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  « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥

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Raphaël Grimes
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Raphaël Grimes
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 « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ Empty
MessageSujet: « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥    « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ EmptyMer 10 Avr 2019, 21:26

Ce ne fut qu’une succession de jurons, de grognements, de râles ininterrompus qui franchit les lèvres de Raphaël tandis que la soirée avancée l’avait laissé esseulé au garage. Il n’était pas rare, en dépit des heures imposées par Alaric, qu’il se retrouve plus tard à errer en solitaire au milieu des machines, des voitures et des motos. Son patron n’était pas un homme très regardant à mesure qu’il faisait une pleine confiance à ses employés. Et en Raphaël, il avait une confiance toute entière. Généralement, le motard ne comptait pas ses heures lorsqu’il était au travail, appréciant le silence diurne pour s’abîmer à l’ouvrage. Raphaël ne s’était jamais destiné au métier de la mécanique, mais il devait admettre qu’il y était tout prédisposé. Il ne trouvait de calme et de répit que dans un travail long et rigoureux, en contraste avec la vie qu’il menait. Etudier les moteurs, réparer les machines, trafiquer les mécaniques, cela l’aidait à ne plus penser, à s’évader quelque peu, ou à ordonner ses idées, la tempête des sentiments qu’il ne savait pas identifier dans les confins de sa poitrine. Raphaël n’était pas un intellectuel, il n’avait pas plus d’intelligence de cœur, mais il croyait en la réalité des choses concrètes et efficaces. Travailler se révélait être la meilleure méthode qu’il avait trouvée pour s’empêcher de réfléchir, pour éloigner ses démons, pour cacher ses vilaines cicatrices, pour ne pas noyer ses souvenirs dans les vapeurs d’alcool. En ces heures, il n’avait plus à penser à la perte définitive de Judith, à la fin irrémédiable d’une vie belle et médiocre à la fois ; oublier qu’il avait une fille aussi paumée que lui, une fille qu’il se sentait impuissant à aider ; s’ôter cette autre gamine qui le réclamait sans raison de son esprit ; et jeter dans les oubliettes cette nouvelle rencontre avec l’un des fantômes de son passé. Le cœur empli de chagrin, Raphaël ne savait plus répondre qu’avec amertume, colère et déraison. Alors oui, s’atteler à la tâche lui permettait de ne pas devenir complètement fou.

Sauf que présentement, toute son attention était accaparée par une tâche toute particulière. Des compétences en nouvelles technologies du motard, il ne fallait pas en attendre grand-chose. Outre le fait que cela le désintéressait totalement, il n’était pas un as quand il s’agissait de progresser sur les petits écrans. Pourtant, à force d’obstination et d’une bonne dose de venin, il était parvenu à faire ce qu’il souhaitait. Sa –présumée– patience, il préférait ne pas se demander où il l’avait trouvée, mais le résultat lui importait plus que ces questions métaphysiques. Ainsi, portable en main, il se retrouvait à remonter un fil d’actualités (du moins, à ce qu’il en comprenait) où apparaissait une quantité phénoménale de charabia incompréhensible, de visuels inutiles, de choses sans queue ni tête. Il rouspétait souvent, s’arrêtait sur quelques photos pour les étudier, déchiffrait des contenus improbables et, plusieurs fois, se demandait bien comment facebook pouvait être une plateforme aussi populaire et incontournable pour ce qui était de la « sociabilisation ». Car, à part exhiber une vie insipide aux yeux des autres, il n’y comprenait rien à ce resserrement des liens. La plupart du temps, les photos exposaient la chevelure flamboyante d’une rouquine qui n’était pas inconnue à Raphaël. Il la suivait au fil de ses pérégrinations, enregistrait quelques visages, notamment celui d’un garçon qui revenait assez régulièrement. Sûrement ce meilleur ami dont elle avait déjà parlé. Puis, à force de remonter dans le temps, il trouva la frimousse d’un garçon plus jeune, encore après, le visage d’un homme qu’il avait connu autrefois mais que le temps avait usé, et enfin, elle. Mary. Elle aussi, les années avaient laissé son empreinte sur ses traits lisses, mais à l’image d’un portrait dont la peinture s’écaille, cela n’en devenait que plus précieux. Elle était belle Mary. Dans le temps et hors du temps. Et ses sourires, ses bouts de vie qui se dispersaient à travers l’écran, Raphaël les contemplait avec la mélancolie du regret et du chagrin, comme tout autant de lambeaux d’existence qui ne lui appartiendraient jamais.

Ça lui faisait mal. Et comme tout autant de douleurs qu’il avait pu rencontrer dans son existence, il préférait se les épargner. Mais pas cette fois. Parce que cette fois, ça lui importait d’avoir ces informations, d’en savoir un peu plus sur les l’existence inconnue de cette fille qu’il découvrait. Même si c’était en morceaux. Même si c’était dans le désordre. Même si, pièce par pièce, il fallait reconstituer les parties de ce puzzle immense qui lui serait toujours un peu étranger. Et puis finalement, un courage impromptu. Presque inespéré. Un courage qui née de la flamme d’une audace nonchalante pour finalement retomber dans les eaux de l’angoisse. Simple. Lapidaire. Le message se résumait à un : « Salut. On se voit demain ? » A l’exemple de Raphaël, rien d’extravagant. Tout juste cordial. Et il se sentit mal la seconde suivante d’avoir projeté une telle demande. Son unique libération fut dans la réponse de Skylar. Une affirmation qu’il vécut comme une bénédiction qu’il n’attendait plus.

***

Ce qui le frappait à chaque fois, c’était cette ressemblance terrible entre la mère et la fille. Et tandis qu’elle approchait de lui, il ne pouvait s’empêcher de remarquer cette parenté indéniable avec un malaise certain. Adossé à un muret qui jouxtait la plage, il attendait depuis quelques minutes déjà. Il avait quitté le boulot plus tôt aujourd’hui pour retrouver Skylar. S’il n’en montrait rien, cette rencontre lui apportait une angoisse monstrueuse. « Hey. » grogna-t-il presque quand elle fut à sa hauteur. Aucun mouvement l’un vers l’autre. Aucune marque d’affection particulière. Comme deux étrangers qui se rencontrent pour la première fois. Pourtant, c’était son sang qui coulait dans ses veines. La seule enfant qu’il n’aurait jamais. « Tu vas bien ? » En sortant de sa bouche, il semblait que les mots s’échappaient avec difficulté, et qu’il fallait le renfort d’une armée colossale pour les éjecter de sa gorge. « J’espère que… » Ce fut le début d’une note d’humour parfaitement avorté. A l’instant même où elle commença à se formuler dans sa bouche, il se rendit compte à quel point cela serait ridicule. Inutile d’accentuer plus le malaise qui résidait entre eux. Il se racla la gorge, plongea momentanément dans la contemplation de ses chaussures avant de lancer d’un ton un peu bourru. « Bon, tu voulais faire quelque chose en particulier ? »
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Skylar Morgan
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Skylar Morgan
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MessageSujet: Re: « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥    « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ EmptyJeu 18 Avr 2019, 15:55

« Et avec ton père, ça donne quoi ? » Que lui demande Ines alors que les deux jeunes filles profitent du beau temps pour sortir des chevaux du centre et partir en balade sur les sentiers proposés de Santa Monica. La rousse haussa simplement les épaules. Elle parlait rarement de sa situation familiale mais Ines était là depuis le début, elle avait vu l’arrivée de Skylar sur le dos d’un cheval enfui du centre, elle avait finalement sympathisé également avec elle. Chacune possédant un caractère bien affirmé, elles s’étaient apprivoiser avec le temps pour finalement devenir de bonnes amies. Pour finir, la rousse avait même parler de son passé familial, de la mort de sa mère et de celui qu’elle pensait être son père ainsi que son petit frère, pour finalement découvrir que son paternel n’était pas celui qui tait mort. Mais qu’il était bien vivant. « Je ne sais pas, la dernière fois c’était mieux déjà. Il a pris mon numéro, pas question de lui parler la première, j’attends qu’il me propose qu’on se voit. Je ne sais pas ce qu’il pense de moi, ni s’il compte bien rester dans ma vie aussi. » Qu’elle déclare alors en dirigeant son cheval sur le sentier, sans un regard vers son amie derrière sur l’autre cheval. « Faut peut-être que tu lui laisses du temps quand même. » Que Ines déclare en haussant les épaules à son tour et la conversation dévia sur d’autres sujets bien plus intéressant comme le dressage d’un nouveau poulain arrivé récemment ou bien les prochaines sorties qu’elles pourront faire toutes ensemble avec le petit groupe qu’elles forment. La balade prit des allures de randonnée et ce n’est qu’en fin d’après-midi que les deux jeunes rentrèrent au centre pour s’occuper de leur monture et de s’affaler dans les canapés de la cafétéria du club pour continuer à parler de tout et de rien à la fois. C’est à ce moment-là que Skylar vit qu’elle avait un message et pas n’importe lequel. Il s’agissait de Raphaël. En voyant le nom s’afficher sur l’écran elle se figea un instant. Perdue entre excitation et douleur. Elle avait terriblement envie de le voir mais elle ne se souvenait que trop bien encore de la première impression qu’il lui avait fait et de ce qu’il lui avait dit.
« La terre appelle Skylar ! Tu m’écoutes ?! Ou tu préfères parler à ton beau gosse de meilleur pote ?! » Que son amie la ramène sur terre, Sky secoua la tête en souriant. « En premier, Edwin est un ami et c’est tout, tu le sais ! Pour continuer, c’est mon père qui vient de m’envoyer un message. » Qu’elle déclare en l’ouvrant finalement. « Et il me propose qu’on se voit demain … » Qu’elle lit à voix haute. Ines vient se placer à côté d’elle. « Bah vas-y ! » Qu’elle lui lance. « Tu crois ? » Que la rousse demande, légèrement perdue. « C’est évident ! C’est ton père tout de même et comme il te connaît pas et pareil pour toi … C’est normal de vouloir passer du temps ensemble. » Et la décision de la rousse fut prise rapidement, elle lui répondait par l’affirmatif en lu proposant de se retrouver près de la plage.


***


Vêtue d’une robe printanière fleurie, Sky avait vérifiée au moins une bonne dizaine de fois que sa tenue n’était pas inapproprié pour la sortie qu’elle s’apprêtait à faire avec son père. Nerveuse, elle était sortie de chez elle pour aller jusqu’au point de rendez-vous. Il la salua et elle sourit, nerveuse, toujours de plus en plus nerveuse. « Salut. » Qu’elle répond sans savoir comment amener une discussion. « Je vais bien. Et toi ? » Des banalités d’inconnus finalement mais cela lui convenait très bien. Elle fronça automatiquement les sourcils lorsqu’il commença une nouvelle phrase qu’il n’acheva pas. Elle préféra ignorer ce début de de représailles et se concentra plutôt pour calmer la panique qui la submergeait presque. Raphaël fini par lui demander si elle voulait faire quelque chose et elle hocha doucement la tête en pointant d’un geste de la tête la fête foraine un peu plus loin. « Je me disais que ce serait sympa d’aller faire un tour là-bas. Paraît qu’on voit toute la ville du haut de la grande roue ! » Qu’elle s’exclame avec enthousiasme. « Enfin, si tu as envie. » Qu’elle se calme aussitôt en jetant un coup d’œil à son père. Il n’avait pas vraiment l’air de l’homme qui aime les fêtes de ce genre mais autant essayer. « Je te promets de ne pas t’emmener dans la maison hantée, ce serait d’ailleurs ridicule … C’est toi qui leur ferait peur. » Qu’elle tente une note d’humour pour dérider la situation et faire passer l’idée des attractions à faire tous les deux plus facilement. « Sinon, on peut manger du pop-corn en tentant de deviner quelle personne va vomir en premier sur le grand-huit. » Qu’elle propose une nouvelle fois en se mettant en route, espérant être suivie.
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Raphaël Grimes
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MessageSujet: Re: « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥    « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ EmptyDim 28 Avr 2019, 20:28

Raphaël avait affronté beaucoup de situations terribles au cours de sa vie. L’existence ne l’avait pas épargné et le chemin avait été éprouvant, encore aujourd’hui. Enfant, il avait connu la rudesse d’un père que la guerre avait rendu à moitié fou, jusqu’à le voir mourir devant ses yeux. Une mort dédaigneuse qui venait réclamer ses chairs après que son esprit et son âme lui aient été arrachés il y avait déjà bien longtemps. Un nouveau monde de responsabilités et de maturité s’étaient ouverts à lui. Il avait dû être grand frère, à prendre soin des autres, à prendre des décisions qui n’auraient pas dû être les siennes. Il avait suivi les traces de son père, partant au front pour assurer un revenu supplémentaire à sa famille sans leur faire subir les coûts de sa présence. Là-bas, il s’était perdu. Comme une comète en fusion, il avait égaré des bouts de lui-même dans sa chute infernale vers des enfers qu’il ne soupçonnait même pas. La guerre, la destruction, la violence, l’injustice, les massacres, l’improbable cruauté des hommes. Durant ces années où il avait été soldat, meurtrier, prisonnier, ennemi, chien, une part de lui s’était effacée à jamais. Une part de cette humanité qu’il n’était pas certain de retrouver une fois qu’il serait revenu parmi les siens. Et il était revenu, rescapé prodigue, héros de guerre, protecteur de la nation. Mais Raphaël n’avait ressenti nulle gloire, nul triomphe. Il s’était senti vide, inapte. Il s’était devenu sourd et aveugle à ce nouveau monde qui avait été le sien. Il s’était heurté au mur de l’incompréhension, au quotidien placide et à toutes les considérations futiles qui agitaient les êtres ignorant de ce qu’il se passait au-dehors. L’ancien soldat aurait pu leur dire. Il aurait pu décrire l’horreur, le mal, la peur ; mais la terreur elle-même le retenait. Il souhaitait oublier cette part de lui. Il voulait vivre une vie qui ne serait plus tout à fait celle de Raphaël Grimes. Et il avait subi sa propre folie, la rudesse de son propre esprit, la noirceur de son âme, la destruction qu’il engendrait autour de lui, comme il tirerait à la mitraillette sur une foule. Il avait blessé la femme qu’il aimait, des gens autour de lui, sa famille, ses amis, jusqu’à finalement tout perdre. Et pourtant, c’était aujourd’hui, en cet instant précis, tandis qu’il attendait sa fille biologique qu’il était pétrifié de terreur, qu’il ne se sentait pas la force de mener à bien cette rencontre. Il se maudissait d’en avoir été à l’origine, tout en sachant que cela était la meilleure chose à faire. Pour lui ? Pour elle ? Impossible à prédire.

La boule au ventre, la poitrine serrée, la gorge comprimée, il l’observa approcher. Elle n’était pas vraiment comme d’habitude. Une apparence de la belle saison, la robe claire et colorée, le temps frais, maquillée juste assez pour que ça paraisse naturel. Rien qui n’aurait pu laisser penser qu’elle était la créature la plus têtue, la plus insolente qu’il ait vue et qu’elle dealait de l’herbe à la sortie des facs. Elle lui rappela Mary et leurs années d’insouciance. Elle lui rappela qu’il avait été heureux autrefois, et que cet ovni qui se dirigeait vers lui était une créature terrifiante. « Je vais bien. » bougonna-t-il presque. Mensonge pour elle. Mensonge pour lui. Il tenta une brève marque d’humour pour détendre l’atmosphère. Echec atroce dont il essaya vainement de se relever. Ce fut Skylar qui apporta plus de légèreté à leur échange, prenant l’initiative d’une relation apaisée. Hélas, tout l’être de Raphaël se crispa quand elle évoqua la possibilité d’une journée à la fête foraine. D’une grande roue. « Quo… » s’étrangla-t-il presque avant de se reprendre, souhaitant éviter le moindre faux pas. Il essaya de s’imaginer en haut de cette grande roue. C’était ridicule… Un sourire bref craqua son visage quand elle avança qu’il serait sûrement le plus terrifiant dans la maison hantée. Dans le fond, elle n’avait pas vraiment tort. Un long silence suivit à toutes les propositions de Skylar. Raphaël tenta de déterminer entre toutes laquelle serait la moins humiliante pour lui. Il avait beau retourner le problème dans sa tête, le résultat était le même : aucune. « Je suppose qu’on peut commencer par la grande roue. De là, on verra mieux ceux qui vomissent sur le grand-huit. » Bourru, aucun sourire ne fit voir à l’horizon tandis qu’il plaisantait. Néanmoins, il prit l’initiative de marcher vers le manège, tout en se morigénant intérieurement. C’était évidemment la plus grande erreur de sa vie. Mais comme chaque erreur qu’il pensait commettre, Raphaël ignorait que c’était la meilleure chose à faire. Ils prirent leur ticket et embarquèrent dans une nacelle. Si quiconque lui avait dit un jour qu’il se retrouverait dans une telle situation un jour, il leur aurait ri au nez sans vergogne. Là, la présence de sa fille lui donnait plus le vertige que l’altitude qu’ils prenaient. « Et du coup… t’en es où de… ta vie ? » En espérant qu’elle se soit arrêtée de vendre des herbes aromatiques devant les écoles maternelles.
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Skylar Morgan
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MessageSujet: Re: « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥    « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ EmptyDim 12 Mai 2019, 18:02

Banalités échangées, Sky ne sait pus vraiment ce qu’elle doit lui dire malgré le milliard de questions qu’elle aimerait lui poser. Les mêmes questions qu’elle avait posé à son père adoptif d’ailleurs, comment il avait rencontré sa mère, comment était leur premier rendez-vous, si elle l’avait aimé tout de suite ou si elle l’avait fait courir un peu avant de craquer. Tout plein de choses qui l’aiderait à comprendre pourquoi sa mère avait décidé de lui cacher la véritable nature de son père. Alors quoi de mieux pour apprendre les goûts de l’autre qu’une fête foraine ? La rousse est loin de se douter que l’idée ne fait pas l’unanimité, comme Raphaël garde le silence sur cela. Et elle se rassure sur son choix lorsqu’il propose l’idée de commencer pas la grande roue pour avoir une meilleure vue sur la situation. Et des gens qui ne supportent pas d’être retourné à grande vitesse. Sourire dissimulé, la rousse se contenta d’avancer en silence vers le manège pour pouvoir prendre son ticket et prendre place dans une nacelle. Et là, c’est le drame. Elle se rend soudainement compte de la proximité de cet inconnu qui est son père, elle se rend compte qu’elle n’a peut-être pas encore le courage de lui poser mille et une question, qu’elle ne se sent pas à l’aise avec cette présence et qu’elle a bien du mal à aligner quelques mots sans douter de ce qu’elle doit dire ou comment le dire. Sky semble pétrifiée, assise en regardant la nacelle s’élevée, dans l’incapacité de prononcer le moindre mot. Cette sortie était une mauvaise idée, elle n’aurait pas dû venir pour se fourrer dans ce genre d’ennuis. Par chance, c’est Raphaël qui brise le silence en premier. « Ça va, j’crois. Faudrait que je me trouve un boulot. » Qu’elle hausse les épaules en se pinçant les lèvres, que pouvait-elle lui dire de plus ? Sûre de rien, elle ne sait pas si elle doit refaire des études ou trouver un job, elle n’a même aucune idée de ce qu’elle pourrait bien faire et est encore complètement perdue dans cette grande ville.

« Je ne sais même pas ce que tu fais comme boulot. » Qu’elle fini par dire à voix haute en pensant se le dire à voix basse. Mais profitant de ce moment, elle tourne vers lui un regard interrogateur, cherchant des réponses. Ce n’était pas pour tout de suite les grands discours pour connaître sa rencontre avec sa mère mais au moins commencer par le début, savoir qui il est et ce qu’il fait. « C’est vrai, je ne sais pas ce que tu fais, ni où aussi. » Qu’elle continue, avec un peu plus d’assurance cette fois, le moulin à parole se mettant alors en marche. « Ni si tu as quelqu’un ! Parce que ouais, si t’as quelqu’un, ne lui dit pas que je suis ta fille. Tu risque de tout foutre en l’air, en général personne aime débuter une nouvelle relation avec quelqu’un qui a des enfants. Surtout une fille qui est déjà assez âgée et qui pourrait la faire chier. » Qu’elle continue sans s’arrêter, c’et ça le stress et la nervosité, ça n’aide pas à rester calme.

Skylar se rend rapidement compte de ses conneries, soupirant et s’enfonçant un peu plus dans son siège. « Désolé, je n’arrête pas de parler quand … » Elle s’arrête aussitôt de parler. Pas question de lui dire qu’elle est nerveuse ou dans une situation qui la stresse beaucoup. Elle se contente de soupirer une nouvelle fois en regardant l’extérieur. La nacelle s’arrêta subitement, les balançant un peu fort d’avant en arrière tandis qu’une fois dans un haut parleur demandait à tout le monde de rester tranquille, que l’attraction allait bientôt reprendre. « Putain … » Qu’elle peste. Elle n’ose même pas jeter un œil à son père, qu’elle idée de l’avoir emmené ici … Pourquoi d’ailleurs ? En espérant qu’il lui paie une barbe à papa et lui fasse coucou lorsqu’elle se retrouvait sur un manège comme une petite fille ? Ce n’était clairement pas le genre de Raphaël et ce n’était pas son genre à elle non plus. Elle avait imaginé un moment drôle et sympathique mais on peut croire que le destin. « On voit tout de même le grand-huit d’ici ou pas ? » Demande la rousse en essayant d’apercevoir l’attraction se situant un peu plus loin d’eux. Mais en vain, ce qui tire un nouveau soupir à Skylar qui s’imaginait cette rencontre bien différente. « Ça craint, n’est-ce pas ? » Qu’elle fini par murmurer en se tournant vers son père, craignant d’avance sa réaction.
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Raphaël Grimes
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MessageSujet: Re: « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥    « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ EmptyLun 20 Mai 2019, 10:47

Raphaël, en dépit de l’aplomb qu’il pouvait montrer, n’était pas à l’aise dans cette situation. En général, il était plus habitué à des rencontres catastrophiques, à des altercations mouvementées et des disputes qui trouvaient rarement une fin heureuse. Là, pour la première fois, le père et la fille se retrouvaient pour partager un moment rien que tous les deux. Mais pour faire quoi ? Il avait fallu beaucoup de courage pour que le mécanicien attrape son téléphone et propose à Skylar de passer cette journée avec lui. Il lui en fallait plus encore pour l’affronter concrètement. Une envie dévorante de prendre ses jambes à son cou et de s’enfuir lui dévorait les entrailles. Néanmoins, il n’était pas capable d’esquisser le moindre mouvement. Il savait que ce ne serait pas une bonne chose. Que cette fois, c’était une chose suffisamment importante pour ne pas qu’il se défile. Et puis… il était fatigué de blesser les gens qu’il aimait autour de lui. Si, pour l’instant, aucune affection particulière ne se dégageait de Raphaël pour sa fille biologique, il comprenait qu’elle n’était pas à laisser au hasard. Puis dans le fond… elle n’avait plus que lui. Il n’était pas de taille pour faire s’effondrer le dernier rempart de sa vie. Par chance, ce fut elle qui initia le mouvement vers la fête foraine. Raphaël n’était pas un grand admirateur de l’idée, mais il se morigéna intérieurement. Quelques semaines plus tôt, sûrement ne se serait-il pas gêné pour lui dire qu’il ne comptait pas la suivre dans un tel endroit et qu’elle pouvait bien aller se faire voir, mais aujourd’hui, il n’en était pas capable. Par peur insoupçonnée de la perdre. Par volonté de vouloir lui faire un peu plaisir. Pour connaître cette illustre inconnue qui le rattachait encore à Mary, le grand amour de sa vie ; et donc l’absence lui grignotait le cœur à chaque seconde.

Ainsi, ils montèrent ensemble sur la nacelle. Il se sentait idiot, presque à l’étroit dans ce semblant de cabine qui les montait vers les airs. Sa proximité avec Skylar le mettait terriblement mal à l’aise. Les mains moites, il se racla la gorge pour faire sortir quelques mots de sa bouche. Ce silence lui pesait plus atrocement encore que ce contact physique un peu étrange. Il s’enquit alors de savoir ce qu’elle devenait. Aussi peu loquace que lui, elle dit qu’il était temps pour elle de trouver un boulot. Pour la forme, Raphaël se sentit obligé d’assentir de manière un peu maladroite. « Hmm. Euh. Oui. C’est bien ça. Trouver un travail… » Il se sentait au combien gauche et abruti. Il avait envie de se frapper le visage ou de se jeter tout simplement du haut de la nacelle. Par chance, la soudaine verve de la rousse les sauva tous les deux d’une issue périlleuse. Elle pointa du doigt toutes ces zones d’ombre qui les entouraient. Elle n’avait aucune idée de qui il était vraiment. Son métier. Sa maison. Son histoire. Sa situation actuelle. Il se retrouva finalement assez décontenancé de toutes les idées qui traversaient l’esprit de Skylar et qui s’écoulaient de sa bouche tel un torrent furieux. Il était prêt à la calmer un peu sur la panique qui s’apparaît d’elle au même titre que Raphaël, mais un problème technique les interrompit l’un et l’autre. Le manège venait de s’arrêter subitement en pleine altitude pour eux. « Putain… » jura-t-il en chœur avec sa fille. S’il n’était pas impressionné par le fait d’être coincé à plusieurs mètres de hauteur, il l’était nettement plus à l’idée d’être bloqué aux côtés de sa fille unique. Cette dernière s’en trouvait toute aussi gênée, s’échinant à trouver tout un tas de diversions pour contourner ce problème. Raphaël, lui, demeurait placidement muet. Ses doigts se contractaient sur la barrière qui les retenait aussi au fond de leur siège. Il réfléchissait à ses peurs, à ses colères, à ses tensions, à tous ses non-dits et les idées qui le paralysaient. La réponse que lui offrit finalement le motard ne fut pas celle qu’attendait la rouquine. « Je suis mécanicien. » lui apprit-il. Il laissa planer un léger silence, pas à l’aise à l’idée de raconter son histoire. Il ne le faisait jamais. Il n’aimait pas ça. Cela ne regardait pas les gens. Mais là… peut-être que ça regardait sa fille ? « J’ai arrêté les études jeune. On était une famille nombreuse et je me suis formé sur la mécanique des voitures, des motos… bref, des engins en tout genre. J’adorais ça et ça permettait d’aider ma mère à s’occuper de tout le monde. » Il n’allait pas évoquer la mort de son père, mais son absence était plus que compréhensible dans son existence. Ce dernier était mort bien trop tôt, les livrant à eux-mêmes et Peter était parti lâchement… « Puis je suis parti à l’armée. J’y ai été durant de nombreuses années. » Il n’avait pas eu le choix, et aujourd’hui, c’était ce qu’il regrettait le plus. Ce qui le raccrochait farouchement à toutes ses libertés. Il ne raconterait pas que Mary attendait désespéramment chacun de ses retours. Il ne lui dirait pas qu’il était censé être mort. Il ne lui dirait pas que Skylar était venue au monde avec une mère qui pleurait la mort de son fiancé. « J’ai vécu dans de nombreuses villes ensuite. Je me suis un peu posé à Philadelphie. Je me suis marié. Avec… une femme grandiose. » Les mots étaient difficiles à prononcer. La douleur était comme une muselière sur sa bouche. Tout son être saignait encore de leur récent divorce, de sa trahison, d’avoir dû la laisser partir par amour. « Mais je ne le suis plus. Et si je suis arrivé à Los Angeles, c’est par pur hasard. Je ne comptais pas vraiment rester… puis j’ai trouvé un travail. Toujours en tant que mécanicien. Donc si un jour, t’as un problème… bah… je peux t’aider. » Il ne trouvait pas plus à dire. Rien qui ne soit plus édifiant, rien qu’il ne trouve le courage de lui révéler ouvertement. Il laissa planer un bref silence. Le manège ne s’était toujours pas remis à fonctionner. « T’as… d’autres questions ? » Non pas que cette perspective l’enchantait… mais à plusieurs mètres de hauteur, il ne semblait pas qu’ils puissent faire autre chose. Puis il le voyait. Il contemplait cette lueur dans ses yeux. Celle qui hurlait qu’elle voulait qu’il parle de sa mère. Juste un peu. Juste pour comprendre pourquoi il n’avait pas été son père. Pour comprendre pourquoi sa vie entière avait été bâtie sur un mensonge.
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Skylar Morgan
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MessageSujet: Re: « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥    « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ EmptyMer 05 Juin 2019, 22:18

Et les voilà donc. Deux idiots perchés sur une grande roue alors qu’ils ne sont même pas capables de tenir une conversation tous les deux sans qu’elle ne soit gênante pour l’un ou pour l’autre. Soit Sky panique soit Raphaël se tait. Le père et la fille ne pensent pas avoir beaucoup de choses en commun et pourtant leur caractère respectif les rapproche bien plus que ce qu’ils ne peuvent penser. Alors que Sky se met à paniquer à sa manière en déblatérant des paroles en un flux trop rapide pour qu’on comprenne le sens de sa panique. Mais elle était mal à l’aise de cette proximité presque gênante avec cet homme. Elle ne voulait pas l’admettre mais son père l’impressionnait en un sens. Il semblait froid, distant mais avec cette carapace capable de tenir à distance respectueuse tout le monde. Mais c’est bien cela qu’elle admirait chez lui. Quelqu’un d’indépendant comme elle souhaiterait ardemment le devenir. Ne plus avoir besoin de personne pour se sentir bien, ne plus penser à cette famille perdue et penser à celle qu’elle vient de trouver mais sans s’en trouver dépendante comme celle qu’elle venait de perdre. Pour éviter de souffrir une nouvelle fois, pour éviter d’avoir encore mal au cœur et de parcourir le pays pour atteindre un objectif presque ahurissant. La rousse observait le bas de la grande roue, prenant soudainement peur de la hauteur à laquelle ils se trouvaient. Mais cela ne lui fit pas plus peur que lorsque son père répondit à ses questions posées dans la panique. Ses doigts blanchirent lorsqu’elle serra la barre qui la retenait dans la nacelle mais elle posait ses yeux sur lui pour se concentrer sur cette voix rassurante dans le chaos régnant dans sa tête. Ca l’apaisait de l’entendre parler, comme s’il était capable d’effacer la situation dans laquelle Skylar les avait mis.

Elle écoutait attentivement ce qu’il avait à lui dire, ne le pressant pas et n’insistant pas sur des détails qu’elle souhaitait pourtant beaucoup. Elle comprenait le besoin de se dévoiler en partie, de garder un secret pour soi, de ne pas se révéler complètement. Cette vie étant tellement différente de celle qu’elle avait vécu auprès de sa mère. Confortablement installé dans une charmante maison, entourée d’une famille aimante qui ne se préoccupait pas d’aider les parents à payer les factures. Elle n’avait jamais vécu dans une autre ville avant de se mettre à sa recherche mis à part pour passer quelques vacances en bord de mer avec ses parents et son petit frère.

Elle ne pose pas de questions sur cette femme qui à peut-être remplacer sa mère dans le cœur de son vrai père et elle se surprend à la détester à peine a-t-elle entendu parler d’elle. Son existence suffit à faire naitre des émotions négatives. Et si elle était la cause ? Et si c’était à cause de cette femme que sa mère n’avait pas accepté le retour de son vrai père ? Les questions se bousculent une nouvelle fois mais elle garde le silence respectueusement. Mais Raphaël ose demander si elle en a encore, et le tumulte de ses pensées lui brûle les lèvres. Mais au fil de ces réponses données, Sky ne pensait qu’à une seule et unique chose : sa mère. Avait-elle l’autorisation de parler d’elle ? Est-ce que son père la considérait comme un sujet tabou ou non ? Sky risquait-elle de se prendre un mur en pleine face en posant la question ? Elle se pince les lèvres un instant en cherchant les mots pour s’exprimer de manière calme et posée, sans trahir sa nervosité. « J’ai surtout une grosse question à te poser … Mais je ne sais pas si j’ai le droit d’en parler avec toi. » Qu’elle ose lui dire de manière directe. La rousse observe un instant le paysage, retrouvant un semblant de calme pour réfléchir un moment. Elle n’attend pas de réponse venant de Raphaël même si elle aimerait connaître tous les détails de cette histoire qui lui échappe complètement. « Comment est-ce que tu as rencontrer maman ? Et … Pourquoi tu n’es pas revenu ? » Qu’elle demande en murmurant, sans être certaine d’obtenir des réponses et avec une peur d’être à nouveau déçue ou blessée. Elle avait tant besoin de ces réponses, de comprendre sa mère. « Tu n’es pas obligé de répondre. » Qu’elle commence en fixant ses pieds. « Mais j’aimerais beaucoup comprendre ce qu’il s’est passé … Mais surtout comment vous vous êtes rencontrés. » Qu’elle relève la tête pour l’observer droit dans les yeux. « Parce que, t’es bien différent de maman ! Et je me demande … Comment elle a pu craquer pour un ours. » Qu’elle lâche malgré elle dans un demi sourire. Si le sujet est trop sérieux alors elle est presque certaine de ne pas avoir de réponse alors que tourné de cette manière, avec une petite pointe d’humour et de pique, elle espère obtenir quelque chose venant de lui. Elle espérait tellement de lui, mais ça elle n’ose pas encore se l’avouer tout haut. Prendre le risque d’aimer ce nouveau père reviendrait à perdre une nouvelle fois un membre de sa famille. Et cette douleur est bannie de sa vie.
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MessageSujet: Re: « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥    « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ EmptyMer 10 Juil 2019, 22:37

Raphaël n’était pas un homme peureux. En général, ses craintes et ses peurs étaient plus profondes, plus indépendantes de lui-même ; rarement assumées. Mais au quotidien, il ne se sentait pas tiraillé par des frayeurs banales ou insignifiantes. Il ne craignait pas la vitesse ou l’altitude. Il n’était pas affecté par les menaces de plus grand ou de plus fort que lui. Il se moquait bien de toutes les bestioles, de tous les monstres ou créatures de l’horreur. Il n’était pas plus impressionné face à la mort et au danger. Mais là, coincé à plusieurs mètres de hauteur en compagnie de sa fille biologique, de la fille de Mary, il éprouvait une angoisse qu’il n’avait encore jamais ressentie auparavant. Il se sentait plus démuni que jamais face à cette personne qui représentait le dernier lien qu’il possédait encore avec celle qu’il considérait comme le grand amour de sa vie, qui représentait également l’unique ombre de famille qu’il avait pu bâtir. Quelque chose de pur et d’innocent qu’il n’avait pas encore sali de ses mains bourrus et grossières. Quelque chose qui n’était pas encore frappé de souffrance et de malédiction, comme si le motard traînait une affreuse gangrène derrière lui. Il n’était pas certain de savoir s’il voulait l’accueillir, tout en étant incapable de la rejeter à nouveau. Si elle devait partir, il n’était pas certain non plus de pouvoir le supporter, comme si cela signifiait perdre encore une fois Mary. Ou rater une fois de trop de construire une famille. Il avait failli une première fois avec Mary, puis avec ses frères et ses sœurs, avant de chuter prodigieusement avec Judith. Il s’était fermé la porte de merveilleuses opportunités. Et si, en dépit de ce qu’il pouvait dire, beaucoup de chances lui avaient été données, celle-ci se matérialisait comme étant la dernière à laquelle il pouvait prétendre. Il n’aurait pas d’autre chance. Pas d’autre moyen de prouver qu’il pouvait faire une seule chose bien dans sa vie.

Avec sa pudeur habituelle, il lui livra une partie de ce passé brumeux et douloureux. Mais les souvenirs revenaient en pièces, incomplets. Ils étaient comme des morceaux d’étoffes déchirés dont Skylar devait recoudre les pans sans être certaine que chaque bout s’assemble avec l’autre. Elle ne pouvait que deviner, des questions plus pressantes encore s’agglutinant dans son esprit. Sans l’observer, il pouvait sentir qu’il ne la satisfaisait pas vraiment. Si elle s’était toujours moquée de lui ou de ses conseils, il semblait qu’elle buvait jusqu’à la moindre de ses paroles, qu’elle avalait chaque mot comme une assoiffée. C’était désespéré. Il ne parvint pas à donner toutes les réponses que sa fille quémandait avec passion mais il fut ébranlé de percevoir une telle émotion dans son regard. Elle qui ne vivait que de désinvolture et de rébellion, il sentait une fragilité certaine en elle. Comme une fêlure. Celle que montrent ceux qui ne sont pas assez forts pour assumer leur faiblesse, leur douleur, leur chagrin. Ceux qui n’ont pas le courage de hurler ou de pleurer. Dans le fond, la jeune fille n’était pas si différente de lui. Et dans leur querelle, sûrement étaient-ils plus semblables qu’ils n’auraient souhaité l’admettre.

Raphaël ne sut pas s’il fut soulagé du silence qui suivit ses paroles. Il ressentait l’apaisement d’en avoir fini avec tous ces mots qui le dérangeaient. De ne plus avoir besoin de ramener à la vie des souvenirs enfouis et condamnés pour l’éternité. Mais qu’en était-il de ce qu’elle pouvait bien penser de lui ? Il n’avait pas osé prononcer le nom de Mary une seule fois. Banni. Proscrit. Il était coincé au fond de sa gorge comme dans un écrin. Comme si sa seule évocation dans sa bouche avait pu la ramener à la vie pour la faire mourir aussitôt sur le bout de sa langue. Skylar se dirait-elle qu’il avait honte de ce qu’il s’était passé ? Qu’il se sentait comme grand fautif de cette paternité manquée ? Que Mary n’avait eu d’autre chose que de prendre un autre père pour sa fille ? Pourtant, c’était bien cela le problème. Elle avait eu le choix. Et Dieu seul savait ce qui l’avait poussée à prendre une voie pareille plutôt qu’une autre.

Il se retint de pousser un soupir presque éprouvé quand sa fille prit la parole et qu’il comprit qu’il ne s’en tirerait pas avec ces bouts épars d’existence, comme un millier de pièces de puzzle jetées dans le désordre. Et finalement, il entendit tout ce qu’il ne voulait pas entendre. Comme l’avait-il rencontrée ? Pourquoi n’était-il pas revenu ? Il se sentit fébrile. Comment, aujourd’hui, après toutes les épreuves qu’ils avaient traversées, aurait-il pu lui faire croire qu’il était bien différent de l’homme qu’il était à présent ? Ce qui n’était pas facile à comprendre, c’était que les années nous changeaient patiemment, à l’image des relents calmes des vagues qui viennent polir la pierre. Passage après passage, année après année, elles modèlent à leur pensée un tout nouveau spécimen. La vie qui passe, elle est ainsi. Elle s’acharne à changer la matière, à changer l’âme. Puis dans le fond, les gens ne changeaient pas vraiment. Ils s’usent et vieillissent avec le temps. Mais comment faire comprendre cela à un esprit aussi jeune et frais que Skylar ? Pourtant, sa dernière remarque lui arracha un sourire. Ce genre de sourire confus entre l’amusement et le profond chagrin. « Ta mère était pire. » annonça-t-il d’un ton espiègle et gorgé de mélancolie. Raphaël était peut-être un ours maintenant, mais Mary était pire à une certaine époque. Certes, elle n’avait pas ce visage inhospitalité, elle ne cherchait querelle à personne. Mais elle avait cette manière bien particulière de râler souvent, de chercher la bagarre contre son petit-ami ou de se mettre dans des situations impossibles. Un peu comme sa fille en vérité… Le motard s’étonna de l’accent paternel de sa phrase. Jamais, il n’aurait pu penser qu’il tiendrait cette posture-là un jour. Il poursuivit, un peu plus mal à l’aise. « Je l’ai connue pendant l’armée. Lors de ma première permission. » A cette époque, l’armée était quelque chose de banal. Il s’y était accoutumé aussi bien, comme à toute chose à cette époque. Puis Mary l’aidait à comprendre que la beauté pouvait exister ailleurs. « C’était une étudiante à l’époque. Elle finissait ses études. Moi, je revenais la voir dès que j’étais à nouveau renvoyé dans le pays. Elle m’attendait toujours. » Fidèle, elle l’avait toujours attendu. Elle ne l’avait pas abandonné. Tout autant de signe qui montrait qu’elle n’aimait que lui. Alors pourquoi ne pas l’avoir attendu après ? « On s’aimait comme… » Il fit une pause, prit le temps de réfléchir. Mais il en put poursuivre son récit. Le manège se remit soudain en branle et il redémarra. Ce fut comme une décharge électrique pour Raphaël, un rappel à l’ordre qui lui disait qu’il ne pouvait pas se permettre d’en dire trop. Ça lui appartenait. C’était son trésor à lui. Alors, tandis que la nacelle entreprenait sa descente, il se racla la gorge. « Enfin tout ça, c’était il y a bien longtemps. J’ai presque tout oublié. » Ce n’était pas vrai. Il n’avait rien oublié de cette période empreinte de félicité où il ne craignait plus les lendemains médiocres. Il avançait avec la certitude merveilleuse que la main de Mary serait toujours dans la sienne. Et même la suite était restée affreusement intacte. La douleur, le sentiment d’abandon, la violence de ces blessures qui n’avaient jamais cicatrisé. Il n’aimait pas retourner ainsi dans le passé. Ils descendirent finalement de la grande roue et il éprouva un étrange sentiment de vertige à retrouver le sol étrangement. Conscient qu’il avait coupé court un peu brutalement à la conversation, il chercha un nouveau moyen de relancer leur discussion. Il enfouit ses mains dans ses poches, réfléchit un moment, puis céda à une question qui lui brûlait bizarrement les lèvres. « Et ton père… l’autre. Il était comment lui ? »
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MessageSujet: Re: « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥    « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ EmptyLun 22 Juil 2019, 16:43

Dans un moment de panique grave, la rousse aurait été capable de débiter un flot de parole encore plus rapide que celui-ci. Par chance, elle n'était pas seule dans cette galère et profitait d'avoir un visage familier à ses côtés pour lui poser des questions. Questions auxquelles elle a cruellement besoin de réponses pour avancer, mais jamais elle ne pourra l'avouer ou se l'avouer. Connaitre cet homme était presque devenu quelque chose de vital pour elle, croire en quelque chose d'autre que l'abominable cruauté du destin qui lui a retirer sa famille. Buvant les paroles de son père biologique, elle réussi à ne plus prêter attention au manège arrêter, à la vie qui semblait s'être de nouveau acharnée sur elle en l'arrêtant dans cette nacelle un peu trop haute à son goût, et ce, pour une durée indéterminée. Mais alors qu'il répond seulement par bribe, par des morceaux dont Sky a besoin de reconstituer comme un véritable puzzle de sa vie, elle souhaite plus. Toujours plus. Est-ce si mal de demander ? De toute manière, son véritable père est assez con pour l'envoyer balader s'il ne souhaite pas répondre à plus que ce qu'il souhaite dire. Ca, au moins, elle pouvait en être persuadée. Mais la jeune rousse n'était pas capable d'imaginer sa mère, douce et aimante, avec cet homme, qu'elle qualifie aisément de véritable ours, ou homme des cavernes, l'hésitation est grande entre les deux suggestions. Alors, c'est une véritable surprise pour elle d'apprendre que sa mère pouvait être pire. « Non ! Impossible ! » Qu'elle ne peut retenir en ouvrant de grands yeux. Que devait-elle encore apprendre du passé de sa mère ? Qui était cette femme, au final ? Sa fille devait réellement passé par tant d'épreuves pour connaître la véritable identité de sa propre mère ? Mais la surprise fut encore plus grande lorsque Rapahël répondit à ses autres questions. Comprennant l'importance de ces révélations, elle resta parfaitement muette. 

C'est de cette manière que Sky accueillit le nouveau discour de son père : en silence. Elle prenait sur elle pour le garder, car d'autres questions se bousculaient dans sa tête. Dans quelle université sa mère était-elle ? Devait-elle aller étudié dans la même école qu'elle ? Mais en quoi ? Et pourquoi faire ? Skylar se tortilla pour changer de position et avoir l'air d'être plus à l'aise sur la nacelle. Raphaël allait lui dire quelque chose d'important, très important lorsqu'il entama sa phrase mais ce fut le moment propice pour la grande roue de se remettre en route, et envolé les confidences. Déçue, elle comprit qu'elle n'en obtiendra pas plus lorsqu'il conclut son histoire lors de la descente. «T'as pas oublié, t'as juste pas envie de tout me dire. » Qu'elle râle, ne sachant pas si son père l'avait entendue ou non. Une fois revenue sur le sol, la rousse poussa un soupir, ne sachant que faire à présent. Par chance, au bout d'un silence, c'est Raphaël qui revient à l'attaque. Sky ne voulait pas l'avouer, mais ça lui faisait énormément plaisir d'avoir enfin une question à laquelle répondre. Se pinçant les lèvres, elle chercha d'abord à trouver les bons mots pour ne blesser personne. Puis, elle se rendit compte que l'exercice était bien difficile, l'image de sa famille reprenant une grande place dans son coeur soudainement. Elle se mordit les lèvres en levant les yeux vers son père pour répondre. « Il était assez différent de toi. » Qu'elle commence. « Il nous faisait beaucoup rire, mon petit frère et moi. Il nous emmenait souvent nourrir les canards, même si, avec le temps, j'ai commencé à préférer leur lancer les morceaux de pain sur eux qu'à côté d'eux. » Qu'elle sourit en se remémorant la dernière fois où ils y étaient allés ensemble. Skylar se faisait gronder comme une petite fille à chaque fois qu'elle montrait le mauvais exemple à son frère. « Il était drôle, gentil, s'énervait souvent en apprenant que je sortais en douce de la maison … Un peu comme toi pour ça finalement ! » Nouveau sourire de la rousse, ne souhaitant pas s'étendre sur le sujet pour ne pas sentir encore une fois son coeur se serrer. 

Attirée par une odeur sucrée, Skylar se dirigea naturellement vers un stand vendant des barbes à papa. Faisant la file pour obtenir sa dose de sucre, elle croisa les bras pour reporter son attention sur Raphaël. « Et, sinon, vous êtes combien dans ta famille ? Je connais Bébé, mais il y en a d'autre, je le sais. Tu parles encore avec eux ? » Parce que la petite avait tout de me du flair, se doutant qu'au vu du caractère pourri et bien trempé de son père biologique tout ne devait pas être rose dans cette famille fraichement retrouvée. Sky n'avait pas eu le coeur à interroger Bébé, elle l'hébergeait déjà ce qui était énorme !  
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MessageSujet: Re: « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥    « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ EmptySam 27 Juil 2019, 17:44

Remonter si loin dans le passé ne lui plaisait guère. Tout au fond son âme, il fallait défricher, déterrer, retirer la poussière et la cendre de ces souvenirs que sa mémoire blessée avait enfoui depuis si longtemps. Ce n’était pas une douce nostalgie qui venait l’étreinte à l’évocation de ses années de bonheur avec Mary, avec leur promesse sur le bout des lèvres d’un avenir glorieux et bercé d’amour. Son ventre grouillait de la multitude de ses regrets, de ce sentiment d’injustice face au caractère si futile et absurde de l’existence, de la souffrance terrible de ne jamais pouvoir revenir en arrière et de devoir accepter que sa vie ne serait jamais à ses côtés, qu’elle ne prononcerait plus jamais son nom, et que son unique lègue était une inconnue de dix-neuf ans qu’elle lui avait toujours caché. Et si, soudain, le néant ne l’avait pas ramenée à lui, qu’en serait-il de Skylar ? Aurait-elle continué à vivre, à faire ses études, à trouver un travail, un homme, à se marier, à avoir des enfants, et à vieillir sans savoir que son véritable père se trouvait à des kilomètres de chez elle ? Et lui, n’aurait-il jamais su qu’il avait eu une enfant ? Et que cette chair de sa chair n’avait été formée qu’à la fusion fabuleuse de son corps avec celui de la femme aimée ? Il ne savait pas encore s’il aurait préféré rester ignorant ou si la vérité toute crue devant lui le satisfaisait plus ? Car, lorsqu’il plongeait ses yeux dans ceux de sa fille, si semblables à ceux de sa mère, il était pourfendu d’une terreur si violence qu’il aurait souhaité qu’elle disparaisse à jamais, qu’elle n’ait jamais existé. Surtout en voyant son regard si assoiffé de réponses et d’informations. Il voulait tout savoir d’eux. Comment s’étaient-ils rencontrés ? Pourquoi l’avait-elle aimée ? Quelles étaient les raisons qui avaient pu faire qu’il avait été désavoué en tant que père ? Dans le fond, Raphaël n’était pas sûr de pouvoir répondre à toutes ces questions car il ne savait plus ce qui était faux et ce qui était vrai, ce qu’il pouvait croire ou non. Mary avait-elle eu peur de cette carcasse vide et sèche qui lui était revenu de la guerre ? N’avait-il jamais qu’appartenu au monde des morts pour elle, condamné à un silence éternel ?

Raphaël ne sut que lui répondre succinctement. Il taisait d’innombrables faits en ayant la sensation pourtant d’en dire trop. Depuis toujours, Mary avait été son jardin caché. Il avait été le gardien séculaire de l’ombre qu’elle étirait encore sur lui par son absence. Elle était ce fantôme qu’il chérissait silencieusement, comme si un mot sur elle l’aurait fait fuir tel Orphée perdant son Eurydice. Il n’en avait jamais parlé à personne. Il ne lui semblait pas que quiconque puisse détenir le droit et l’honneur d’entendre son nom. Cependant, Skylar était sa fille. Ce nom qu’il aimait encore, c’était celui de sa mère. Ce nom que leur semblait étonnement étranger, c’était celui de la personne qui les liait enfin. Skylar vit clair en lui. Il n’avait pas oublié, loin de lui. Il refusait juste d’en dire plus. Mais comment trouver les mots pour exprimer quelque chose qu’il s’était toujours refusé à éprouver ? Comment ne pas anéantir l’intensité effroyable de ce qu’il avait vécu dans l’étau restreint de veines paroles ? Un silence pesant vint les anéantir presque et il s’en voulut un peu de ne pas trouver le moyen d’entreprendre cette relation qu’elle cherchait désespéramment. Ce fut alors qu’il se découvrit curieux pour cet homme qui avait pris sa place. En tant qu’époux. En tant que père. En tant qu’être aimé de celles qui auraient dû être sa famille. Il ne s’étonna guère d’apprendre qu’il était différent de lui. La guerre, le temps et les épreuves l’avaient changé de bien des manières et il avait conscience que ce n’était pas pour devenir la meilleure version de lui-même.

En l’écoutant, il aurait dû être épris d’une colère sans pareil, d’une jalousie irraisonnée qui l’aurait forcé à interrompre le discours de sa fille. Mais il se contenta de l’écouter sans dire en mot. Une mélancolie profonde l’agrippa, comme une main plongeant dans les profondeurs de sa poitrine pour tout y remuer, tout vider, tout arracher. Il ne découvrit pas seulement cet étranger comme l’homme qui avait pris sa place, mais comme l’homme qui avait été un meilleur père pour Skylar qu’il ne l’aurait jamais été. Sûrement un meilleur mari aussi. Et finalement, peut-être était-ce là la réponse à tous ces grands mystères. Voilà était la réponse au choix de Mary. Cet homme était un meilleur père, un meilleur mari, un meilleur homme. Tout ce que Raphaël n’aurait jamais pu être. Seulement, ce ne fut que lorsque la rousse leur trouva un point commun que le mécanicien tiqua. Il ne put s’empêcher de répondre abruptement. « Lui et moi n’avons rien en commun. » Bien que l’effet obtenu soit l’inverse, Raphaël ne voulait pas prouver sa jalousie envers cet homme. Il attestait juste de cette vérité évidente : il n’aurait jamais pu être mieux que lui. Tout ce qu’il avait donné, Raph aurait été incapable de le faire.

Heureusement, Skylar fit diversion en s’approchant d’un stand de sucrerie. Raphaël détestait faire la queue, mais il se plia à l’exigence muette de sa fille. Ainsi, elle retrouva un peu de son entrain en posant des questions sur la famille Grimes. Enfin… sa famille en somme. Elle lui demanda combien ils étaient. « Trop. » répondit-il machinalement. Un sourire naquit à ses lèvres, comme sous le coup d’une blague qu’il pouvait être seul à comprendre. C’était un peu le cas. « Mon père était militaire et nous avons été une famille nombreuse. Mes parents ont eu quatre enfants ensemble avant que notre père ne meure. Peter était l’aîné, j’étais le second. Puis Jenny, puis John. Puis notre mère s’est remariée quelques années plus tard. Elle a eu plusieurs enfants, dont Bébé que tu connais déjà. » A son plus grand déplaisir pour être honnête. « Nous avons grandi ensemble. Les aînés prenaient soin de plus jeunes. Ce n’était pas facile pour notre mère tous les jours alors on l’aidait du mieux qu’on pouvait. C’est pour ça que je suis parti à l’armée. » Sans jamais penser qu’il n’en reviendrait jamais véritablement. Arrivés devant le stand, Skylar prit sa barbe à papa et Raphaël paya machinalement. Il ne fit pas vraiment attention. Il se fit un peu plus sombre, tranchant net avec sa verve surprenante. « A présent, je ne parle plus qu’à Becca. » Uniquement parce que leur chemin s’était croisé de manière surprenante. Autrement, il n’avait plus vu sa mère depuis des lustres, ni ses frères et sœurs, et il possédait une telle haine envers son propre frère qu’il refusait de le revoir alors. « Je ne suis pas très bon pour… les relations en général. » annonça-t-il d’une voix rendue rauque par le malaise. La question qu’il n’osait pas se poser depuis si longtemps trouva maladroitement le chemin de ses lèvres. « Et Mary… elle était comment ? N’a-t-elle… jamais parlé de moi ? » Ne l’avait-elle jamais fait exister, quelque part, au creux de sa mémoire ? L’avait-elle gardé précieusement et pieusement au fond de son âme comme une relique sacrée ? Ou bien l’avait-elle définitivement jeté dans cette nuit où il croupissait depuis ce jour ?
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Skylar Morgan
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MessageSujet: Re: « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥    « Il y avait dans ses yeux comme un murmure d'autrefois. Un douceur dans laquelle je voulais me fondre sans jamais remonter à la surface. » + Skylar ♥ EmptyJeu 15 Avr 2021, 19:17

Lorsqu’elle reçoit les rêves de son passé, Skylar ne peut que le voir en couleur. Etincelantes, vives, brillantes, éclatantes de rires, de bonne humeur et de positivité. Pourquoi une telle ombre se profilait-il sur ce tableau si parfait ? Il aurait été si simple de lui expliquer que son père ne l’était pas véritablement et qu’une procédure d’adoption était en cours. Mais pourquoi lui cacher ? Oui, il y avait les disputes occasionnelles, les discours adultes incompréhensibles aux yeux d’une adolescente qui continue son évolution dans un monde impitoyable envers ceux qui se montrent faible. Elle était forte. Elle aimait croire qu’elle était forte. Elle avait même envie d’y croire en pensait qu’elle aurait été capable d’accuser le choc de la nouvelle et de vivre sa vie. Mais si sa mère était encore en vie, aurait-elle eu l’idée de rechercher son père biologique ? Aurait-elle tout planter là pour partir sur les routes et retrouver un parfait inconnu ? Sky n’y avait tout simplement pas réfléchi. Certainement serait-elle restée chez elle, avec sa mère, dans cette vie si confortable qu’elle avait construite pour elle et son frère. Heurtée par la violence des souvenirs, elle secoua simplement la tête pour effacer la douleur et se remettre dans le moment présent. Avec cet homme, Raphaël Grimes, qu’elle devrait accepter au lieu de continuellement le repousser. N’était-il pas tout ce qu’il lui restait à présent ?

S’il avait été en colère, son père n’en laissa absolument rien paraître. Bien qu’il prétendait le contraire, il avait certaines similitudes avec son autre père. Comme lui, il avait cette façon de marcher près d’elle, prêt à se porter volontaire pour faire barrière de son corps pour la protéger. Comme lui, il avait cette façon de garder un œil sur elle pour tenter de percer ses pensées, découvrir ce qu’elle cache. Comme lui, il avait cette manière de vouloir le meilleur pour elle, sans se soucier de l’énerver en la contredisant car il savait qu’elle l’aimait tant que peu importait la tempête qui faisait rage, elle revenait toujours.

Alors qu’il relatait les évènements de sa famille, Skylar prit le temps d’observer ses traits à la dérobée. Qu’avait-elle de lui ? Sa chevelure rousse n’était pas un trait physique de la famille Grimes, bien qu’elle ne les connaissait pas tous. Il suffisait d’observer le brun foncé, quelque peu terne, des cheveux de son père pour le comprendre. Mais en parlant de sa famille, sans se rendre compte il avait ce sourire qu’elle reconnaissait bien. Elle le voyait parfois sur son visage lorsqu’elle s’apercevait dans le miroir en se souvenant que sa mère adorait la coiffer. Ce sourire nostalgique, emprunt de joie et de tristesse tout à la fois. Oui, elle pensait avoir le même sourire que son père et cela suffit à la faire sourire à son tour. Cette fossette, elle ne venait pas de nul part comme aimait lui rappeler sa famille. Certes, Mary ne possédait pas ce trait, et la famille Morgan se demandait parfois d’où venait cette mimique. Mary avait réellement bien caché son jeu. Si la famille Morgan ne savait rien des origines de cette petite fille rousse, son autre père devait les connaître et l’a certainement aidé à dissimuler les pistes.

Une famille brisée. Etait-ce là toute trace de cet avenir ? De la tristesse de tous les côtés ? Elle n’avait pas envie d’y songer. Mais possédait-elle la même couleur pour ses yeux ? Le soleil brillait, le vent s’en mêlait également et tout lui rendait une vision quelque peu approximative. Elle, elle possédait une légère touche de vert dans ces nuances de bruns. Raphaël avait-il la même couleur ? Les mêmes nuances ?

Elle sortit de sa rêverie brusquement, il voulait des informations sur Mary. Quoi de plus normal ? Elle ne lui avait finalement jamais rien dit de son existence … Skylar pinçait les lèvres, retardant le moment de répondre en prenant un peu de sa barbe à papa et en proposant par la suite à Raphaël. Le stratagème ne pouvant durer plus longtemps, elle hasarda quelques mots, « A moi, non. Je ne savais pas que papa … Enfin … Tu vois … Mais lui devait le savoir. Ils ont dû en parler. Vu que je porte son nom, je suppose qu’il a dû me reconnaître en toute connaissance de cause. Je suis désolée, si j’ai voulu te retrouver c’est justement pour avoir des réponses. Mais, finalement, cela soulève encore plus de questions. » Un air rêveur passa dans ses yeux, le temps de quelques secondes seulement mais ce fut assez pour la replonger dans le passé. Elle revoyait sa mère, tendre et heureuse, fière d’elle ou s’énervant face à ses bêtises. « Elle était heureuse je crois. Oh parfois il y avait bien ce regard qu’elle me lançait. En grandissant, j’ai vite compris qu’elle était ailleurs et qu’elle était dans un autre monde. Je pensais simplement qu’elle imaginait mon futur ou avec un mari et des enfants, savoir comment j’allais grandir. Mais à présent, tout semble si différent. J’aurais beaucoup aimé connaître le fond de sa pensée, car je ne pense pas qu’elle s’imaginait mon futur, mais peut-être une autre vie. Avec toi. » Elle tenta un petit sourire envers son père, marchant ensuite en regardant le sol sans connaître la destination.

« Tu crois qu’on se ressemble ? » Ajoute-t-elle en espérant ne pas retomber dans le silence. Curieusement, elle avait besoin d’entendre Raphaël parler. Cela la rassurait. « Je veux dire, est-ce qu’il y a quelqu’un de roux chez les Grimes ? Est-ce que quelqu’un à un peu de vert dans ses yeux ? Est-ce que … Est-ce que je ressemble à quelqu’un de ma famille ? »
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