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 In this melancholic paradise ♚ Sio

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Oliver J. Sterling
Team Tequila Sunrise
Oliver J. Sterling
DATE D'INSCRIPTION : 15/11/2017
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MessageSujet: In this melancholic paradise ♚ Sio   In this melancholic paradise ♚ Sio EmptyMar 19 Fév 2019, 18:22

The Wanted - Show Me Love (America)

I could've shown you America.

Je rentre en Irlande. Le souffle de l'orateur s’essoufflait peu à peu. Sa colère, sa fatigue, ses peines, s’exerçaient sur ses pauvres collaborateurs du Cabinet Sterling. Mais lorsqu'il était seul, il craquait, ne serait-ce qu'un petit peu. Seul, la plume à la main et le cœur bien loin de là, il ne savait pas ce qu'il foutait là. Mais elle était là, dans sa peau, elle restait là, dans sa tête. Ses mots lui revenaient encore et encore. Il ne pourrait pas l'ignorer éternellement. La douleur.

Cela ne coûtait rien de s'expliquer. Un peu d'encre et de courage. Cela coûtait si cher, finalement. Et Oliver n'était pas riche, pas dans ce domaine là.


 
 

 
O. S.
Loin de toi

 
Siobhan O'Sullivan
35 boulevard Lincoln South, Venice Beach

 
Dear Siobhan,

 
T
oi et moi, nous n'avons jamais été très honnêtes, lovely. Je ne suis pas le seul à avoir joué. Je ne puis pas même le seul à avoir chuté. Mais je suis celui qui a fauté, à plusieurs reprises. J'en assume l'entière responsabilité et ne regrette pas un instant ce choix que j'ai fait : celui de nous préserver, chacun loin des dangers de l'autre. Je sais que tu le comprends parfaitement, au fond de toi, je sais que tu le sais. Te souviens-tu de nous à nos débuts ? Tout était tellement plus simple. J'ignore ce qui est venu tout salir, tout ravager. Nous étions une si belle idylle. Tu dois te dire que c'est moi, et c'est le cas, mais ce sont aussi nos mensonges, nos non-dits, nos quasi, nos presque... Tout ce qui n'a pas vu la lueur du jour, tout ce qui n'a plus aucun sens de toute manière. Je n'ai fait que les mettre en lumière méchamment. Je n'ai pas été juste avec toi, j'ai été diablement con, mais j'ai au moins réussi à te faire lâcher prise, à nous ouvrir les yeux sur cette réalité qui n'est pas nous deux. Et c'est stupide, c'est puéril, je sais. Mais ce n'était à aucun moment censé se dérouler de cette manière là. Je n'ai jamais eu de contrôle sur toi, irish girl, sur moi à tes côtés, sur nous, et ça, c'est plus effrayant encore que n'importe quel débat au Sénat, que n'importe quel discours devant mes compatriotes. Il faut que tu comprennes que je ne t'ai jamais vu comme une conquête parmi d'autres. Tu es bien plus que cela, Siobhan, et je te souhaite de m'oublier, je te souhaite le bonheur dans ton bon pays, loin d'ici. Loin de moi.
 

 
One who was once your Golden Prince.
©️ sobade.

 

 


La pointe de la plume d'Oliver ne voulut pas se lever, rebelle. Le dernier point bien trop appuyé, faillit tout faire couler, tout ruiner. Un froncement de sourcils et le blond plia la lettre proprement pour la glisser dans une enveloppe qu'il timbra et marqua du sceau rouge sang des siens, les Sterling, représentant un "S" italique. « Monsieur Sterling ? Votre allocution va bientôt commencer, il va vous falloir vous préparer pour prendre votre jet privé. » Oliver releva le menton, pris par surprise et acquiesça machinalement. « J'arrive. »

We could have reached the highest heights.

C'était la deuxième fois. La deuxième fois que cette envie aussi fugace qu'inexplicable lui prenait. Cette envie d'avoir la pitoyable impression de l'avoir à ses côtés en lui écrivant quelques mots stupides et mièvres, en s'expliquant sans avoir à faire face à la souffrance de l'avoir devant ses yeux, d'avoir ses mots endiablés ou sa peine déraisonné. Un bouclier aux sentiments. Il était bien beau, le tribun. Il avait si fière allure, là. Non, il se dégoutait. Il ne savait même pas si elle avait reçue la première lettre. En tout cas, il n'eut aucun signe de sa part. Mais comme la première fois; il ne chercha pas à réfléchir au delà. Ils étaient déjà si loin, l'un de l'autre, pour qu'il ne compte encore les kilomètres les séparant à l'infini.


 
 

 
O. S.
Loin de là

 
Siobhan O'Sullivan
35 boulevard Lincoln South, Venice Beach

 
Dear Siobhan,

 
J
e t'ai menti le soir où nous nous sommes revus. Je t'ai dit que j'aimais ma fiancée, ce n'était pas vrai. Je voulais te blesser, je voulais juste que tu comprennes que... Je ne sais pas trop ce que je voulais, mais je t'ai menti. Oh tu dois te demander encore pourquoi je prends la peine de t'écrire, quel crétin je fais, mais je préfère être un crétin spontané que me mentir à moi même. En parlant de mensonge, tu dois bien rire également à me lire comme s'il s'agissait là du seul mensonge que j'ai pu t'énoncer. Mais l'ironie semble bien m'apprécier ces derniers temps, depuis que tu es loin de là.

Tu me manques. Sincèrement. Je ne mens pas. Je n'y arrive plus. Prends soin de toi.
 

 
Someone who cared about you.
©️ sobade.

 

 


Et cette fois, la plume tomba, se brisa dans un bruit sourd contre le sol marbré de son bureau luxueux. Il demeura interdit, un long moment, comme déconnecté de la réalité. Il n'avait plus de quoi écrire. Très bien. Certains auraient pris cela pour un signe, mais Oliver se contenta de plier la lettre, de la glisser dans son enveloppe, de la timbrer et de la marquer de son sceau. Une nouvelle fois. Il l'enverra.

Now I'm lost in the distance




O. S.
Loin de tout

Siobhan O'Sullivan
35 boulevard Lincoln South, Venice Beach

Dear Lost Siobhan,

T
u me dois un sourire. Je sais que j'ai tout gâcher, que je t'ai humilié, je sais que tu me détestes, que tu ne souhaites plus entendre parler de mon existence. Mais je n'oublie pas ce sourire que tu me dois. Et c'est une chimère, car je ne l'aurai pas. Jamais plus. Tu es probablement bien loin de tout, à l'heure où je t'écris. Dans ton pays, l'Irlande. Je comprends que tu ne puisses vivre loin de ta patrie, je ne pourrais pas moi même quitter l'Amérique. Mais je sais aussi que le mystère plane autour de ton passé, de ton histoire, tu n'es pas uniquement celle que tu m'as montré. Tu es belle, Sio, tu as éveillé une part de moi dont jamais je n'aurai soupçonné l'existence. Et pour cela, je te remercie. Tu m'as fait voyager le temps d'un Nous que je n'oublierai pas. J'ose espérer que tu as été vrai, toi aussi, mais je réalise maintenant que tu m'as caché bien des choses à ton sujet. J'espère sincèrement que tu te portes bien, je m'en voudrais d'embaucher des hommes pour enquêter plus longuement à ton sujet... Ce ne serait pas correct, mais je m'inquiète.

Someone.
©️ sobade.




Oliver marqua un temps de pause, incertain de la tournure que prenait sa lettre. Rapidement, il chassa ses pensées négatives et se contenta, une énième fois, de plier la lettre, de la glisser dans son enveloppe, de la timbrer et de la marquer de son sceau. Il l’enverra, celle-ci aussi. Il sentit tout à coup son téléphone vibrer dans la poche de sa veste couleur acier. Harlan. Il lui répondit brièvement. Il allait refermer son smartphone lorsque le sublime du visage de Siobhan le frappa comme un coup de fouet. Évidemment, il l'avait toujours sur Skype. Comme hypnotisé, il passa un petit moment à relire en diagonale leurs conversations passées. Mais cela faisant bien plus de mal que de bien, il s'efforça à tout refermer aussi sec. Mauvaise idée. Terrible idée.

♚ ♚ ♚

Que faisait-il ici, exactement ? Par quel miracle ou quel Dieu des Enfers avait-il été guidé jusqu'à cette porte ? Pour qui ne l'aurait pas connu, Oliver Sterling ressemblait à un homme comme les autres dans cette rue. Beau, toujours rayonnant, mais effroyablement terne dans toute cette clarté faussement affichée. Il portait un sweet à capuche et un jean tout ce qu'il semblait de plus banal. Mais Sterling ne rimait pas avec banalité. Aucun artifice, aucune paillettes pour lui vouer cette assurance rassurante; il demeura sur le palier de cette porte, trempé de la tête aux pieds. Le temps était salement contre lui. Un peu comme tout le monde, ces derniers jours. Siobhan ne devait même pas être chez elle, enfin, dans cette demeure, son chez elle, il l'avait bien compris, c'était l'Irlande. Après tout, elle l'avait dit elle même : elle rentrait. Il se sentit ridicule tout à coup. Il était là, ne ressemblait à rien, n'avait rien dans les mains, pour elle, pour s'excuser. Il était juste là, et il se sentait de trop. Cela faisait à peine quelques minutes qu'il cogitait, et voilà qu'il rebroussait déjà chemin. Les poings fermés enfouit dans ses poches, les yeux rivés sur ses baskets, il ne fit pas attention à qui pouvait bien obstruer sa route. Un pauvre gueux qui commença à s'énerver contre lui. « Mais ça va pas bien dans ta tête, mon gars ? Tu peux pas regarder où tu fous les pieds ?! » Cet imbécile ne savait pas à qui il parlait... Tant mieux. Il en profiterait. Le poing était déjà parti. Cela faisait un bien fou. Ridiculement, les deux hommes qui ne se connaissaient ni d'Eve, ni d'Adam, avaient commencer à se défigurer l'un après l'autre pour aucune raison, sous la pluie et les quelques regards des passants.

Souvent, la rage portait son nom. Siobhan.
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Siobhan O'Sullivan
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Siobhan O'Sullivan
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MessageSujet: Re: In this melancholic paradise ♚ Sio   In this melancholic paradise ♚ Sio EmptyMer 20 Fév 2019, 13:51

Elle a recu la première lettre un matin, juste avant d'aller rejoindre Megara pour son rendez vous mystérieux. Il lui a suffit de voir au dos de  l'enveloppe épaisse, la griffe écarlate et le S sauvage qui la signe. Siobhan n'a pas eu besoin de l'ouvrir pour en connaitre l'auteur. Il lui a fallut de longues minutes pour trouver le courage de la décacheter. Pas une seconde pourtant, l'hypothèse de ne pas l'ouvrir, de la déchirer sans la lire ne la traverse. Cela serait probablement préférable pour son âme écorchée vive, mais elle n'a pas cette résolution là. Il lui est difficile de trouver fautes à ses mots. Non. Ils n'ont pas été honnêtes. Ni lui ni elle. Ils ont parés de légèreté et d'insouciance une romance qui était bien plus réelle que cela. Leur réalité est deux mondes, qui s'opposent sans merci et diamétralement. Son coeur en lambeaux s'achoppe pourtant sur la fin. Comment peut il lui assurer qu'elle était différente des autres et offrir ses lèvres si librement, devant elle, avec ces prunelles d'une indifférence glaciale, à cette brune incendiaire? Et c'est presque plus douloureux devant le gâchis qu'ils ont fait d'Eux. Si Siobhan pouvait tout refuter en bloc, si elle ne trouvait que nouveaux mensonges et tromperie, la missive manuscrite aurait trouvé sa place dans la première poubelle. A l'inverse, elle la plie soigneusement et la range dans son sac à main. Elle sait déjà qu'elle la relira souvent. Que les échos n'ont pas finit de percuter les murs de son esprit. C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles elle frappe si fort avec Megara. Qu'elle perd tout illusion de contrôle.

Le second courrier lui parvient la veille du jour où elle se décide, enfin, enfin, à rassembler assez de volonté pour appeler son frère. Siobhan inspire sèchement en lisant les mots, de cette plume et graphie qu'elle apprend à connaitre et aimer. Une cigarette au bout des doigts qui se met à trembler. Lucrecia Von Rosenborg. Une épée de Damocles dont elle a toujours été consciente, tout en refusant qu'elle pèse sur eux. En exigeant qu'elle n'ait rien avoir avec eux. Qu'elle ne soit qu'une illusion lointaine. Elle a tout fait pour oublier cette femme qu'il est destiné à épouser. la Sylphide n'a pas remis en cause la déclaration d'amour de l'Ange Blond. Pour une raison très simple. Elle n'a été fiancé qu'à un seul homme et l'a aimé avec une passion dévastatrice. Elle conçoit si mal un mariage de raison. Rire? Non.  Elle n'a pas envie de rire en le lisant. Il lui manque à en perdre tout sens et elle n'a que trop conscience que son comportement destructeur n'est pas de la responsabilité d'Oliver. Le faire peser sur lui aurait autant minable qu'un vulgaire chantage au suicide. Ce n'est ni pour lui ni pour elle. Non. Cette noirceur qui a envahit tant d'espace mental, elle la connait bien. C'est sa faille mortelle. Elle aime trop et sans limite. Elle s'était juré que c'était terminé après Neil. Qu'elle ne se laisserait plus jamais atteindre. Chimère. Sa première années à Los Angeles. Non. Elle refuse. Refuse d'accorder le moindre souvenir à cette période. Mais il faut qu'elle réagisse pour ne pas sombrer plus profond. Son seul ancrage, sa seule boussole ne peut être que Catham, aussi loin d'elle soit il. Son absence n'en est que plus naufrageante. Elle a besoin, un besoin vital d'entendre sa voix.

La troisième missive est la plus dure. Elle est sortie depuis moins de 48h des griffes perverses de l'Ira. Elle n'est passée chez que pour aller récupérer quelques vetements. Pour le moment, quelques soient les tensions avec Neil, rester seule est un cauchemar. C'est inenvisageable. Son corps est encore marqué violemment parce ce qu'elle a subit aux mains des soldats de l'Organisation et son poignet est fraîchement platré. Elle ne se sent en sécurité qu'entre les murs de l'appartement de l'Irlandais. Mais c'est une situation qu'elle refuse à long terme. Espérant que le massacre ait désorganisé suffisamment les plans d'O'Maley pour qu'il ne l'ait pas fait surveiller.
Le ton est trop tendre, trop doux, trop lui. Trop juste aussi. Il y a tellement de silence de son coté. Des omissions qui deviennent des mensonges par trop de présence. Siobahn ne sait pas comment revenir en arrière. Ils n'ont pas dissimulés les même part d'eux même. Le besoin, presque irrepressible, de le contacter. Mais elle s'est plongée dans un tel puits de violence et de morts qu’entraîner son Golden Prince dans ce miasme serait d'une cruauté assassine. Pas alors que l'espace de quelques mois, il a été astre solaire. Qu'il a écarté de l'irlandaise, sans le savoir, tant de nuages.  Elle lui doit un sourire. Est ce qu'elle sait encore sourire? Il ne mérite pas de découvrir par le rapport impersonnel d’enquêteurs l'envers sanglants de sa rousseur. Ne le fait pas, Oliver. Je t'en supplie. Ne t'inflige pas ca.




Une semaine plus tard.



Il lui est impossible de rester à Venice Beach. L'endroit est trop sale, trop mal fréquenté, trop dangereux, il serait titanesque d'organiser une surveillance pour la protéger. Et tant qu'O'Maley court encore, il serait folie de la croire en sécurité. En cela, elle a finit par se ranger aux arguments de Neil. Elle a cessé de consommer de la drogue à tout va. Elle recommence à tenir droite, un peu, avec moins d'alcool. L'avertissement de ces 24h d'enfer ne peut être oublié aussi vite. Il faut qu'elle déménage. Habiter avec l’irascible irlandais serait la solution la plus évidente, la plus simple pour s'assurer que l'orage passe. Elle ne parvient pas à s'y résoudre. C'est replonger dans des souvenirs d'une vie détruite. C'est retrouver un quotidien qui ne serait que le fantôme de leur vie commune à Belfast. Elle n'est pas prête pour cela, ces derniers jours l'ont prouvé. N'est pas certaine de l'être un jour. Il a finit par céder sur ce point, il n'a pas eu le choix, il a obtenu tout le reste. Elle a démissionné de son boulot de serveuse, couper les ponts avec ses autres extra professionnels, n'a jamais rappelé Catham. Ils devraient quitter Los Angeles. Mais... il y a des avantages à pouvoir prévoir les mouvements du Tueur de l'Ira. Ils ont trouvé une solution médiane, qui ne les satisfait ni l'un ne l'autre. La marque d'un bon compromis, parait il. Elle rend le bail de son appartement à Venice, et vient loger dans un de ceux qui servent de Safe house à la police de LA quand elle en a besoin. Siobhan ignore comment il s'y est pris, mais celui n'est qu'à un bloc de l'immeuble de Neil. De quoi réagir rapidement si il y a besoin. Et elle sait qu'il n'est pas convaincu de cette solution. Il en faudra peu pour qu'il la ramène de grès ou de force chez lui. Elle n'est pas tout à faire certaine de vraiment vouloir l'en empêcher. Ses resolutions vacillent au rythme de ses angoisses. Le convaincre de la laisser seule aller récupérer les quelques indispensables de son ancien appartement a été... compliqué.

Son poignet plâtré pulse douloureusement quand elle sort des transports. Elle est armée. Comment pourrait elle ne pas l'être? Et elle est presque certaine qu'à l'instant où elle a mis le pieds en dehors de l'immeuble de downtown, une surveillance discrète s'est mise en place. La jeune femme ne tente même pas de la déjouer. Y trouvant un sentiment rassurant. La pluie qui la martele est presque agréable. Siobhan n'a pas froid malgré son jean et son pull qui ne la protège guère de l'eau. Son bras droit est soutenue sur sa poitrine par une écharpe multicolore. Une paire de converse, exit les talons. elle a ramené ses cheveux dans une queue de cheval maladroite. Elle n'est définitivement pas Ambidextre! Elle allait passer au large des deux hommes qui se battent avant que l'éclat d' un regard et la courbe d'un visage ne l’arrêtent sur place. C'est probablement une hypothèse qu'elle n'avait pas envisagé. Qu'il cherche à la revoir directement. Pas quand le silence a couronné ses lettres. Elle fait un pas en arrière pour éviter un coup perdu. Elle n'est pas certaine de pouvoir l'encaisser. Si les bleus s'estompent lentement, les cicatrices mentales seront beaucoup plus longues. Elle ne supporte pas de voir Oliver se battre. Ho, elle n'ignore rien de la violence rarement exprimée qui navigue dans ses veines. La sylphide sait pertinemment que c'est un élément qui l'attire, au grand jour ou non. Quoique, beaucoup moins  ces derniers temps!

-Stop! Arretez vous, bordel!

Elle ne se rend compte qu'elle a crié qu'une fois que les deux hommes s'immobilisent. Le départ du second ne l'interesse pas est presque immédiat, elle ne le perçoit pas. Il n'existe pas. Le Golden Prince est ammoché. Un peu, pas trop. Il lui faut quelques secondes de plus pour se rapprocher de lui. Délicatement, de sa main valide, elle lui soulève le menton vers le ciel en larme. Le contact est léger et si puissant. Ils ne sont qu'à quelques mètres de chez elle et elle veux retrouver la sécurité relative de quatre murs. Et... ils ont  à parler. Ils se doivent au moins cela. Peu ou beaucoup, Siobhan l'ignore, mais ils ont besoin de s'écouter. Si lors de leurs dernières rencontres, Oliver lui a assuré être incapable de poser ses masques, cela devient une nécessité aujourd'hui. Tout comme il lui faudra cesser de se cacher derrière un voile opaque et déchirer ses silences. Si il veux écouter le conte morbide de la sorcière irlandaise. Elle glisse son bras dans le sien, ne parlant pas. Pas encore. Il lui faudra quelques secondes pour déverrouiller son appartement et le faire entrer avec elle. Siobhan n'allume que peu de lumière, juste la lampe près du canapé où elle s'assoit, lui faisant signe de s'installer là où il a envie. Rien ne l’empêche de venir à ses cotés, de prendre une chaise en face d'elle ou de s'installer dans le grand fauteuil de l'angle. Elle allume une cigarette avant de relever les yeux sur lui. Allumer une clope à une main est fastidieux, mais pas impossible. Ses mots sont desséchés dans sa bouche. Il ne s'agit pas d'une volonté de le mettre mal à l'aise, alors qu'elle pousse vers lui son paquet de menthol. Il y a tant à dire qu'elle en devient muette. Le revoir ici est à la fois si familier et si étrange que ses émotions sont impossible à démêler. L'envie d'un verre. Puissante. Si terriblement puissante. Pas encore. Elle se l'interdit. Si Oliver en fait la demande. Uniquement. Pas avant. Repoussant des jalons. Comme un enfant devant des objectifs trop difficile à tenir.
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Oliver J. Sterling
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Oliver J. Sterling
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MessageSujet: Re: In this melancholic paradise ♚ Sio   In this melancholic paradise ♚ Sio EmptyVen 08 Mar 2019, 23:47

L'idée lui parut absolument conne, de prime abord. De ces idées risibles dont raffolaient ses très chèrement détestés républicains. Hier encore, sans doute demain, ces pauvres crétins minauderaient devant les siens, des roses rouges au creux des mains, des sourires dégueulassés du sang des citoyens américains plein les écrans... Ils l’écœuraient de toute leur cruauté déguisée en Devoir de Patrie. Oliver se disait que parfois, que là, il ne valait pas bien mieux qu'eux. Lui écrire était aussi infâme que de déclarer dans de beaux discours pouvoir aimer son grand pays, tout en la poignardant sèchement une fois les lumières tamisées, une fois les fervents croyants assoupis. Le tout sans même une pointe de culpabilité à la lueur des cœurs abimés. Oliver se détestait, d'être aussi faible, d'être aussi passionné. Elle n'avait rien à voir avec tout cela, et n’avait d'ailleurs jamais rien eu à voir avec son monde, le politicien acharné en avait bien conscience. C'était l'une des raisons pour lesquelles c'était si simple entre eux, au début. Mais la simplicité d'une relation sans nom fixé ne pouvait être qu'éphémère. C'était inscrit dans le marbre, dans l'histoire où tout était déjà écrit. La Fin. Il l'avait notée dans son agenda, entre son meeting à Manhattan et son gala à Vegas. That was just perfectly scripted. Et ils en étaient bien conscients, tous les deux, sans ne jamais en parler. Il n'y avait pas besoin de mots pour ça. Il y avait des rendez-vous comme ceux là dont l’issue se devait d'être absolument évidente. Elle en faisait parti. Cela aurait du être si simple. Et bordel que ça ne le fut à aucun moment. Alors s'il était possible de définir cette amertume qui coulait comme le poison dans sa gorge desséchée, Oliver prierait tous les dieux, de L'Olympe et bien au delà, pour qu'on lui réponde enfin. Lui écrire était une erreur, mais Oliver ne les comptait plus. Alors il se laissa aller à la déraison, ils étaient si loin d'avoir été francs l'un avec l'autre. Le blond n'avait plus rien à perdre, plus aucune dignité, maintenant qu'il ne l'avait plus à ses côtés, maintenant qu'elle était loin de lui.

Alors, oui, il avait écrit. Et, non, ses mots n'eurent pas beaucoup de sens car c'est l'impulsion stupide qui parlait. Pour un si éloquent personnage public, ce fut pour lui une merveilleuse décadence. Bien heureusement, personne ne fut présent à ce moment pour le constater et en témoigner avec l'ironie sale qu'il méritait pourtant grandement selon lui, pas même Siobhan, qui ne lierait pas ses lettres. Je rentre en Irlande. Des mots lourds et si légers à la fois. Cela devait arriver un jour, il fut seulement celui qui accéléra la chute en se poussant au bord de la falaise du risque, celui qui mis un point final à leur histoire pleine de mensonges et de douceurs déguisées. L'agenda du célèbre politicien se libérait enfin. Il devrait aller à son gala à Vegas, maintenant.... C'était prévu comme ça, n'est-ce pas ? Je rentre en Irlande. Encore. Toujours. Les mots lui revenaient à l'esprit comme une obsession. Bien évidemment qu'elle était là-bas. Bien évidemment qu'elle irait là-bas. Ce mal du pays faisait parti des nombreux secrets qu'ils s'étaient cachés consciemment durant leur relation. Les mots filèrent à son grand étonnement plutôt aisément sur le papier. Pas plus d'une petite lettre à chaque fois, qui en disait peu, qui en disait long. La poésie interdite et malvenue de mots d'excuses et d'explications bien tardives. Des notes pour trop tard. Mais le fait était qu'il osait tenter, bien qu'il savait à quel point c'était vain -car il était évident qu'elle n'était plus là-, de la recontacter après lui avoir infligé telle humiliation, telle trahison, telle horreur si digne et finalement si Sterlingéenne. Un instant, Oliver eut envie de dégueuler. Il réalisait. Il réalisa. Il agissait comme son fucking père. Quel échec. Comment pouvait-il encore le haïr et pouvoir se regarder lui-même dans une glace en se trouvant bien supérieur et bien meilleur être Humain quand il agissait de la même manière pitoyable ? Il chassait l'idée, aurait bien d'autres moments pour s'en préoccuper, Siobhan revenait au galop galvaniser ses pensées en constante ébullition. Siobhan, qui n'était et ne serait plus là, maintenant qu'elle était loin de là.

Oliver Sterling était de ces hommes constamment occupés pour qui les rares moments de pause se devaient d'être de véritables instants de paix. Pour sa sanité, à la fois psychologique et physique. Le burn-out était un danger permanent dans le milieu animal qu'était la politique, d'autant plus américaine, et Oliver avait forcément une organisation parfaite pour palier à ce genre de risques, mais..... Ces derniers temps avaient signé ceux de pauses absolument atroces où il réfléchissait bien trop et se tuait à la tache. Lucrecia lui tapait constamment sur le système, les souvenirs d'un amour déchiré étaient revenus le hanter alors qu'un soir il retrouva un vieil album photo dans lequel une silhouette féminine à la chevelure blonde lui cueillait les lèvres, et le départ, l'absence insupportable de l'irlandaise qui le rendait fou. Rien n'allait dans son sens, il ne pouvait jouer les sans cœur et balayer aussi drastiquement que le faisaient certains grands hommes toutes ces histoires qui le brûlaient de l'intérieur. Oh sa flamme émotionnelle n'était que trop belle, mais Oliver la craignait plus que tout. Contrairement aux croyances populaires, il n'était pas un roc. Pas plus qu'il n'était ce beau sourire radieux des écrans. Il était un homme, comme n'importe quel autre. Et comme tout homme, il s’octroyait des moments pour s’auto-détruire. Souffrir était inévitable. Cette fois là, il avait beau être l'incroyable Prince de l'Amérique, mériter toutes les louanges d'un pays en proie à l'horreur rouge, jouir de la réputation d'espoir inespéré des démocrates, gronder fièrement en tant que meneur grandiose des héritiers Sterling ; Oliver allait mal, et rien de tout cela ne changerait ce fait. Sincèrement, il était loin. Il était bien loin de tout.

Une longue semaine s'écoula. Ses lettres avec. Avec une certaine ironie, l'amusant beaucoup ceci dit (il fallait bien ça pour lui remonter le moral), il les imaginaient se balancer entre les vagues de l'océan Atlantique, au fond de bouteilles jetées à la mer. La réalité ? Très bien. Il se disait que sans doute le nouveau propriétaire de l'habitation de Siobhan les avaient déjà balancé à la benne. Bien moins mièvre et poétique, mais plus réaliste. Au fond, peu importait. Oliver avait uniquement besoin d'en avoir le cœur net. Et ce ne fut pas tant le courage qui le poussa à se déplacer de lui même chez la rousse, mais le besoin de pouvoir respirer de nouveau, d'être certain qu'il n'y aurait plus aucun espoir de la voir et de lui parler pour reprendre sa vie en main. Il voulait reprendre contrôle sur lui même, et pour ça, il lui fallait aller jusqu'au bout de ses incertitudes. Il ne toqua pas à la porte, n'osa pas. Pathétique mais prévisible. Il se contenta donc de rebrousser chemin, dans l'optique de retourner se cloitrer derrière les barrières dorées de son manoir. Malheureusement, il était à fleur de peau et c'est un parfait abruti parfaitement inconnu qui fut l'heureux élu parfaitement parfait pour détenir le rôle glorieux de punchingball humain. Le politicien comptait s'en aller après sa petite bagarre puérile dans la ruelle vide, enfin c'était sans compter l'apparition plus qu’inattendue d'une silhouette qu'il peina à reconnaitre au premier coup d’œil. L'autre s'en alla sans même qu'il y prête attention. Il n'y avait plus que l'averse et... ce fantôme. « Siobhan... c'est toi ? » souffla-t-il d'un timbre mi-soucieux mi-effaré qu'il se voulut instantanément de lui adresser. La caresse de sa main sur sa joue fit tomber la dernière barrière qui les séparaient encore. Elle était là. Pourtant, il ne la voyait pas. Ce n'était pas elle. Impossible.

Doucement, elle le guida jusque chez elle. Sans un mot. Sans un bruit. Le silence terrible enveloppait sa bouche. Comment pouvait-il se sentir plus mal maintenant qu'avant d'avoir osé franchir le premier pas vers ce besoin de réponses ? Elle était là. C'était évident. Mais non, lui ne la voyait pas. Il ne voyait là que l'image d'une femme détruite, abimée, salie... Où était sa Siobhan ? Tant de questions et de réflexions se battaient là-haut, personne ne semblait vaincre. Il se sentait mal à la voir dans un tel état. Comment avait-il pu la laisser sans surveillance ?! Il ne comprenait pas, ne savait pas... mais si il l'avait faite suivre et protéger, rien de tout ce brouillard violent ne serait arrivé, c'était certain ! Debout, comme tétanisé de la voir agir et se déplacer comme un automate, il ne réagit pas immédiatement. Après un bref instant, il fronça les sourcils, les yeux éteints avec force pour se forcer à reprendre contenance. Elle ne parlait pas. « Je nous prépare du café. » déclara-t-il, tout à coup, décidé. De la même manière qu'il l'aurait fait il y a de ça un moment, lorsqu'ils étaient encore là à papillonner ensemble ; il ôta sa capuche et passa une main dans sa chevelure dorée rebelle, lui offrit un sourire qu'il voulait chaleureux mais qui n'était que mal assuré et alla faire comme chez lui dans la cuisine de la rousse. Il revint quelques minutes à peine, les deux tasses de café en mains. Il en tint une à Sio et retourna à l'autre bout de la pièce avec la sienne. Dans un soupir, il s'appuya nonchalamment contre le mur, près de la fenêtre où les volets fermés laissaient à peine passer quelques filets de lumières. Ses lèvres eurent à peine effleuré le liquide ambré qu'il s'emporta avec naturel, la moue crispée : « Toujours aussi mauvais, gosh. » Mais cela sonna affreusement douloureux une fois que les mots eurent résonné. Comment pouvait-il agir comme si tout allait bien ? Il reporta bien vite son regard azur sur ses chaussures, un instant. Il n'était pas subtil, comment était-ce possible d'être aussi con ? Bien décidé à prendre son courage à deux mains, il releva le menton pour planter ses deux iris dans ceux si loin de Siobhan, ou de ce qui ressemblait à sa Siobhan. « As-tu...... » reçu mes lettres ? Mais Oliver se ravisa bien rapidement et préféra entrer directement dans le vif du sujet. Ce n'était plus de l'hésitation, plus même de la rétraction, mais de la peine qui vibrait de plus belle, une peine dans le timbre de sa voix basse, dans les vagues fatiguées de son regard désolé, dans ses gestes lents et millimétrés pour donner l'illusion de prestance qu'il n'avait de toute évidence pas ce jour là, dans la distance étouffante qu'il voulait garder au plus loin de l'irlandaise : « Qui te fait du mal, Siobhan ? »
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MessageSujet: Re: In this melancholic paradise ♚ Sio   In this melancholic paradise ♚ Sio EmptyDim 10 Mar 2019, 12:12

la fracture d'un regard océan
est la douleur d' un coeur abimé,
ces griefs en filigrane, béants
sont caresse d'une âme sublimée

La silhouette d’Oliver se battant sous la pluie immobilise Siobhan. Pendant quelques courtes secondes, elle reste figée. Cette présence dorée, qui échange des coups avec un spectre sans consistance, lui apparait soudain plus iréelle que toutes les autres attitudes controlées du jeune homme. Mais les battements de coeur qui s’assourdissent à ses oreilles, la violence de la course de son sang dans ses veines lui rendent un peu de vie. Sa voix resonne avec trop de force dans la rue desertée par l’ondée et cela suffit pour la ramener à la réalité. Pour que les coups cessent et que le regard du jeune prodige politique se pose sur elle.

Sa réaction. Elle inspire sechement une boufée d’oxygene. Pour la première fois depuis qu’elle le connait, sa réaction est pure. Sincère. Naturelle. Il n’a pas eu le temps de composer son visage ni d’aborder une expression de la plus charmante neutralité. Un sourire d’une ironie infinie. Là, pourtant, Siobhan n’aurait pas été contre la blancheur d’un mensonge. Car ce qu’elle perçoit dans ce murmure effaré est un reflet de son âme fracassée. D’une véracité dont elle ne doute pas. Si elle évite les miroirs depuis un certain temps, elle n’a que trop conscience que son corps est vilainement abimé, trahison fidèle de l’état de ces pensées et de son état mental. Le regard nu d’Oliver est une douleur impossible à parer. Elle ne pensait pas avoir atteint un point où il peine à la reconnaitre. Pourtant, sous ses doigts, la douceur de son visage est la même, malgré sa lèvre fendue d’un coup de poing malheureux.

Elle devrait parler. Il y a tant à dire ! Cependant, elle n’a que trop conscience des prunelles invisibles qui pèsent sur eux. En retirant sa main des traits de son prince blessé, l’Irlandaise vient effleurer la crosse de l’arme qui est accessible à l'instant dont elle pourrait en avoir besoin. Son regard qui balaie la rue et les quelques fenêtres est aiguë, vigilant. Ses mots sont morts dans sa gorge. Il y a trop, tellement trop à dire qu'elle ignore comment trier. Et soudain, Siobhan est terrifiée. Terrifiée de le voir tourner les talons à la première explication. Néanmoins, elle l'entraine dans l'appartement, ayant un besoin vital d'un minimum de privauté. Elle a l'impression que les murs se referment sur eux. Qu'ils vont les avaler et recracher leurs ames écorchées.

Offrande d'un café qu'elle ne refuse pas. Ils sont enfermés chacun d'un coté d'une muraille de cristal, sans savoir comment la briser. Les vagues tourmentées qui s'échappent d'Oliver sont si puissantes qu'elles en deviennent réelles. Les enlaçant, les éloignant, pour les rapprocher l'instant d'après. Il n'y a plus rien en ces minutes insupportables du Tribun, de l'homme du Peuple. Il est Lui. Elle n'a jamais voulu que Lui. L'argent, l'attention, les passes-droit de son choix de vie n'ont jamais eu le moindre attrait. C'est l'homme privé rencontré par hasard un soir qui a su rouvrir, bien malgré elle, son coeur claquemuré dans un hiver de souffrance. Avant que le charme exubérant de l'homme public ne la séduise aussi. Mais cette facette d'Oliver passe en second. Toujours. Ses prunelles noisettes courent sur lui alors qu'elle absorbe une partie de sa tasse et un sourire. Un sourire à sa réflexion, un sourire inattendu, rayon de soleil perçant une tempête sombre et courroucée. C'est cet instant qu'il choisit pour croiser son regard. Pour que leurs prunelles se lient et ne se quittent pas. Un frisson devant la tristesse ouverte, devant la douleur qui transperce ses yeux d'un ciel d'été. Une esquisse de question, à laquelle l'irlandaise n'a pas eu le temps de répondre, qu'il enchaine déjà. La jeune femme rafle son paquet de cigarette et se lève. Il a le droit à une réponse. Elle ignore simplement si ils auront la force d'en supporter les réponses. Elle vient vers lui. Lie à nouveau ses doigts dans les siens. Sa tête s'appose contre son torse. Juste le besoin irrépressible de sa présence, de sa chaleur contre elle. Le silence n'est plus tolérable.

-Donne moi dix minutes, love. Je vais essayer de t'expliquer. C'est... compliqué?


Il lui est difficile d'ignorer les menaces qu'elle fait peut être poser sur lui, rien qu'en retournant à Venice. Rien qu'en volant un peu de temps, juste pour eux. Son bras valide lui entoure la taille -J'ai besoin que tu me gardes contre toi, Oliver. Je suis pas certaine d'y arriver si tu es loin de moi. -Elle les guide jusqu'au sofa fatigué. Notant au passage que nul ne parait avoir pénétrer les lieux. Même les deux verres de whisky servit plus tôt dans la semaine n'ont pas subit un grain de poussière dans l'ambre de leur robe. Elle le laisse s'assoir avant de se draper contre lui, son dos contre son torse, sa tête appuyée contre le creux de son épaule, nouant ses mains autour de sa taille, le plus étroitement possible. Les rares soirées qu'ils ont passés chez elle les a souvent trouvé enlacé ainsi. Sa respiration se délie, ainsi que la ligne bien trop cadenassée de ses épaules. Les yeux clos, elle se contente d'écouter la respiration d'Oliver contre elle, de ressentir sa présence autour d'elle. De se laisser envahir par son odeur et ce qu'il est. Elle se redresse à peine, juste assez pour allumer une seconde cigarette.

-J'ai eu tes lettres, mo Sholas - ma Lumière. Le gaellique est liquide dans sa bouche, n'ayant pas eu conscience de la fluidité avec laquelle il lui est venu. Est ce qu'elle serait dans ses bras dans le cas contraire? Très peu probable. L'Irlandaise aspire une longue boufée de fumée, la laissant s'évaporer lentement devant eux. -Tu as raison. On a pillé et abimé systématiquement notre Histoire, toi par tes fracas flamboyants, moi par mes silences assourdissants. -Enfin... leurs paroles s'offrent sans masques ni illusions, sans craindre les propres blessures qu'ils pourraient s'infliger de leurs mains. -Tu m'as manqué, au delà du dicible. Te voir embrasser cette femme, en toute froideur, avec un naturel devastateur, j'ai commis plusieurs graves erreurs. -Son ton n'a ni acidité ni violence. Elle en a eu assez pour plusieurs mois! Elle a totalement perdu pieds. S'enfonçant dans des abysses dont elle n'a pas encore mesuré la profondeur. Pas tant que tout est insupportablement compliqué avec Neil. Pas tant que O'Donaigh controle la vie de Catham.

Elle se redresse d'avantage. L'idée de s'éloigner des bras d'Oliver lui fait horreur. C'est une torture cinglante que de remettre de l'espace entre eux. Elle en tremble presque. Sa cigarette frémit au bout de ses doigts. Cependant, ce qu'elle a lui dire, il faut que ce soit face à face. Elle pivote sur le canapé et croise ses jambes en tailleur. Elle écrase sa cigarette dans une coupelle sur la table avant de lui redonner toute son attention. A nouveau, les mots se bloquent sechement dans sa gorge. Ses doigts s’apposent sur son genou.

-Je ne peux pas retourner en Irlande, Oliver. Cela fait cinq ans que je ne peux pas mettre un pied en Irlande sans risquer de me faire abattre à l'instant où je descendrais de l'avion. Je le savais et j'ai essayé d'aplanir les choses. Ca a... foiré. -Elle n'explique rien! Si peu! Mais comment attendre d'elle qu'elle se lance aussi aveuglement. Ses yeux se ferment pour se rouvrir. Elle sent à nouveau la terreur qui monte en elle. Qu'il se lève et parte sans un retour en arrière. Et comment lui en vouloir?  Ce serait le comportement le plus logique. Plus encore dans sa situation. Neil lui a dérobé la faculté d’avoir suffisamment confiance en elle pour savoir quand l’accorder à  autre. -J'ai un frère, Catham. Il a eu trente cinq ans il y a quelques semaines. Dans une cellule d’une prison irlandaise. Il a été condamné pour trafic d’armes, ventes illégales d’armes de guerre, association de malfaiteur, association et promotion d’une organisation terroriste. –Le mot est laché. Organisation terroriste. Mais ce n’est pas encore assez, n’est ce pas ? Les yeux noisettes de Siobhan s’embuent  et ses cils papillonnent sauvagement pour en chasser les larmes qui montent, à mesure qu’elle se force à planter les clous dans le cerceuil de ce Nous assassiné. – L’Ira, mo Ghrá.*mon amour* Mon frère est un soldat de l’Ira depuis toujours. Je n’en ai jamais fait directement partie, mais... j’étais loin d’être ignorante pour autant. Sans en avoir conscience, j’ai facilité l’infiltration d’un flic en couverture, ou plutot je lui ai permis d’atteindre des sommets qu’il n’aurait jamais pu atteindre sans moi, tout comme la destruction qu'il a laissé derrière lui. L’Ira ne pardonne pas ce genre d’erreur, love.  Il y  a deux  semaines, en voulant joindre le numéro deux de l’Armée, j’ai perdu le controle de la situation.  Ils ont envoyé un de leur mercenaire.  Soixante douze heure après avoir tenté de joindre Catham, j’étais entre leurs mains. C’est le flic que je viens de mentionner qui m’en a sorti après plus d’une vingtaine d’heures... charmantes.

Elle ne peut pas, elle ne peut pas développer complétement le rôle de Neil. Pas tant qu’Oliver ne réalise pas pleinement le sac de vipère  que représente le passé de son amante et qui entaille salement son présent. Il sait. Il sait les silences et les non dit de sa sorcière. A quel moment a t'elle perdu le combat contre ses larmes? Elle est bien incapable de le préciser. Et pourtant, elle n'a pas detourner les yeux. Assumant l'horreur, le dégout et le rejet qui ne vont pas tarder à naitre dans les prunelles du Prince lumineux.

-C’est un monde qui est laid, tellement laid, mon Soleil. C’est un monde de sang, de souffrance et de violence. Je ne pouvais pas te salir, te plonger dans cette boue suintante de misère et  de hurlement.
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MessageSujet: Re: In this melancholic paradise ♚ Sio   In this melancholic paradise ♚ Sio EmptyMer 01 Mai 2019, 15:45

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LA On A Saturday Night

Oliver l'écoutait, parfois. Oui, il lui arrivait de vraiment l'entendre; et dès lors, l'amertume coulait à flot, comme le poison du meurtrier dans la coupelle dorée. Sa voix impériale proférant les pires atrocités que le peuple américain pouvait entendre. Sa voix susurrant des mots, certains, qu'il entendaient. Parfois. Maintenant. John Sterling, Hadès en toute puissance suffocante. La déchéance illusoire. Personne ne vaincrait jamais le dieu des morts. Et toutes les cicatrices portant ses sourires dégueulasses semblèrent se rouvrir si aisément. Les paroles demeuraient ancrées . Dans les fissures minutieuses de son cœur de métal. Dans son contrôle parfait. Sa voix, ses mensonges, et ses quelques vérités plus que tout. « On a des mondes qui ne se rencontrent plus, fils, tu le sais mieux que moi... » Et le flot d'insanité qui suivirent se noyèrent dans l'Absolu rien. Jusqu'aux derniers mots, horribles d'affection, horribles de mensonges et pourtant si beaux. Il pensa à cette Flamme qui le brûlait. « Certains secrets sont comme des fossiles et la pierre est devenue trop lourde pour la retourner. » Fuck he hated him so much....

Il existait de ces mondes qui n'auraient jamais du se heurter,
Il existait de ces secrets que personne n'aurait du chuchoter,
Voilà l'unique vérité.


La porte avait claqué, ce n'était qu'une fois parmi des milliers d'autres. Oliver reviendrait, c'était inéluctable. Il revenait toujours le voir pour se confondre d'humiliations et de menaces. La raison n'avait pas besoin d'être. Le Roi avait cette emprise sur le Prince. Et parfois, les ombres du patriarche venaient avec une douceur vicieuse recouvrir la lumière du Golden Prince. Rien qu'un instant, un maigre moment sans conséquence, se rassurait-il. Après quoi, il agissait comme si de rien n'était. La démarche se faisant naturellement prétentieuse, le torse gonflé, il l'arborait avec fierté, mais ce que personne ne savait c’était que tous les matins, sans exception, l’épingle aux couleurs Sterling trouvait toujours le chemin du cœur. Une minuscule piqûre au même endroit encore et encore, et puis viendrait l’hématome.

♚ ♚ ♚

Le contact de sa peau contre la sienne le brûla instantanément. Péniblement, le jeune homme reprit ses distances.

Il existait de ces flammes que l'on ne pouvait qu'admirer.

Un faible sourire aux lèvres, Oliver fit du silence son plus proche ami. Main dans la main, ils étaient Grands, tous les deux. Lorsqu'il l'accompagnait dans ses plus beaux discours envolés, pour lui offrir comme une rose éternelle : cette surpuissance d’Être, ces splendides émotions invulnérables. Oliver avait le charme du silence. Mais il ne pourrait pas se servir de lui éternellement. Les mots venaient enfin, les secrets se dévoilaient. Siobhan ne s'était jamais montrée aussi entière, aussi vulnérable, avec lui. Complètement démuni, le chevalier bleu n'eut que le bouclier du silence pour se protéger. Ses mots, leur sens, sa voix qui déraillait douloureusement, ce tout qui faisait sens. Une vérité atroce fit évidence : quand on a trop de mots on ne sait plus parler simplement. « Siobhan i don't have the words... darling, i... i just don't. » Prestement, il se retourna face à la fenêtre, n'en pouvant plus d'éviter simplement, lâchement, son regard. Il sortit de la poche de son pull à capuche son paquet de clope et s'acharna pitoyablement à s'en allumer une avec son briquet vide, sans succès. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu n'as qu'un mot à dire. Je ne bouge pas. » Pourtant, il était déjà loin. Déjà si loin d'elle. D'eux. Il était prêt à déployer toutes les forces de l'armée américaine pour lui venir en aide, s'il en avait la possibilité, et il avait presque tous les pouvoirs. Du moins c'était ce dont était prétentieusement certain celui qui se prenait fiévreusement pour le Dieu de l'Olympe. Mais il ne ferait rien, aussi dur et affreux ce serait-il, absolument rien, sans qu'elle le lui demande. Il n'était plus question de jeu, de la tenter, avec séduction et arrogance, de garder une robe hors de prix faite sur mesure pour ses formes, des bijoux ou de quelconques cadeaux. Le passé ne faisait plus écho au présent, dorénavant. Tout avait changé, tout changeait maintenant. « Tu sais, Siobhan, je suis certain que les gens désespérés ne doivent jamais se rencontrer. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s’effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants. Parfois, ils font plus que ça, ils se brûlent et là, il ne reste plus que les cendres. » Le cynisme douloureux dans les yeux, dans la voix, il ferma doucement ses yeux pour respirer un grand coup, silencieusement. Félin, enfin, il se décida à s'approcher de Siobhan, toujours au bout de la pièce. Mais il se contenta d'attraper le briquet sur la table basse pour enfin allumer sa drogue douce.

Et cela n'aurait pu être que ça. Mais quel adieu était-ce que cela ?
Alors il prit enfin la main valide de l'irlandaise pour venir y déposer un baiser, léger, enflammé.
Il brulait encore, ils bruleraient tous les deux.

« I want you to burn for me eternally, lovely. You were the Goddess of Fire, but i never got this. »

De certains mots, de certains regards, on ne guérissait que difficilement. Malgré le temps passé, malgré la douceur d'autres mots et d'autres regards.

Brûlé d'un amour doucement échoué, il s'en allait.
Il ne l'oublierait pas.
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MessageSujet: Re: In this melancholic paradise ♚ Sio   In this melancholic paradise ♚ Sio EmptyMar 21 Mai 2019, 17:35

Bien sur qu'il s'éloigne. Bien sur qu'elle le laisse faire. Il ne peut plus exister entre eux qu'une sincérité profonde et teintée de l'amertume des peut être. Elle a froid, si froid à cet instant. Les mots résonnent encore dans le silence et elle sait que rien de ce qu'il pourra dire aura le pouvoir de reparer le gouffre béant qui s'est ouvert sous leurs pieds. Aucun reproche ne brule leurs lèvres de ces non-dit qui les ont assassinés, goutte à gouttes, avec autant de puissance que si ils avaient choisis l'arsenic ou la belladone. Les prunelles le regardent, s'impregnent de lui, avant qu'il ne quitte définitivement l'ile secrete qu'ils ont construits ensemble, loin des attentions parasites.

A sa fenètre, il a la douleur d'une statue antique. Tout comme son immobilisme. Siobhan ne lui fera pas l'affront de revenir vers lui, de rendre plus difficile encore ces secondes poisseuses et meurtrières. Un demi sourire de Madone s'ourle à ses lèvres. Elle a eu trop de mots, il n'en a pas assez, encore une fois, une dernière fois, ils s'équilibrent. Son coeur est à sa gorge, pulse à ses tempes et s'écorche. Une offre. Qu'elle ne peut accepter. Jamais elle ne le draguera dans sa boue. Dans sa négation, ses mèches rousses dansent un instant, captent un rare rayon de soleil au travers de la pluie qui s'abat de plus en plus fort, et enflamment la pièce. L'Irlandaise a eu une dernière chose à offrir et c'est une liberté totale. Aucun relan de scandale qui salirait son nom. -Non, non mon ange doré. Ca ne doit pas être. -Son timbre a la douceur d'une brise estivale qui vient sécher la peau d'une trop grosse chaleur.

A quel prix? A quel prix pour lui si il attire la furie américaine sur les folies irlandaises? Il le ferait, sans un regard sur le cout. Non. Elle s'y refuse et sans une parole, le supplie de ne pas insister. Pas cette fois, Oliver. Il le sait, il ne s'agit plus de l'éblouir dans un tourbillon arc en ciel et exotique. Il a raison. Peut être qu'ils n'auraient jamais du entrer dans l'orbite de l'autre. Pourtant, Siobhan ne peut tout à fait etre d'accord avec lui. Il a été une flamme bien trop lumineuse dans ses tenebres. Il a été une folie douce et précieuse. Il est impossible de le regretter malgré le sel qui tapisse ses yeux. Et des cendres renait la plus invincible des créatures. Crissement du briquet. La fumée de sa cigarette qui se mèle à la sienne, qui se consume lentement, oubliée dans sa main platrée. Ses lèvres contre sa paume. Brulantes et aériennes. Elle a trop parlé et se découvre presque muette, muselée après trop d'impact-Be my Phoenix, soar, roar and conquer all.

Des larmes ne leur rendraient pas justice, pourtant la jeune femme ne peut renier la douleur ardente qui étreint son âme fragilisée. Une dernière fois, le bout de ses doigts s'eprend de la douceur veloutée de sa joue, de l'éclat de son regard, aussi ombré de tourment soit il. Il ne saura jamais à quel point elle s'interdit, férocement, de le retenir. De murmurer mots doux sans sens. Elle s'impose au contraire de ne pas être celle qui le ferait dévier de celui qu'il Est. de celui qu'il Sera. La porte se referme sur lui dans un murmure feutré qui ne fait pas honneur à la violence grondante de ses émotions.

Lune et Soleil retrouvent leur solitude aux destins contraires.
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