner toute la scène s'étant précédemment jouée. Mais, finalement, est-ce qu'elle n'était pas venue à son secours ? Est-ce que ce n'était pas la meilleure chose qui pouvait arriver ? Au croisement incolore de la mer d'ambre de l'irlandaise, Oliver sut que non. Et pourtant... « Peu importe, Madi. Je suis là maintenant. » Il se montra lapidaire, de son ton de vainqueur de concours d'éloquence qui ne souffrait aucune contradiction. Celui même que la belle brune chérissait et qu'il savait, qu'elle chérissait. Sans ne plus réfléchir à rien, si ce n'était à sa pomme, à sa Politique et sa carrière - il l'avait prévenue -, il s'appropria avec une frivole férocité les lèvres de son bon Pays. Les lèvres de la démocrate avaient goût de Liberté. Mais elles étaient bien trop sucrées, si écœurantes... à moins que ce n'était les siennes, à lui. Il se recula doucement de sa jeune collègue et planta son regard, indifférent se devait-il d'être, sur le visage de poupée de porcelaine. C'était si dur de la voir si brisée, mais si cela était nécessaire, alors... Le fantôme de la déesses s'envola au loin et plus rien n'eut d'importance. « Qui était-ce ? » roucoula la voix mi-enjôleuse mi-moqueuse de Madi tout contre son oreille. Le temps s'était arrêté de couler. L'horreur de l'éternité à venir. Sans elle, l'air s'était affadie. Sans elle, le jazz en arrière plan n'avait plus aucune tonalité exaltante. Sans elle, il n'avait plus rien à faire ici. « Personne. » déclara-t-il dans un soupir contrit qu'il ne put cacher.

« J'imagine que tu as beaucoup de choses à me raconter sur Leroy, on m'a prévenu de ta présence au Congrès, ça avait l'air tendu. Qu'est-ce que tu dirais d'un repas au Newport ? » proposa le blond à Madison, souhaitant plus que tout quitter ce club au plus vite, s'éloigner le plus possible de Siobhan. S'il ne se pressait pas pour partir au plus loin dès maintenant, il anéantirait en quelques pas, en l'espace d'une impulsion soudaine et irréversible, l'espace le séparant de la rousse pour l'emprisonner de ses bras possessifs et illégitimes, et de toute sa toxicité mortifère. Mais il ne ferait pas une chose pareille. Il ne lui infligerait pas plus qu'il ne l'avait déjà fait, surtout quand il pensait pourtant avoir été déjà bien assez tranchant et qu'il s'avérait qu'il était encore capable de bien pire. Diable qu'il était, il agissait pour le bien de l'Ange, mais pour le sien également, égoïste voleur d'âme.

La porte claqua sur leurs deux silhouettes félines et les bourdonnements du jazz derrières eux se firent de moins en moins audibles.

Le moyen le plus sûr de vaincre la tentation c'est de la fuir.
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Siobhan O'Sullivan
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MessageSujet: Re: Lonely World ~Oliver Sterling~    Lonely World ~Oliver Sterling~  EmptyLun 11 Fév 2019, 17:45

https://www.youtube.com/watch?v=zHa92QvAGc0


Cela fait quel son, un coeur qui se brise? Cela fait quel son, un coeur qui se brise pour la seconde fois? Siobhan est dénuée de toutes armures face à  Oliver. Elle est venue sans armes. Avec simplement l'espoir. L'espoir, de quoi, elle l'ignore. L'espoir de Lui. Juste Lui. Car pour un sourire de ses yeux aux teintes d'un ciel d'été, l'Irlandaise est prête à toutes les folies et toutes les erreurs. A tout réparer et à tout oublier. Pour se perdre une nuit de plus dans ses bras et le paradis de son sourire mutin. Elle se déplace vers lui, son chevalier de destruction. Comment ne pourrait elle se l'interdire, quand la Lionne n'aspire qu'à renaitre avec lui.

un soupçon d'illusion, qu'ils puissent cesser de jouer ce jeu malsain, d'abandoner les costumes et les artifices. L'Irlandaise le risquerait, avec l'intime conviction qu'ils sont de taille à renverser les tempêtes et les foudres. Que si sa main se lie à la sienne les nuages de ténèbres qui les alourdissent vont enfin se déchirer. Qu'elle pourra respirer. Enfin. Elle est en apnée depuis qu'ils se sont quittés. C'est en train de la démolir, respiration manquée par souffle avorté. La sincérité de sa réponse, la douceur trop tendre de son ton s'affrontent. Une verité que Siobhan refuse. -Oliver, je t'aiderai. Je t'apprendrais, mon âme.  

Sa paume  à son visage, la sensualité de son épiderme, pour une caresse fugitive qui se veux promesse. Elle est prête, elle, la plus fière des sorcières des  landes, à tant de concessions.  Ses doigts retombent. Glacés. Siobhan retrouve ce froid polaire qui est devenu son compagnon d'infortune. Petits poignards qui s'échardent et l'ouvrent de leurs banalités méprisantes. Elle le dévisage. Comment peut il se montrer d'une telle cruauté. Ils ont dépassés les convenances et les platitudes.  Les mots raisonnés, comment ne peut il pas les écarter d'un geste du poignet? Ne voit il pas à quel point il lui serait si facile de les guerir.  Sa carrière et sa politique.  Elle se ferait femme de l'Ombre. La brume derrière son sourire.

-Non, je  refuse que tu  te condamnes. Que tu nous condamnes. Ce n'est pas aussi simple, love. La vie... n'est pas aussi ordonnée. J'ai assez de force pour deux.
. -L'abandonner à sa solitude forteresse et prison? Elle esquisse un sourire qui permet d'entrevoir les folles passions qui brûlent en elle. Qui la consument. Des forces de vie et de mort. Elle porte en elle autant la capacité de les sublimer que de les anéantir. - Tu n'es pas doué QUE pour cela, golden bird.

Ses mains déjà veulent étreindre ses épaules. Le forcer à la voir. A la regarder vraiment. A admettre qu'un Nous est ce qui le portera au sommet. Son geste s'immobilise. La vision est irréelle. Délicieusement sophistiquée. Une inspiration. Une expiration. Comment a t'il pu chosir CE bar pour rencontrer une de ses poules? Non. Elle a un peu plus de classe. A vrai dire, Siobhan s'en fout. Elle ne devrait pas être là. Point. La colère aurait pu tout balayer.  Sauf que le Prince est en représentation et l'Irlandaise est le théatre et le spectateur. Il se lève. Et se montre rayonnant, chaleureux, irrestible. Immonde. Pour elle. Pour elles. Il l'écoeure.  Avant qu'il ne la tue. Qu'il ne plonge en son sein une lame de trahison bien plus acérée que tout ce qu'ils ont pu s'infliger.

Ce baiser est un message.

Et l'indifférence parfaite de ses prunelles la signature. Elle pivote. Fait volte face. Une seconde de plus en sa compagnie et c'est la fille des rues qui prend le dessus. Oliver ignore tout de Siobhan  O'Sullivan. Il ignore tout de la Siobhan O'Sullivan presque jumelle de Catham O'Sullivan.  Il ne sait rien de la violence et du sang versé. Des armes et des luttes. De son sang qui hurle une vengeance sur un peuple qui l’oppresse depuis plus de cent ans. Il ignore que si ils étaient à Belfast, ce n'est pas de la cocaine qu'elle aurait dans son sac, mais un flingue. Que la cervelle de sa maitresse d'un instant recouvrerait son costume sur mesure.  Elle  fuit. Elle fuit pour ne pas vomir et pour ne pas laisser la Furie qu'elle avait presque fait disparaitre resurgir et les emporter dans une nuit si ROUGE.

Le sachet de Cocaine. Le carré de soie bleu éléctrique. Quatre lignes parfaite. Elle les sniffe sans s'attarder une seconde.  Et la drogue vient frire et dezinguer ses synapses. Siobhan ferme les yeux. Se laisse tomber au sol, assise. Elle renverse la tête en arrière. Et voit Tout. Elle se  voit courir et attraper Oliver pour l'embrasser, sans se préoccuper de l'autre femme. Elle se voit lui agripper la main et l'entrainer... Ailleurs. Elle se voit l'appeler à se fracasser les cordes vocales et ses bras autour de sa taille quand il revient vers elle. Tout. Toutes les possibilités. Toutes les ramifications. Pour se heurter sans cesse à un fait nu et objectif. Il a embrassé une autre femme devant elle. Sans hésitation. Délibérément. Et sa fierté, sa fierté d'Aigle lui interdit de l'oublier. De faire comme Si. Pas cette fois. Impossible.

Quand l'espoir agonise et qu'il ne reste plus rien, c'est presque un soulagement. Un soulagement dénué de joie. Une absence de promesse. Un rien. Mais qui anesthésie. Ou bien est ce la poudre qui crame ses veines? Il ne l'aime pas. Il ne l'a jamais aimé. Ils n'ont rien été de plus que les apparences. Quelques semaines de plaisir rapidement oublié. C'est elle qui a créer des chimères là où il n'y a jamais rien eu.  Il n'y a jamais eu de déclaration enflammé de sa part. Pas de promesse. Non. Ces  mirages ne sont que de son fait, pas celui d'Oliver. Pour la seconde fois, elle a pris le risque d'aimer. Pour la seconde fois, c'était une mascarade. Un rire rauque et déchiré. Elle savait pourtant après Neil que c'était un luxe dont elle ne peut payer le prix. Au moins, cela a duré six mois. Huit mois. Pas plus de deux ans. Le serveur s'approche d'elle. Elle lève la tête. Elle le regarde mais ne le voit pas. Il n'y a que deux catégories d'hommes en ce moment. Oliver et pas Oliver. Il n'est pas Oliver. Il n'existe pas. Pourtant, elle se laisse guider par lui. Revient à sa table.

-Est ce que le verre a été payé?
-Bien sur mademoiselle.

Elle le  pousse vers lui, sans y avoir touché, ainsi que le carré de soi. Le garder? Non, plus maintenant.  Il n'a plus de sens. Les mots écrits dessus la revulse. Dommage qu'elle n'ait plus de cocaine.
-Prenez les deux.
L'homme hausse les épaules. Boit le verre. Mais ne reste pas loin. Et Siobhan ne boira pas seule sa bouteille de whisky et de vin rouge. Là où précédement, elle avait soigneusement gardé sa sobriété, elle implose. Elle n'essaie meme pas.  Et quand elle part du club, elle n'est pas seule non plus. Les heures suivantes sont dignes de l'enfer. C'est crade. C'est sale. C'est pervers et destructeur. C'est absolument mécanique et effrayant. Il est près de trois heures du matin quand elle emerge. Trop de conscience. Malgré tout cela, elle est encore bien trop consciente à son gout. Son corps est encore empoissé de l'autre. Elle est seule quand elle remonte les allées de Venice Beach. Le quartier est aussi insalubre qu'elle. Elle finit par rejoindre un banc délabré. Pourquoi est ce qu'elle arrive encore à penser! Il faudrait quoi pour que cela cesse? L'ironie ne lui échappe pas. Le premier a détruit toute sa vie en Irlande et le second la met face  à la vacuité de ses années à Los Angeles. Sa décision est tellement limpide qu'elle sait qu'elle est de  diamant. Il lui faudra régler plusieurs choses avant notamment..... La pensée de son frère est tout aussi douloureuses. Trois hommes dans sa vie. Trois blessures  à divers degrés de responsabilité. Parce que pour Catham...  Elle fera face aux conséquences. Elle n'a plus grand chose à perdre.

Elle n'a pas besoin de voir pour taper son sms.

Golden Prince
_________ 00/00/0000 _________

C'est terminé entre nous Oliver. Je ne veux plus jamais te revoir. Ce qui d'ici trois mois ne sera pas difficile. Je rentre en Irlande.
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